Déprime passagère ou dépression ?

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Hakan
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Déprime passagère ou dépression ?

Message par Hakan »

Bonsoir (ou bonjour selon l'heure à laquelle vous lisez ce message),
Je suis une jeune fille de 17 ans souffrant depuis plusieurs années de "coups de déprime" certainement liés à une crise d'adolescence, ou que sais-je... Après un avoir vécu un traumatisme à 11 ans (nous avons été harcelées avec ma mère par son ancien compagnon), j'ai été obligée de déménager (je l'ai très mal vécu) et depuis ces événements, j'alterne des périodes où je me sens "normale" et des périodes de déprime (avec mutilation, pensées suicidaires, baisse de confiance en moi). En général ça dure un ou deux mois puis tout redevient normal, donc je mets ça sur le dos de l'adolescence qui est une période de changements où l'on se cherche... Ça s'était arrêté pendant un an, je n'ai plus vécu d'épisodes de ce genre durant cette période. Mais depuis maintenant quatre mois, je recommence à me sentir mal, et c'est assez différent de ce que je vivais jusque-là. Je n'ai plus aucune volonté, je ne ressens plus grand chose hormis une sensation de vide, parfois de culpabilité ou de désespoir, comme si vivre était devenu trop dur et que j'avais jeté l'éponge. Je n'arrive pas à trouver de motivation pour quoique ce soit, même discuter avec mes amis est devenu barbant. Ça fait trois semaines que je ne bouge plus de mon lit, je mange beaucoup de sucreries et quasiment rien à table, je passe mon temps sur mon ordinateur et n'ai plus aucune vie sociale (déjà que je n'en avais pas beaucoup !)... Je suis aussi très souvent malade et j'ai de nombreux problèmes de santé (certes bénins mais assez embêtants, comme des tendinites, de l'eczéma, des maux de tête récurrents qui reviennent 3 à 4 fois par semaine). J'ai l'impression d'être seule mais à côté de ça je refuse systématiquement d'envisager de réclamer de l'aide, je n'arrive pas à confier mon mal-être à mes proches par peur d'être jugée. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils vont m'accuser de me lamenter sur mon triste sort, et j'ai horreur de me plaindre... C'est un peu comme si ce sentiment d'être au bord du gouffre était illégitime, comme si je n'avais pas le droit de le ressentir. Je m'en veux énormément et je me répète que ce n'est certainement qu'une comédie, que ça va passer, mais je me sens de plus en plus mal. Pourtant je n'ai aucune raison d'être comme ça, j'ai la chance d'avoir une vie sans trop d'encombres alors je ne devrais pas être malheureuse. Mais j'ai beau me marteler tout ça, rien n'y fait... Je ne me lève plus le matin pour aller en cours, je dis être malade pour justifier mes absences, je suis irritable et de plus en plus susceptible, je ne prends aucun plaisir dans mes activités favorites alors je les ai abandonnées (lecture, dessin, écriture, peinture), je passe mes journées en pyjama allongée dans mon lit... Et ça fait trois semaines que c'est comme ça. J'ai senti une baisse de moral qui a commencé en septembre, et depuis ça n'a fait qu'empirer lentement : aujourd'hui, voilà où j'en suis !
Et comme je l'ai déjà dit, je n'ose pas en parler à mes parents. J'ai peur de leur jugement, qu'ils ne me prennent pas au sérieux et me disent que c'est de la comédie... Et comme je suis mineure, je ne peux pas aller consulter de psychologue sans leur accord. Alors j'ai décidé de me tourner vers un forum d'aide en ligne pour savoir si ce n'est qu'une phase de déprime ou s'il y a des risques pour que ce soit une dépression... Je sais que rendre un diagnostic n'est probablement pas possible dans ces conditions mais j'ai besoin de conseils pour essayer de sortir de cette situation. Il faut que je trouve la motivation pour reprendre ma vie en main, je me laisse totalement aller et c'est de très mauvais augure étant donné que je passe le bac à la fin de l'année (et que depuis plusieurs semaines, je n'arrive plus à fournir le moindre effort pour travailler et me concentrer sur mes cours). Tout est sans saveur, envisager mon avenir est devenu difficile, il m'apparaît comme vide de sens et sans attrait... Enfin bref, j'espère trouver de l'aide et des personnes qui pourront m'y faire voir plus clair sur la situation, j'avoue être un peu perdue.

