Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

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Tatiana1897
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Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

Message par Tatiana1897 »

Bonjour, j'ai 27 ans, et suite à de nombreux évènements difficiles qui se sont passés ces 3 dernières années, j'ai commencé à éprouver une souffrance insupportable.
Depuis 7 mois-date qui correspond à un décès dans ma famille, j'ai des moments ( souvent le soir) ou je commence à me sentir bizarre et angoissée, et d'un seul coup, j'ai l'impression que je n'existe plus psychiquement, que je n'ai plus d'identité unifiée, que je ne suis plus qu'un ensemble d'émotions, de perceptions, de pensées aléatoires et décousues. Bref, que mon psychisme part en mille morceaux et que je n'existe plus en tant qu'unité, que je suis morte à l'intérieur et que je ne suis plus qu'une coquille vide sans personne qui dirige la barque. C'est dur à expliquer... C'est bien sûr extraordinairement angoissant, à s'en jeter par la fenêtre, pourtant il ne s'agit pas de crises d'angoisse puisque cela dure plusieurs heures-même si cette affreuse sensation s'estompe avec le xanax.

J'ai consulté plusieurs de psychiatres puisque je pensais faire des bouffées délirantes. D'après eux, non. Pourtant, je me sens vraiment, mais vraiment bizarre, ces derniers mois, je sens bien qu'il y a quelque chose... J'ai l'impression que je commence une psychose, et j'ai très peur d'être schizophrène, mais on me dit que non car je suis physiquement soignée et très cohérente. Pourtant, depuis 7 mois, je n'ai plus du tout de motivation, je souffre d'aboulie, je passe mes journées à ne rien faire, plus de projets ( car à quoi bon?), je remarque que les gens m'évitent, j'ai des angoisses obsessionnelles ( peur d'avoir fait quelque chose de grave sans m'en rendre compte). Je n'ai pas d'anhédonie, je ris autant que je pleure ( souvent, donc), je m'émeus devant de belles fleurs, devant un bon film, j'arrive à apprécier un bon roman, à étudier un peu, je m'exprime bien, je recherche la compagnie des autres-sans succès, etc... Mais plus aucune motivation. J'étais pourtant excellente élève, ultra ambitieuse, il y a encore 1 an de cela...

Aujourd'hui, je ne suis plus du tout fonctionnelle: vie affective et sociale vide, incapable de garder un travail, du mal à dormir, à manger, cela ne va vraiment pas.


Par contre, je souffre depuis plusieurs années d'un problème mental assimilé à une dépression chronique+ T.A.G ( fatigue extrême, émotions incontrolables,aucune estime de soi, sentiment d'incapacité totale, idées suicidaires récurrents, sentiment de vide chronique, troubles de l'identité, refuge dans l'imaginaire, pensées et angoisses obsessionnelles-pour combler le sentiment de vide, difficultés sociales très importantes, etc...) . Mais depuis 7 mois, c'est tout bonnement l'enfer.

Le souci avec mes angoisses, c'est que ça devient chronique: j'en ai perdu mon travail: je n'avais plus la notion du temps, les journées passaient sans que je ne m'en rende compte et d'un seul coup, paf, je me "réveillais" et me rendais compte qu'il était 23 heures et que je n'avais pas quitté mon lit, pas mangé de la journée! Bref, je me sens complètement déconnectée de la réalité. Je me sens fréquemment bizarre ( j'éprouve par moment un mal-être indéfinissable, sentiment de ne plus être moi-même, mêlé à une angoisse diffuse).

Tout cela ne me semble pas normal du tout, pourtant ma psychiatre a décrété que mon cas n'était pas urgent et m'a donné rendez-vous dans 1 mois. Or, je n'en peux plus, j'ai atrocement peur de développer une psychose. Or j'ai 2 masters, je me destinais à un travail intellectuel et j'ai peur qu'une telle maladie m'empêche de réaliser mon potentiel... J'ai peur des effets secondaires des traitements ( plus de libido, anhédonie, fatigue, ralentissement de la pensée, etc...)

Voilà, j'espère que mon message ne vous offusquera pas: j'ai confiance en les psychiatres que j'ai vu, seulement mon degré de souffrance est insupportable et la nature de ces angoisses m'inquiètent beaucoup.
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

Message par Dubreuil »

Selon la théorie la plus simple, l'anhédonie serait le résultat d'une baisse d'activité du système de récompense cérébral, notamment dopaminergique. L'anhédonie peut aussi être provoquée par des médicaments psychiatriques tels que les antipsychotiques.
*** Cette cause possible est souvent niée par les psychiatres.

