Je n'ai plus envie de parler

[alain69]

Lapuce,
J'ai aussi été un enfant rejetté...Ma mère ne voulait pas de moi...j'ai été "mis en route" alors que ça ne faisait que deux mois qu'elle venait d'accoucher... C'est sous l'influence de la famille qu'elle m'a gardé, contre ça volonté... Tout ça, je l'ai su vers 42 ans, pour avoir discuté avec ma mère après avoir fait une NDE (ou EMI)... Dans la première parti de cette expérience, on revoit toute sa vie et je suis remonté quelques jours avant de naitre... J'ai ressenti la souffrance de ma mère, cette souffrance parce qu'on ne lui laissait pas le choix, le droit d'avorter... Elle m'en avait fait voir pendant mon enfance mais après avoir vu cela et après avoir discuté avec elle, je lui ai complètement pardonné... Elle est parti il n'y a pas encore 2 ans mais pendant plusieur année, je suis devenu le fils le plus proche d'elle, celui qui l'a comprennait le mieux...Quand on allait se promener, elle cherchait toujours mon bras. Mes frères avaient du mal a comprendre son attitude...
Alors ta mère n'est plus là, et tu ne peux plus discuter avec elle, mais soit certaine qu'elle n'a pas eu le droit de chosir...Si tu regardes l'histoire de "poil de carotte", tu verras que c'est pareil...
Alors, il reste tellement à faire, combien de femmes actuellement dans le monde n'ont encore pas le droit de choisir?

Quand à la mort, ce n'est la mort que du corps, (et encore, chaques atomes qui nous constituent continuront d'être...) mais pas de l'esprit... Lors d'une NDE, l'expérience s'arrête et l'on revient dans son corps, alors on ne sait pas ce qu'il y a après...mais rien ne prouve que l'on ne revienne pas dans ce monde, tant que l'on aura pas compris pourquoi il est çi disharmonieux... d'où viennent toutes les souffrances...afin de ne plus en créer les causes...

A 50 et même plus, il y a encore beaucoup à faire, à comprendre, et retrouver de nouveau ami(e)s , et vivre les meilleurs moments de sa vie... Aller faire des super ballades dans des lieux manifiques, avec d'autres ami(e)s et tant d'autres choses qui laisseront de bons souvenirs...

[Lapuce13000]

Ma mère n'a certes pas eu le choix, mais n'a été influencée par personne.

Elle ne voulait pas de fille, et je suis jumelle, un accident pur et simple de la nature.

Crois tu que j'ai eu le choix ?

Je ne suis pas prête ni disposée à pardonner ni ma mère, ni mon père lorsqu'il est devenu la main du bourreau ... c'est à dire quand physiquement ma mère elle même ne pouvait plus me battre, mais que mon père le faisait pour elle et sans état d'âme.

Je ne pardonnerai pas non plus à ceux qui savait, voyait les marques de coups, entendaient mes cris, mais n'ont rien fait, comme je ne me pardonnerai pas non plus de m'être laissée faire, par peur certes, mais je ne me le pardonne pas malgré tout.

Je ne sais pas ce qu'est une NDE ou autre, je sais que j'ai vécu avec la peur au ventre très longtemps, au point de mettre mes bras devant moi pour me protéger quand quelqu'un faisait un mouvement trop rapide pour attraper un objet par exemple, sais-tu l'humiliation que cela peut représenter ?

Comment se faire des ami(e)s quand on vit dans la peur ... parce que oui, j'ai toujours peur ... manque de confiance en soi, manque de confiance aux autres, je ne sais plus, mais j'ai toujours peur ... et je n'ai rien demandé, surtout pas à venir au monde ...

Je veux bien faire mon chemin, mais comment ? et quel chemin prendre ?

Le labyrinthe de la vie n'est pas un parcours fléché, et comment choisir un chemin quand on a la peur au ventre ?

[Jeannette]

Ma mère n'a certes pas eu le choix, mais n'a été influencée par personne.