Voilà, merci pour votre patience et votre considération...
Luciole
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Luciole »

"Pourtant je n'ai aucune raison d'être comme ça, j'ai la chance d'avoir une vie sans trop d'encombres alors je ne devrais pas être malheureuse."
ça n'a rien à voir. On peut vivre une dépression même avec un toit, une famille, un travail, quelqu'un qu'on aime etc.
Je pense qu'il faut que tu en parles en vue de tout ce que tu as vécu et qui n'est pas anodin. Tu peux parler à un professionnel gratuitement en CMP pour adolescents ou planning familial.
Libre à toi de ne pas en parler à ta famille, tu n'es pas obligée, surtout si tu penses qu'ils vont te juger. Y a t-il dans tes connaissances quelqu'un qui, tu penses, ne te jugerait pas et dont tu as confiance, pour lui en parler ?
J'avais écrit quelques conseils, si ça peut t'aider :
Je rajouterai :
- comprendre que le mal-être et le manque de confiance en soi qui vous rabaissent constamment sont ce que vous "dit" la maladie, pas la réalité. En restant dans cette spirale infernale, au moins vous êtes habituée, vous la connaissez, vous préférez continuer ainsi puisque vous connaissez cette souffrance et pouvez survivre avec, alors que si vous essayez d'aller de l'avant, vous avez peur qu'il ne vous arrive que des malheurs et que cela soit pire que la souffrance que vous ressentez actuellement. Mais c'est ce que fait croire la maladie pour ne pas vous perdre. Car la maladie a autant peur que vous. Mais vous pouvez aller de l'avant, faire des changements, allez mieux petit à petit.
- essayer de changer sa façon de penser. "Je vais y arriver", "Je suis capable", "je suis belle", "c'est important pour moi donc je le fais", se reprendre en esprit dès qu'on se rabaisse "de toute façon je suis nulle... non j'ai été capable dans ma vie, ça peut continuer", "personne ne m'aime... je dois d'abord m'aimer moi, et je sais que ma famille/mes amies tiennent à moi donc ce n'est pas vrai dans le fond", etc.
- comme l'a dit Jeannette, faire un journal de bien-être, noter les petites choses qui vous ont fait sourire aujourd'hui : le rire d'un enfant, quelqu'un qui aidé un autre dans le métro, vous avez souri, on vous a fait un compliment etc.
- y aller petit pas par petit pas, pour commencer à marcher, après vous vous rendrez compte que vous avez fait un grand chemin et que c'est plus simple d'aller de l'avant. Comment par des petits objectifs : se lever du lit, faire un plat qui nous plait, lire un livre...
- promener, s'aérer le corps c'est aussi s'aérer l'esprit, chasser un peu de vos pensées sombres par le vent du dehors.
- observer, essayer de se concentrer sur autre chose, s'occuper : jardinage, ménage, confection, observer les gens dehors, s'inscrire à un club de sport qu'on aime bien/une activité/une association qui nous tient à coeur (aider les autres nous vient en aide, ça aide aussi pour combler le manque de confiance en soi, se rendre compte qu'on est tout aussi utile que les autres).
- tenir un journal, noter ses réactions, émotions, rêves... comprendre qui on est, couper les mauvaises herbes en nous pour retrouver notre jardin intérieur. Qu'aimions-nous, qu'est-ce qui nous faisait aller de l'avant, quelles sont nos passions... mieux se comprendre, commencer à aimer qui on est, essayer de se raccrocher à ses passions, pour les réaliser, les aimer de nouveaux et ainsi s'aimer soi-même, se donner un but dans la vie qui nous tiendra à coeur.
- ne pas craindre le jugement en appelant les lignes mis à votre disposition si vraiment vous n'en pouvez plus (https://www.sos-amitie.com, ligne d'écoute, des lignes anti suicide etc). Être écouté et rassuré vous fera du bien.
- comprendre que la maladie ce n'est PAS vous. Ce n'est pas la seule chose qui vous définie ! Vous êtes multitude. Découvrir ces multitudes (passions, ce que vous aimiez etc) pour vous retrouver et mieux combattre la maladie.
- avant tout, avoir un suivi grâce à un professionnel qui saura vous conseiller, vous écouter, vous épauler toutes les semaines/mois pour vous aider à aller de l'avant. Attention, tout ça sera possible si vous le souhaitez. Vous devez en avoir envie, pour vous ! Parce que vous êtes formidable et que vous serez capable de grandes choses, mais avant ça il faut vaincre de la maladie et beaucoup de gens sont là pour vous aider à franchir ce cap.
Hakan
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Hakan »