Depuis 7 mois-date qui correspond à un décès dans ma famille,*
*** Qui est décédé ? Dans quelles circonstances ? Quels étaient vos liens affectifs avec cette personne.?

Pourtant, depuis 7 mois, je n'ai plus du tout de motivation, je souffre d'aboulie, je passe mes journées à ne rien faire, plus de projets ( car à quoi bon?)
*** Vous êtes en pleine phase de deuil. C'est une brèche ouverte où tout s'engouffre et vous déséquilibre. Vous avez l'impression de perdre la raison, parce qu'inconsciemment vous vous laissez mourir, et que la vie s'acharne à vous retenir.
En tout premier lieu, vos réactions amplifiées par votre état d'angoisse, continuent à alimenter un état de dépression réactionnelle. Tout laisse à penser que vous avez subi" un traumatisme psychique qui continue à agir faute de soins adaptés.
Les médicaments aident à supporter l'insupportable mais ne guérissent en aucun cas l'état émotionnel.
C'est par la parole qu'il faut libérer votre douleur.

Par contre, je souffre depuis plusieurs années d'un problème mental assimilé à une dépression chronique+ T.A.G ( fatigue extrême, émotions incontrôlables, aucune estime de soi, sentiment d'incapacité totale, idées suicidaires récurrents, sentiment de vide chronique, troubles de l'identité, refuge dans l'imaginaire, pensées et angoisses obsessionnelles-pour combler le sentiment de vide, difficultés sociales très importantes, etc...)
*** Ce "problème mental" est arrivé à quel âge ? Pourquoi ? Comment ?
A-t-il été soigné par médicaments, ou par une thérapie comportementale ?

Le souci avec mes angoisses, c'est que ça devient chronique: j'en ai perdu mon travail: je n'avais plus la notion du temps, les journées passaient sans que je ne m'en rende compte et d'un seul coup, paf, je me "réveillais" et me rendais compte qu'il était 23 heures et que je n'avais pas quitté mon lit, pas mangé de la journée! Bref, je me sens complètement déconnectée de la réalité. Je me sens fréquemment bizarre ( j'éprouve par moment un mal-être indéfinissable, sentiment de ne plus être moi-même, mêlé à une angoisse diffuse).
*** Déréalisation simplement dû à votre fatigue nerveuse, votre épuisement émotionnel et le manque de soins thérapeutiques adaptés.

Tout cela ne me semble pas normal du tout, pourtant ma psychiatre a décrété que mon cas n'était pas urgent et m'a donné rendez-vous dans 1 mois.
*** Changez de psychiatre, sans révéler que vous êtes suivie. Exposez vos symptômes au nouveau professionnel, en essayant d'être tranquille et sans parler de vos craintes de schizophrénie...c'est important d'avoir plusieurs avis.
Dans les moments d'angoisse, plus rien n'est réel. Notre psychisme flirte avec nos peurs archaïques et notre imaginaire. Ce n'est pas à ce moment là qu'il faut "s'auto-diagnostiquer" !

Or, je n'en peux plus, j'ai atrocement peur de développer une psychose.
****Ne devient pas psychotique qui veut ( et là au moins, vous ne souffririez plus !)

J'ai peur des effets secondaires des traitements ( plus de libido, anhédonie, fatigue, ralentissement de la pensée, etc...)
*** Ca c'est sûr ! C'est pour cela qu'il vous faut suivre une thérapie de groupe ou individuelle, faire un bilan sanguin (y compris hormonal) prendre du magnésium, et si besoin de la vitamine D, des oligo-élements, etc.. pas des pilules qui vous empoisonnent et vous donnent des symptômes supplémentaires !

Mon degré de souffrance est insupportable et la nature de ces angoisses m'inquiètent beaucoup.
*** La nature de ces angoisses ?
Votre désespoir, votre grand chagrin, votre deuil qui commence à peine et n'est pas pris en charge émotionnellement.
OU quelque chose qui vous a profondément choquée, heurtée, qui vous a déstabilisée.

Quels sont ces événements de 3 dernières années, et que s'est-il passé il y a 7 mois ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Tatiana1897
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Re: Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

Message par Tatiana1897 »

Merci pour votre réponse. Pour répondre à vos questions: les deux personnes décédées il y a 7 mois sont mon tout jeune beau-frère ( que j'ai vu au funérarium),dans un accident de voiture, et mon oncle ( que j'ai vu mourir à Noël d'une infection pulmonaire).