La mienne a été influencée. Par un psy qui a pensé qu'avoir des enfants aiderait mon père à sortir de la dépression qu'il faisait suite au décès de sa mère...
Cela a-t-il changé quelque chose ? Franchement, je ne pense pas.
J'aurais été là 1 ou 2 ans plus tard. Ni plus, ni moins. Il n'y a pas de hasard.

Elle ne voulait pas de fille, et je suis jumelle, un accident pur et simple de la nature.

Mais la vie elle-même n'est-elle pas un accident ? Et ce que l'on parle de la naissance de l'Univers suite à une simple instabilité qui a provoqué le big-bang, ou que l'on parle de ce petit quelque chose qui a donné la vie à des petits machins unicellulaires ? Ou de ce qui a donné une âme à ces gros machins qui sont devenus des hommes ?
Je me répète, il n'y a pas de hasard. Appelle cela comme tu veux. Mais il n'y a pas de hasard.

Je ne suis pas prête ni disposée à pardonner

Heureusement que tu ne pardonnes pas.
Pardonner, ce serait faire comme si rien ne s'était passé. Et pourtant cela s'est passé, et ils étaient coupables !
Pardonner, c'est ne plus rien ressentir. Mais ressentir, c'est la vie !

Par contre, peut être pourrais-tu exprimer ce que tu ressentais, et ce que tu ressens encore. C'est une des clefs du chemin pour se sentir mieux.

je sais que j'ai vécu avec la peur au ventre très longtemps, au point de mettre mes bras devant moi pour me protéger quand quelqu'un faisait un mouvement trop rapide pour attraper un objet par exemple, sais-tu l'humiliation que cela peut représenter ?

OUI !
Mais j'ai appris que la peur et la honte, un jour, peuvent être apprivoisés et chassés. Et ce jour là, tu vis.
Ce jour là est une naissance.
VIVRE ! Il n'y a rien de plus beau au monde.

Je veux bien faire mon chemin, mais comment ? et quel chemin prendre ?

Le chemin, c'est d'abord de savoir où l'on est. De regarder en arrière. De consoler la petite fille qui est en toi.
De lui donner l'occasion de crier très fort, maintenant, la douleur, la colère et la honte qu'elle n'a pas pu crier à l'époque.

Et je te promets que la petite fille aura l'impression de renaître, d'être libre, et qu'elle sera enfin libre de se faire des ami(e)s

J

[alain69]

Je connais bien ce reflex de croiser les bras devant le visage et de se recroqueviller pour protèger le ventre...

Ses souffrances font que tu as accumulé de la rancune, de la colère voir même de la haine et c'est dans cette rancune, ou colère, ou haine que sont conservé les peurs... C'est de cette rancune, ou colère ou haine qu'il faut que tu te libères...Moi, j'ai pu m'en libérer par la compréhention et le pardon mais si ce n'est pas possible pour toi, il faut que tu t'en libères d' une autre façon et il faut trouver celle qui te conviendra le mieux... Après, tu te sentiras libre et ce sera une nouvelle naissance...

Courage...

[Lapuce13000]

Ce que je ressentais, parfois j'en ai eu honte. Cela passait de l'humiliation, à la tristesse, à la haine, l'envie de mourir, l'injustice, la douleur morale, et la pire à mes yeux, l'envie de les voir mourir ... c'est celle qui me fait le plus honte ... Quand j'étais gosse, je m'inventais une autre vie avec d'autres parents, une vie plus belle, pleine de tendresse. Un jour, je me suis dit que la clinique avait du se tromper et que ce n'était pas mes parents. Mais non, ils ne s'étaient pas trompés. J'ai été anorexique aussi, même si personne ne le disait, sur les médicaments que l'on me donnait c'était écrit.

Aujourd'hui, ce que je ressens, c'est de l'injustice, de la douleur morale (on oublie la douleur des coups), et une grande déchirure. C'est l'injustice qui est la plus forte. Ma mère a passé tant d'années à me rabaisser, je n'ai jamais trouvé grâce à ses yeux.

