Je n'ai plus envie de parler

[Lapuce13000]

Bonsoir

Je me suis inscrite ici sans trop savoir pourquoi. En fait je n'ai plus envie. Plus envie de me lever, de travailler, de bouger, de voir des gens, de manger, et surtout je n'ai plus envie de parler.

[chinelle]

Bonsoir

Je me suis inscrite ici sans trop savoir pourquoi.

Bonjour Lapuce,
Si tu es là c'est qu'il y a une raison, non ? Qui cherche, trouve.

[Lapuce13000]

Je cherche le droit de partir, de quitter cette vie qui n'a plus de sens, ce monde ou je suis maintenant inutile, où je n'ai jamais eu vraiment ma place, ou personne ne s'interesse à ce que je fais ou pense, ce monde dont je peux m'abstraire pendant des jours entiers sans que quiconque ne s'inquiète d'avoir ou pas de mes nouvelles ... C'est facile pour les autres de dire qu'il faut s'accrocher, continuer, mais je n'ai plus envie et surtout aucune raison de le faire ...

[chinelle]

Pourquoi te sens-tu inutile ? Dis en plus si tu veux que l'on essaie de t'aider. Libéres-toi un peu.

[Lapuce13000]

Merci Chinelle, mais personne ne peut m'aider, ça ne pourrait venir que de moi, et ça n'a plus aucun intérêt. Je vois une psy qui m'a aidé à comprendre beaucoup de choses, je me rends simplement compte qu'il est trop tard maintenant, le temps passé et perdu ne reviendra plus, je n'ai pas eu le droit d'être enfant, adolescente, c'est trop tard maintenant, ce n'est pas à 50 ans qu'on construit une vie.

[chinelle]

J'en ai 53 et je te dis oui,c'est possible. Dis-m'en plus. Ne restes pas seule. Et oui, on peut t'aider.

[Lapuce13000]

Je n'ai plus envie de parler, j'ai raconté ma vie à une psy mais j'ai été muté avant d'arriver à la fin du traitement, puis à une autre qui a pris sa retraite, une troisième maintenant, ça ne changera rien. Je suis aux porte de la vieillesse, et je dois faire le deuil de l'enfant qu'on m'a interdit d'être, le deuil de l'adolescente qu'on m'a interdit d'être, parce qu'à 50 ans, on n'est plus ni une enfant ni une adolescente. Les hommes ne me regardaient déjà pas trop, maintenant ils ne me regardent plus. Mon fils vient de quitter la maison pour s'installer avec sa copine. Mon meilleur ami est parti vivre en Roumanie. Maintenant que les autres sont heureux, je n'ai plus rien à faire là. Il n'y a que quand je dors que tout va bien. Il paraît que dormir c'est mourir un peu, alors je vais dormir.

[nicole dubreuil]

C'est bizarre pour une puce d'aller dormir..
50 ans.. Il vous manque ce que vous espériez. Il reste en effet ce que vous en ferez.
En effet, de nos jours les psy ne sont pas fiables, et si en plus elles vous aident à comprendre des choses qui vous donnent envie de dormir, à quel " sein " se vouer !
Je vais me faire gentiment reconduire à la porte, mais.. nous avons des âges-charnière dans nos vies de femme. 50 ans en est un. Et il inaugure à la fois l'épanouissement et la liberté , mais aussi l'annonce de la ménopause avec pour certaines sa dépression réactionnelle, facilement corrigée par de simples examens médicaux et des oligo-éléments.
Ok, ok, je m'en vais..

[Lapuce13000]

Bonsoir

Je ne vais pas vous reconduire à la porte. La psy qui me suit actuellement me fait faire un travail beaucoup plus approfondi que les précédentes. Ma depression a commencé avant ma ménopose, le cumul des deux est lourd. Je dois faire le deuil de l'enfant et de l'adolescente qu'on m'a interdit d'être, parce qu'à 48 ans on est plus une enfant, on est plus une ado, et c'est tellement injuste de n'avoir pas eu droit à ces tranches de vie, d'en avoir souffert et d'en souffrir encore. Ce trop plein de liberté qui m'attend me fait peur. L'avenir me fait peur globalement d'ailleurs. Mais ça a commencé quand mon fils a commencé à prendre son indépendance. Une depression est liée à plusieurs problèmes, et ça en fait beaucoup à résoudre, je suis si fatiguée de ce combat permanent ... Je voulais juste une vie comme les autres. Je dors beaucoup quand je ne travaille pas, c'est le seul moyen qu'il me reste pour ne pas penser, pas pleurer. Quand je travaille ça va mieux, j'ai même des grands moments d'euphorie, qui finissent en larmes quand je me retrouve seule. Souvent je me sens double, une qui vis "normalement" et une qui juge celle qui vit "normalement" et son jugement est sévère et destructeur. Je voudrais revenir au moment ou je me suis retrouvée seule avec mon fils, pas le temps de penser ou de cogiter, foncer, toujours avancer, toujours faire au mieux, avec un but, en faire l'enfant heureux, l'adolescent heureux, bref tout ce qu'on m'a interdit d'être. J'ai atteint mon but. Mais je n'en ai plus d'autres maintenant. J'ai pas eu le droit, le temps, l'envie ou le besoin d'exister. On me l'a interdit, j'ai continué à vivre dans cet interdit. Mais la réalité est là, je vis et j'existe, mais je ne sais pas quoi faire de cette existence. La solitude aussi est difficile, je suis jumelle, j'étais deux avant de naître. Je ne sais pas ce que c'est vivre seule. Je ne sais pas par où commencer cette existence. J'ai l'impression que je viens de naître. C'est dur de naître à un âge aussi avancé. Je suis un peu beaucoup perdue en fait.

La puce va redormir. Merci de m'avoir repondu. Bonne nuit.

[nicole dubreuil]

Si vous venez de naître, il ne s'agit pas de mourir. Ce serait trop bête.
Si d'un coup vous vous sentez seule et vide, sans plus avoir envie de faire quelque chose, c'est un état normal, latent. Se " regarder vivre ", ou vivre pour " l'autre " ce n'est pas vivre pour soi.
Si vous êtes en thérapie, c'est aussi " l'entre-deux " qui ravive vos douleurs et d'avoir été " double " dans le ventre de la maman.
Si c'est " l'entre-deux ", c'est une phase inaugurale de la délivrance qui ne se fait jamais dans la sérénité, même si elle est ( inconsciemment ) attendue.
Vous apprendrez à restituer à chacun le poids de ses inconséquences.
Ne vous trompez pas de sommeil, ce que vous vivez n'est pas un désir de mort. Continuez l'introspection.. un désir surtout de mourir à ce qui a été.
Dormez et ressourcez-vous. Vous en avez besoin pour utiliser toute l'énergie et la colère que vous avez eu à vous détruire, pour l'employer maintenant à vous aimer et à VOUS VIVRE.
Bien à vous.