Mourir

Forum dépression, déprime
Mélifri
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Inscription : 04 sept. 2017, 17:02

Mourir

Message par Mélifri »

Bonjour,

Je suis une étudiante de 20 ans, je viens sur ce site parce que je ne sais pas à qui parler.

C’était il y a 4 ans, j’avais 16 ans et j’étais un peu perdue. Mes parents étaient toujours en train de se disputer, mes camarades de classe se moquaient de moi, trop enfantin pour comprendre les poids de leurs mots.
C’est comme cela que j’ai connu celui qui allait me violer quelques mois plus tard. A l’époque j’écrivais sur « skyrock », par curiosité et par solitude je suis allé sur le chat, c’est là que je l’ai rencontré… avec le recul je dirais que la plupart de ces gens étaient malsains, et moi certainement trop naïve.
Il était plus âgé, 21 ans, salarié dans une boite de peugeot, il avait deux sœurs alors à ce moment-là j’ai encore moins compris comment pouvait-il ? Ferait-il subir ça à ses deux sœurs ?
Après avoir passé le début de la soirée à discuter, à faire connaissance, il voulait me voir, j’ai refusé, cet inconnu que je connaissais depuis peu.
Nous avons continué à parler tous les soirs de différentes choses, de sa vie, de la mienne, de nos ressentis, je prenais confiance, il me comprenait. Il n’était pas puéril comme les autres garçons de mon âge.
Puis deux semaines plus tard, il m’a demandé si on pouvait se voir. J’ai accepté, il est venu chez moi pendant que mes parents n’étaient pas là, on s’est installé en bas, on a bu un verre, discuter puis il est partit.

Finalement, on s’est revu quelques jours après, nous sommes allés au cinéma, le film supercondriaque vient de sortir. Tous se passe bien durant la séance, puis lorsqu’elle se termine, il me prend la main, me sourit et m’embrasse. Je suis restée pétrifiée, je ne m’y attendais pas, je ne ressens rien de particulier mais je me sentais seule et il était là.
Après cette journée, on se revoit de temps en temps, il toujours gentil et attentionné puis il me demande si on ne peut pas faire quelque chose de spécial, il me parle du lac à 30 minutes en voiture. Je me sens tout d’un coup retissant, une mauvaise sensation. Si j’avais su, je l’aurai écouté et je ne serai jamais monté dans sa voiture.
Le trajet se passe bien. Il se gare, on marche au bord du lac main dans la main, il n’y a que peu de monde, nous sommes en Avril, le temps n’attire pas la foule. On s’assoit quelques minutes sur un banc, il fume une cigarette et me parle de sa semaine.
On se remet à marcher, il m’emmène dans des chemins plus éloignés, plus escarpés. Nous marchons une petite dizaine de minutes puis il y a un petit band d’herbe. Il propose qu’on s’assoit quelques minutes, j’accepte.
Au bout de 5 minutes, il m’embrasse, je ne bronche pas. Puis il m’allonge dans l’herbe, se met sur moi, je proteste mais il commence à me caresser par-dessus mes vêtements, j’essaye de le repousser, je lui dis d’arrêter, il m’ignore et à ce moment-là je prends conscience qu’il ne s’arrêtera pas, je le repousse encore. Pendant un instant il est déséquilibré lorsque je le tape au niveau de l’abdomen. J’en profite pour me relever pour ensuite prendre la fuite. Je trébuche. Et là il m’attrape soudainement par le cheville, je tombe à même le sol. Ma tête heurte violement le sol. Mon nez explose et je perds connaissance. Mon violeur me traîne par les pieds, je suis « groggy », incapable de résister, mais je commence quand même à crier, à appeler au secours. Personne ne m’entend.