Le combe, c'est qu'elle disait que j'étais tellement laide et grosse que je serais un remède contre l'amour. A 16 ans, j'ai été victime d'un accident de voiture, la ceinture de sécurité n'était pas réglée pour moi mais pour elle et il était interdit de la re-régler. J'ai croisé le pare-brise. J'en garde des marques à vies, aucune chirurgie esthétique n'auraient pu arranger ça d'après le chirurgien qui m'a soignée après l'accident.

Quoiqu'il se passe dans ma vie, j'ai toujours cette impression que quelque chose à un moment lui donnera raison.

Le seul moment où elle s'est vraiment trompée, c'est quand elle disait que je finirais pute sur un trottoir.

J'ai passé ma vie à chercher son amour sans jamais l'obtenir, jusqu'au jour de son décès ou j'ai compris que je ne l'aurais jamais. Depuis je le cherche auprès des autres, de n'importe quelle façon ... sans jamais le trouver vraiment non plus ou si peu de temps ... quand on aime trop les gens ils s'enfuient toujours. Quand on leur demande trop d'amour aussi.

Le seul qui reste là, c'est mon meilleur ami, mais je ne sais pas pourquoi. Il sait gérer la situation, et prendre ses distances quand je deviens trop "dépendante" ... Nous nous connaissons depuis 20 ans, et il est toujours là, mais je ne comprends toujours pas pourquoi. Nos vies sont à l'opposé l'une de l'autre, il est beau, il est intelligent, il est brillant, il a une femme et trois enfants, une vie de rêve ... une vie équilibrée ... Tout le contraire de moi ... Je me demande souvent pourquoi il perd son temps à se soucier de moi ... il dit que j'ai des "valeurs" importantes à ses yeux, mais moi je ne les vois pas ...

J'ai écrit une très longue lettre à ma mère ou j'ai posé toute ma haine et ma rancoeur, maintenant je me sens vide, et la petite fille pleure ... Je voudrais l'aider, mais je ne sais pas comment ...

[Jeannette]

Et si tu la laissais pleurer ? C'est peut être cela, l'aider.

J.

[Lapuce13000]

Oui Jeannette, je crois que tu as raison, et que c'est ce dont elle a besoin ...

[nicole dubreuil]

Où en êtes-vous ?

[Lapuce13000]

Bonsoir Nicole

Comme je l'ai écrit précedemment, j'ai rédigé une longue lettre à ma mère pour lui dire tout le mal qu'elle m'avait fait et que je lui en voulais, que je la detestais de m'avoir fait subir tout ce qu'elle m'a fait subir et de m'avoir détruite, et que je ne pardonnerai pas ni elle ni les autres.

J'ai écrit à la petite fille et à l'adolescente pour leur expliquer qu'elles n'étaient ni responsable, ni coupable, mais la petite fille pleure encore parfois.

Maintenant je me sens un peu "vide", comme livrée à moi même, sans trop savoir comment prendre ma vie en mains, par ou commencer, ou que faire ... C'est un peu comme si j'étais dans le néant ... abandonnée ...

J'ai remangé un peu, dimanche j'ai marché longtemps ... mais ça ne m'a pas aidé à y voir plus clair ...

Je suis toujours un peu perdue

[nicole dubreuil]

C'est parfait.
Le plus dur a été fait et le pire est passé.
Il est normal que vous vous sentiez vide, comme " lessivée ", livrée à vous même. C'est ainsi que l'on reprend sa vie en main. Et il faut du vide pour " le remplir " enfin de ce que nous sommes, de nos propres désirs, de notre propre vie.
Cela va venir tranquillement, ne vous formalisez pas si quelque fois le désespoir vous reprend un peu. C'est tout à fait normal.
Nous sommes là pour vous aider et vous accompagner.
Courage à vous, vous avez été très forte. Et maintenant vous aurez moins besoin de cette énergie psychique que vous avez sollicitée pour réagir. Vous vous sentirez bientôt de mieux en mieux, avec des sensations, des poussées de bien-être dans votre coeur.
Bien à vous.