Dévorée par l’angoisse

Forum angoisse, anxiété, stress, insomnie
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

Et pour conclure, le fait que mon copain me suggère de consulter, ça m’a blessé. Je pensais qu’il me savait forte, il faut dire que je gère beaucoup de choses seule, je suis organisée et jusqu’à il y a quelques mois j’y arrivais très bien.
J’ai toujours eu la tête sur les épaules, j’ai toujours été droite et en phase avec moi meme.
*** La tâche que vous vous êtes donnée pour " porter " les vôtres, suivie de celle de " porter " un enfant, enfin quelque chose A VOUS, POUR vous, me semble pourtant une " bonne organisation " en phase avec vous-même.
Ce qui l'est moins, c'est votre farouche certitude à croire que vous n'avez pas le droit de vous montrer authentique devant l'homme que vous aimez….
Heureusement qu'il est sensible et aimant.

Peut être qu’il faudrait que je demande à un médecin de me prescrire des somnifères ? J’ai du prendre des anxiolytiques au décès de mon père et je n’ai pas supporté (hallucinations bien traumatisantes) donc je préfère éviter.
Ou peut être deviendrais je une pro de la méditation allez savoir !
*** La méditation peut-être… mais il me semble que ce serait encore vous détacher de vos émotions alors qu'elles ont besoin " d'éclater " ! ( thérapie de groupe, ou psychothérapie individuelle )

Merci à vous pour vos conseils et votre patience, ce n’est probablement rien pour vous
*** 2 heures de mon temps par jour environ, avant ou après mes consultations, si, c'est beaucoup pour moi. Autant dans ce que je donne et ce que je reçois.
J'entends bien que vous parlez de ma pratique, rassurez-vous ! ( rire )
Bien à vous.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Lillylina
Messages : 4
Inscription : 18 juin 2018, 02:38

Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Lillylina »

Bonjour !

Merci beaucoup pour votre réponse.

J’ai bien analysé les étapes du deuil .. et je crois que ce n’est pas encore derrière moi... mais je pense aussi que « le plus dur » est derrière moi.

Ce qui m’a beaucoup bloquée c’est de voir ma famille avancer, et moi j’étais là, bêtement à nourrir mon chagrin. C’est comme si j’appréciais d’être malheureuse, que je me brisais volontairement le cœur .. peut être par peur d’oublier ce que mon père a été, parce que c’est vrai, j’ai peur d’oublier. On était dur tous les deux, on parlait peu de nous, de nos sentiments etc, mais il savait que je l’aimais et je savais qu’il m’aimait. J’ai eu de la chance d’avoir cet amour dans ma vie, je n’ai pas « tout » perdu.

C’est vrai en ce qui concerne la culpabilité. Je pense que ça, c’est derrière moi. J’y ai beaucoup réfléchis. Je ne m’appelle pas « cancer », et malheureusement c’est tombé sur mon père. J’ai retourné la situation de si nombreuses fois, mais face à la maladie parfois on ne peut rien. Mon père s’est battu jusqu’au bout, je n’ai jamais été en colère contre lui et je serais toujours fière d’être sa fille, je ne veux pas que mon moral empiète sur mes jolis souvenirs, je veux continuer de les apprécier.


Pour ce qui est de mon ami, il me connaît sûrement mieux que ma famille. Mais au fond en y pensant, est ce que je me connais moi même ? D’après mon ami, je suis « une bombe à retardement » je ne dis rien j’encaisse et il se dit que le jour où ça va exploser ça va faire pas mal de dégâts ... chose que je n’espère pas ! Je veux juste être « quelqu’un de bien »

J’ai 26 ans. Depuis toujours j’ai tendance à être mélancolique ... notre famille (très nombreuse) a été touchée par de nombreux décès (même des enfants). Dit comme ça on croirait que mon existence se résume à un deuil en continu haha quelle fatalité. (Évidemment nous avons de magnifiques moments de vie ! Ouf !)
Quand j’avais 8ans, ma mère a perdu son petit frère (accident de la route, 24 ans). C’était « LE » traumatisme dans la famille. L’année qui a suivi, elle a perdu son père, et mon père a du partir en déplacement à l’étranger pendant 4 mois. Ma mère prenait des médicaments, et j’étais quelque part « obligée » de veiller sur elle. Je pense que on côté protectrice ultra développé a commencé là.

Quand mon père était là, j’étais différente ... une petite princesse pourrie gâtée. Je sais que beaucoup m’enviaient. Je n’étais pour autant pas égoïste surtout avec mes cousins cousines. Quand j’ai perdu mon père, j’ai aussi perdu un amour très fort. Je me suis rapprochée de ma famille à qui voulait bien ma compagnie ....
Et ces horribles propos concernant ma grossesse imaginaire sont venus de leurs bouches .... une petite vengeance personnelle j’imagine. Vous savez, j’ai même eu droit à « c’est fini princesse, ton roi est mort » (oui ils sont vraiment nuls)
Je ne suis pourtant pas condescendante, je suis une fille simple, j’ai beaucoup d’humour mais aussi beaucoup de caractère .. ça passe ou ça casse. Pourtant je suis réellement digne de confiance. Ils sont perdants, pas moi ! (Quelle prétention haha)

C’est vrai que j’ai rendu beaucoup de services (prêt / don d’argent/ cadeaux / les déposer quand ils avaient besoin car pas de voiture etc) donc je n’ai pas compris leur acharnement. Apparemment je suis « une pétasse qui se la pete » mais je crois que c’est parce qu’un jour on m’a demandé ma carte bancaire et j’ai refusé (Ah, s’ils lisaient tout ça !). C’était bien l’une des rares fois où je n’ai pas rendu service. Mais j’estime que j’ai le droit de dire non. Je ne dois rien à personne, si ce n’est de m’efforcer d’être heureuse pour honorer mon père et rendre fière ma mère. Je pense comme une enfant sans doute, mais tant pis je grandirais a mon rythme.