Concernant le reste des "chocs" reçus depuis 3 ans: j'ai été confinée seule en Espagne dans une toute petite surface, avec une mauvaise connexion internet,sans aucune interaction même virtuelle pendant 3 mois, puis jetée à la rue ( heureusement, j'ai vite été aidée, j'ai eu de la chance). Puis grosses galères professionnelles, malgré mes 2 masters, pas d'emplois à cause de la pandémie, donc je suis restée chez mes parents pendant 1 an et demi, en haute-montagne, dans un cadre certe magnifique mais extrêmement isolé.
Donc pas d'interactions sociales en présentiel pendant cette période à part mes parents. Mon père souffre d'une maladie des nerfs qui rend ses humeurs difficilement contrôlables. Insultes, reproches et cris constants ont donc été mon lot pendant cette période.

Ensuite, problèmes de santé: une double pyélonéphrite qui m'a laissé alitée 1 mois et demi, puis fibromes à répétition qui grossissaient si vite qu'on m'a préparée à envisager une ablation de l'utérus sur le long terme ( à 25 ans!!!). Il y a 7 mois, diagnostic d'une insuffisance ovarienne: on découvre par prise de sang que mes ovaires ont l'âge d'une femme de 40 ans et que je vais sans doute être ménopausée avant la trentaine. ( le résultat est arrivé le même jour que le décès de mon beau-frère).

Voilà, ajoutons à cela un vide affectif ( pas d'amis), une adolescence compliquée avec abus sexuel à 15 ans et ostracisme, un manque de perspectives professionnelles, des échecs à répétition ( raté 3 fois le permis à la sortie du confinement, incapable de me concentrer), une période épuisante l'été dernier, ou j'ai cumulé 2 emplois ( un comme serveuse, un comme femme de ménage dans une auberge pour me payer un lit dans un dortoir de 20 personnes en ville, car je n'en pouvais plus de solitude), et enfin plusieurs amitiés naissantes qui se sont terminées par un ghosting après un an (!!!).

Le reste de mes pbs mentaux ont débuté dans ma petite enfance: difficultés relationnelles très marqués, troubles de la concentration, troubles de la fonction executive, T.O.C et phobies d'impulsion, centres d'intérêt obsessionnels,fortes angoisses et terreurs nocturnes, anxiété sociale très marquée. Je n'ai jamais été vraiment suivie par un psychiatre avant Décembre dernier, mais j'ai été diagnostiquée tdah à 20 ans et on m'a dit aussi que je présentais des traits autistiques. J'ai fait une psychothérapie vers 25 ans, durant laquelle l'on m'a dit que je souffrais de T.A.G et de dépression masquée ( ce que m'avait aussi affirmé mon généraliste). J'ai eu un traitement à la ritaline à 21 ans qui avait très bien fonctionné sur mon trouble de la fonction executive et sur mes problèmes de concentration.

Concernant un traitement, je prends de la vitamine D, des omégas 3, du magnésium, je mange 5 fruits et légumes par jour et fait du sport, mais rien de change. J'ai des idées suicidaires récurrentes, en plus. J'ai essayé la sertraline, la paroxétine, tous deux mal supportés ( plus d'émotions, plus aucune libido, ce qui pour une jeune femme de 27 ans qui n'a encore jamais eu de copain, est problématique), bref, je me sentais complètement zombifiée et anhédonique ( ce qui ne m'est jamais arrivé sans traitement). J'ai du tout arrêté au bout d'une semaine. Je fais une TCC en parallèle mais rien, la psychologue a aussi dit qu'il me faudrait un traitement médicamenteux.Je me sens à bout...
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

Message par Dubreuil »

Est-ce que vous avez lu l'évidence dans mon post. Cause à effet.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Jusquiame
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Inscription : 23 janv. 2024, 21:54

Re: Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

Message par Jusquiame »

Bonjour Tatiana,

comment es-tu?

Je me reconnais par trop dans ce que tu décris, et cela est rare sur ce type de forum,


J'espère que tu ne souffres pas trop.

Je puis imaginer ta souffrance, en fait je la vis.




Tatiana1897 a écrit : 14 juin 2023, 21:21 Bonjour, j'ai 27 ans, et suite à de nombreux évènements difficiles qui se sont passés ces 3 dernières années, j'ai commencé à éprouver une
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19336
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Angoisses de néantisation: le signe d'une psychose?

Message par Dubreuil »

Ce n'est pas rare, si vous lisez bien, par exemple : "Urgent c'est le tournant de ma vie", vous comprendrez qu'il est porté aussi par une professionnelle qui fait son possible pour répondre à chacun le plus rapidement.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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