Tout d'abord, merci pour votre réponse et vos conseils.
Je sais qu'il faudrait que j'aille chercher de l'aide en CMP ou au planning familial, mais quelque chose me bloque, impossible de réussir à m'y résoudre... Visiblement c'est absurde, mais l'idée que je n'ai pas le droit d'être mal dans ma peau parce que ma situation est enviable est vraiment présente, et j'ai peur qu'on me dise que je ne suis qu'une enfant capricieuse qui cherche à attirer l'attention, que je n'ai aucune raison d'aller mal. J'ai le sentiment que cette déprime est illégitime, que je n'ai pas le "droit" de la ressentir, et par conséquent je ne parviens pas à en parler autrement que sous l'anonymat, parce que j'en ai honte. Rien que poster ici a été assez difficile, je culpabilise énormément de l'avoir fait et j'ai peur que quelqu'un de mon entourage le découvre... J'ai une relation avec une fille depuis deux ans (je suis lesbienne mais ça n'est plus une source de tracas comme ça a pu l'être par le passé) et elle a bien remarqué que quelque chose n'allait pas, mais malgré son insistance pour essayer de me faire avouer que je vais mal, je n'arrive pas à le reconnaître devant elle et j'essaie à tout prix de la détromper. Je ne sais pas si tout ceci est sensé, je pense que c'est absurde, et je ne comprends pas pourquoi je ne parviens pas à saisir la main qu'elle me tend, pourquoi je n'arrive pas à franchir le pas pour me faire réellement aider... Peut-être qu'au final, je me complais dans cette situation ? Parfois l'envie d'en sortir me prend (comme aujourd'hui), puis toute la motivation de faire des efforts pour trouver de l'aide disparaît le lendemain...

Et sinon, il n'y a personne à qui j'OSE en parler. Je fais confiance à ma copine citée plus haut, mais je n'arrive pas à vraiment me confier. Je reste dans l'auto-dérision, je la détrompe systématiquement, je lui dis que ça va passer et qu'il faut qu'elle arrête de se faire du souci... Et ce même si je sais qu'elle est consciente que je lui mens. Je n'arrive tout simplement pas à le reconnaître et à le prendre au sérieux...

Quant aux conseils que vous donnez dans votre citation, je vais faire de mon mieux pour les appliquer, mais j'ai peur de ne pas avoir la volonté nécessaire pour y parvenir (surtout pour ce qui est de s'occuper, de se promener et de s'intéresser au monde qui m'entoure). En ce moment je n'ai qu'une seule envie, c'est rester dans mon lit à me perdre sur Internet... Je me dis "Aujourd'hui il faut que j'emmène mon chien chez le véto, ça me fera sortir" puis au final, je n'ai pas la motivation suffisante pour m'habiller et y aller. C'est comme si ma volonté disparaissait à mesure que le moment de sortir approchait... Je finis par penser "À quoi bon ?" puis par abandonner l'idée. C'est pareil pour les cours, pour les révisions, parfois même pour les repas... Ce matin, j'étais décidée à retourner au lycée dès demain, et maintenant qu'on est le soir je commence à me résigner. Demain matin quand mon réveil sonnera, toute ma motivation aura disparu et je continuerai à dormir au lieu de me lever... Même scénario qu'hier, qu'avant-hier, etc. Je n'ai pas envie de bouger de chez moi, je n'y vois plus aucun intérêt et y penser me décourage. C'est tellement plus facile de rester à la maison à rien faire, je suis lasse de tous ces efforts inutiles qui ne mènent à rien... Me lever tous les matins, aller en cours pour n'écouter que d'une oreille distraite et me sentir à côté de la plaque toute la journée, rentrer le soir et faire mes devoirs ; c'est quasiment au-dessus de mes forces. J'aimerais pouvoir m'enterrer quelque part pour ne plus avoir à bouger, ou bien avoir la possibilité de disparaître sans que ça n'ait aucune conséquence. Je voudrais tout arrêter mais c'est impossible parce que je détruirais ma famille, et je ne veux faire de mal à personne...

En tout cas, ça fait du bien de coucher sur papier tout ce qu'on a sur le cœur, même si je sais que vous ne pouvez pas grand chose pour moi à part me conseiller d'aller consulter... Au moins je me sens un peu moins seule, merci pour votre réponse. Avoir le sentiment d'être écoutée sans être jugée, ça n'a pas de prix à mes yeux.
Patouche
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Patouche »

Bonjour Hakan,
Je suis très touchée par ton histoire, elle me rappelle beaucoup la mienne.

J'ai appris avec le temps: la dépression (ça y ressemble énormément)(et la déprime également) est toujours un symptôme d'un mal-être. Ton corps et ton coeur essaient de te transmettre un message, de te dire quelque chose, que tu n'arrives, pour le moment, pas à entendre. Ce n'est pas "pour le plaisir" qu'on déprime. Plus tu as des difficultés à "être bien", à vivre comme tu le voudrais, plus grande est ta souffrance intérieure. Et il n'y aucun élément "physique" qui justifie (ou non) une dépression. On constate: il y a dépresssion, donc il y a souffrance. Même (en fait d'ailleurs surtout) si tu en ignores la cause. Un des éléments les plus importants pour aller mieux, c'est justement réaliser qu'on a de très "bonne raisons" d'aller mal, même si elles nous semblent "raisonnablement" non valables, voire même qu'on n'en trouve aucune. Notre cerveau n'est pas nous. Il ne comprend pas tout. C'est un outil merveilleux, mais ce qui est au centre de nous, c'est notre coeur (au coeur de nous). Et ton coeur ne va pas bien, même si ton cerveau ne comprend pas pourquoi. Le cerveau ne peut pas tout comprendre. Ce sont tes émotions qui comptent.