Aussi, je n’ai jamais donné pour recevoir. Et je les ai bien gâté et je ne regrette vraiment pas ! Ça me fait plaisir de faire plaisir, leurs sourires, qu’on puisse partager des moments et se faire des souvenirs ... mais il s’est avéré qu’ils étaient tous hypocrites et attendaient impatiemment ma chute. J’ai coupé les ponts avec tous ces gens. Mon ami a été d’un grand soutien, parce que perdre une dizaine de membres de sa famille d’un coup c’est une sacrée épreuve.

Loin des yeux loin du cœur. Aujourd’hui ça ne me touche même plus. Ils inventent n’importe quoi à mon sujet mais je m’en fiche, ils doivent bien s’ennuyer pour s’abaisser à ça , ce n’est plus mon problème.

Cette idée de maternité a surpris tout le monde parce que ... allez soyons honnête, je n’avais jusque lors jamais vraiment apprécié les bébés et les enfants. Je n’avais aucune patience, je trouvais les plus jeunes vraiment chiants (je fais partie des aînés). J’étais aussi convaincue que je n’aurais jamais d’enfant parce que je me pensais dépourvue d’un quelconque instinct maternel. A 26 ans plus personne n’imaginait que je changerais d’avis.
Puis j’ai rencontré mon chéri, et allez savoir, j’ai eu un déclic ! Je compte reprendre le travail, acheter une jolie petite maison et si j’ai la chance que ma vie se déroule comme je l’imagine (j’ai peu d’espoir haha) j’aimerai que d’ici quelques années, nous créons notre propre petite famille ... ce désir est en moi mais ça vient de lui.

Il est vraiment génial c’est vrai, je m’en veux de lui faire subir mes états d’âme. J’ai confiance en lui, j’ai déjà craqué devant lui (dispute chez les cinglés) et j’ai réalisé que me voir pleurer, ça le mettait en colère (lui aussi doit avoir un problème, on s’est bien trouvé ma foi). Il n’accepte pas que je puisse être triste alors vous vous imaginez bien que je ne me vois pas laisser mon chagrin « sortir ». Il est très protecteur, il me rassure et ça me fait du bien. Il me dit souvent « arrête de jouer les dures t’es pas surhumaine » mais si je pleure, il a envie de tout casser il faudrait savoir !

Je vais essayer la méditation et lui proposer de se joindre à moi, ça ne peut que nous faire du bien et ce sera sympa de partager une nouvelle expérience.


Lorsque vous dites que mes émotions ont besoin « d’éclater » je vous avoue que je suis perplexe.
J’ai peur.
C’est comme si mes sentiments étaient « décuplés » (ça y est je suis vraiment dingue). Mes moments de joie sont juste parfaits ! Je savoure tellement les bons moments, je ne veux pas en perdre une miette. Des choses toutes simples, tenir la main de mon chéri en nous promenant, le rire de mon filleul, partager un repas en famille, sortir après la pluie profiter de l’air frais... je suis très très heureuse !
Et le chagrin est à égalité.
Je vais me relever, me taire et avancer mais j’aurais mal sans cesse et ça en deviendra insupportable alors que je n’ai plus envie d’être triste. Du coup je préfère me focaliser sur le positif et enfouir le négatif pour que ça ne fasse jamais surface. Dit comme ça je réalise que c’est sûrement malsain ...


C’est fou comme il est « facile » d’échanger avec vous ... je me surprends.
Seriez vous un ange gardien version 2.0 qui surfe sur la toile ? (Quelle drôle d’image haha)
Vous voyez, ce genre d’attitude, tendre une main à ceux qui en ont besoin, c’est ce que je veux être, moi aussi.
Je crois que je dois déborder d’amour parce que je n’attends vraiment aucune contrepartie. Je me dis que la vie a son lot de catastrophes alors si je peux aider à ma manière ... (cruella aurait donc un cœur? Ils avaient tous tort haha)

Merci infiniment pour vos réponses. Vous m’avez ouvert les yeux sur tant de choses en quelques heures .. des choses auxquelles je n’aurais jamais songé seule .. quelque part ça me pousse à avancer, je suis « rassurée » et j’ai envie de m’en sortir.

Je répète « merci », mais en réalité c’est bien plus fort .. vous avez ravivé en moi une petite lueur d’espoir .. et c’est déjà énorme.
J’envie vos proches de vous avoir dans leur vie, en tout cas, derrière mon écran, je vous trouve extraordinaire !

Je n’attends plus de réponse particulière, je n’abuserai pas davantage de votre temps, mais sachez que vous m’avez été d’une aide considérable et vous avez toute ma reconnaissance.

Passez une belle journée

Lillylina ♥️
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Dévorée par l’angoisse

Message par Dubreuil »

A bientôt de vos bonnes nouvelles...
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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