Je prends alors de grandes claques dans la figure, pour me faire taire. L’heure va être très longue, tout mon esprit est tendu vers le seul but de me sortir de là vivante. Il faut que je réfléchisse vite, que je prenne les bonnes décisions.
Encore sonnée par les coups, je tente de négocier, ce qui accroît la fureur de mon agresseur qui me frappe à nouveau et me mord le sexe, met ses doigts à l’intérieur de moi. Je tente de me relever, il projette ma tête contre le sol. Il m’enlève mes lunettes et les jette, je suis terrorisée car je ne vois plus rien.
Je lui parle de sa soeur, qui a le même âge que moi, je lui dis qu’il ne peut pas trahir ma confiance, que c’est trop grave, qu’il peut encore me laisser partir…
Je suis épuisée, je n’ai plus d’idées, et surtout j’ai peur.
Je le supplie alors d’au moins utiliser un préservatif, ce qu’il fera.
Je m’absente de cette pièce, il ne reste que mon enveloppe, je ne suis plus là, je n’existe plus, je ne sens pas son souffle, je n’entends pas sa voix, il ne m’arrive rien, je suis en mille morceaux.
Et pourtant chaque petit bout de moi crie que je dois m’en sortir vivante.
J’ai l’impression que ça dure des heures.
Ça fait mal.
Il se retire.
Je lui dis très calmement de me rendre mes lunettes et mes vêtements qu’il a éparpillés un peu partout.
Il dit qu’il va me raccompagner.
Je ne refuse pas de peur que cela le mette en colère et qu’il me frappe à nouveau.
Nous sortons du lac, la tête baissé, je le suis sans vraiment être là, c’est la fin de journée, je croise mon reflet dans une vitre de voiture, mon visage est tout sale, rouge. Les gens se baladent tranquillement. Personne ne s’arrête, comme personne n’a entendu mes cris.
Je suis en bouillie.
Ca me met en colère ces traces, ces marques, il n’avait pas le droit de laisser des empreintes que je peux voir, des empreintes qui disent que j’ai été violée.
Je rentre chez moi, un air vague sur le visage. Je prends une douche. Je m’allonge sur mon lit. Je ne pense pas. C’est plus simple. Je reprends une douche. Trois… Quatre… Fois par jour… Je me sens salle. J’ai honte.
J’ai hurlé à la mort, comme un animal, j’ai voulu disparaître, je me suis sentie brûler quand on me touchait; j’ai développé des TOCs, éteindre les lumières, me laver les mains, vérifier, tout vérifier, tout le temps, pleurant de rage parce que ça ne s’arrêtait pas et que j’y passais mes journées.
J’ai voulu disparaître.
J’ai voulu disparaître.
Ou alors qu’on ne me regarde plus.
Aujourd'hui tout est pareil, même des années plus tard, il est encore présent dans ma vie. J'ai parlé à une psychologue dans un cmp mais elle n'a jamais réussi à m'aider.
Cet été, j'ai voulu mourir si fort que je me suis coupée sur le poignet, le ventre... J'ai bu beaucoup d'alcool.. Aujourd'hui je suis perdue et seule...Je n'arrive pas à aller mieux qu'importe à quel point je le veux. Mon copain m'a quitté préférant son ex. C'est à peine si j'arrive à tenir la tête hors de l'eau.

Je ne sais même pas ce que je cherche sur site...
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19355
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Mourir

Message par Dubreuil »

Qu'est-ce qui se passe chez les personnes qui ont été violées ?
Chaque personne est différente. Pour certaines c'est un état de souffrance permanent, des comportements comme si l'événement allait se reproduire, des cauchemars, des phobies, le dégoût des sentiments et de la vie. Certaines peuvent occulter totalement le moment traumatique, et vivre comme si jamais rien ne s'était passé, mais avec des comportements auto-destructeurs, des mutilations, des troubles de l'attention et de la mémoire, l'impression d'être dissocié, de se regarder vivre. D'autres peuvent idéaliser leur agresseur, rechercher la dépendance, la soumission, faire partie d'une secte. Aussi des moments d'intense tristesse, ou des revendications délirantes, de la paranoïa, un grand défaitisme. Mais également une " jouissance pathologique " de se dire que l'on est victime, seule, incomprise et rejetée par tous.
Tout est à craindre, la personne peut porter atteinte à sa vie, ou devenir ingérable pour la société.
 
Mais chez les enfants, ça se voit comment quand ils sont victimes de viols ou d'inceste ?
chez le petit enfant il y a un changement brutal de comportement, il a peur de tout, il ne joue plus, il ne veut plus rester seul, il refuse d'aller à l'école, il a mal au ventre, à la tête, il dit qu'il veut vomir. En général il ne peut plus supporter d'aller aux toilettes, il devient soudain excessivement méticuleux, veut toujours se laver, refait les mêmes gestes, les mêmes dessins reproduisant de la violence. Il peut reprendre son pouce, se balancer sur lui-même, perdre son autonomie, régresser, comme vouloir être porté, avoir des troubles du langage, refaire pipi et caca dans la culotte... 
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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