La question n'est pas de savoir si tu as vécu des choses qui t'ont fait du mal, mais plutôt quelles sont les choses que tu as vécues qui t'ont fait du mal. Ton cerveau considère peut-être que ce sont des choses anciennes, que tu aurais du passer par dessus depuis, etc. Peu importe ce qu'il te dit. Ecoute tes émotions. En plus, le cerveau a cette capacité de nous faire oublier tout ce qui serait "dangereux" pour nous, il élimine donc le souvenir de certains faits, qui justement sont trop durs pour nous. Et ton coeur te demande aujourd'hui de l'écouter, non pas avec ton cerveau et ta compréhension (qui sont très efficaces par ailleurs), mais en ouvrant ton coeur, en accueillant tes émotions, en leur accordant une vraie place, une vraie existence, une vraie valeur.

En en parlant à personne, justement, tu "rassures" ton cerveau et ton mécanisme en te disant que ce n'est pas vraiment vrai, que ce n'est pas vraiment grave, que c'est probablement passager,ou de toute façon de ta "faute", car tu aurais fait quelque chose de faux ou de mal. Le fait même que tu aies tellement de mal à le montrer, à en parler confirme qu'il s'agit d'une réelle détresse intérieure. Ces mécanismes de protection, qui t'ont aidé à traverser des moments très difficiles pour toi, dans le passé, ne sont plus utiles aujourd'hui.

Ce qui m'interpelle le plus, dans ton histoire, c'est ... et que font donc tes parents ? Habites-tu avec eux ? Ne voient-il rien ? Te laissent-ils rester dans ton lit et ne pas manger ?

Oui, en effet, le plus important pour toi aujourd'hui, je crois, ce serait justement de pouvoir en parler, reconnaître que tu n'es pas aussi forte que tu voudrais être, ou que tu penses que tu devrais être (peut-être pour protéger ta mère ?), que tu es simplement un être humain, avec ses forces et ses fragilités. Alors si tu as un blocage, comment faire ? Je crois qu'il faut essayer d'être très créative et d'imaginer un moyen. Car peu importe à qui tu parles en premier, tes parents, une amie, un professionnel, voire même quelqu'un de complètement extérieur, un voisin, un cousin, une tante, le parent d'une amis, etc, peut-être que dès que tu auras pu en parler déjà un peu plus, que tes paroles seront accueillies avec beaucoup de bienveillance, à ce moment-là j'espère que tu t'autoriseras à ressentir tout ce que tu ressens, en l'accueillant simplement avec douceur et bienveillance. Tu pourras le partager simplement, sans jugement, et recevoir le soutien et l'écoute que souhaitent t'apporter plein de personnes.
Hakan
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Hakan »

Bonjour Partouche,

Je suis vraiment soulagée de voir qu'on me comprend et qu'on ne me juge pas, et j'ai le sentiment que ce que vous m'expliquez colle à ce que je vis. En revanche, je ne vois pas quelles sont les choses que j'ai vécues et qui m'ont fait du mal, mais je suppose que ça ne se devine pas simplement en se posant la question et qu'il faut du temps pour parvenir à mettre le doigt sur la cause de ce mal-être... Si j'applique vos conseils et que je réussis à en discuter avec une personne de confiance, y-a-t-il une chance pour que je trouve par moi-même ? Ou faut-il nécessairement passer par une thérapie, un suivi psychologique ?
Je pense pouvoir parvenir à en discuter sérieusement avec ma copine (que j'ai citée hier), comme elle sait déjà que je traverse une période difficile (elle est la seule à s'en être rendue compte). Mais j'ai peur de lui nuire, elle est très fragile (gravement malade) et elle a besoin que je la soutienne... Me savoir mal risque d'être destructeur pour elle, comme elle s'appuie beaucoup sur moi je m'en veux de devenir un tracas supplémentaire et de réclamer son soutien alors que c'est elle qui a le plus besoin d'être soutenue... En plus elle est plus jeune que moi (de 2 ans, bien qu'elle soit mature pour son âge), j'ai peur de lui en demander trop et qu'elle ne soit pas en mesure de m'aider. Mais me tourner vers un adulte est vraiment inenvisageable, je redoute beaucoup trop les jugements et il n'y a personne en qui je fais assez confiance...

Quant à mes parents, c'est assez compliqué. Ils sont divorcés depuis que je suis une très jeune enfant, mais je n'en ai jamais souffert. Ce sont plutôt les relations que ma mère a pu entretenir avec d'autres hommes qui ont été très difficiles à accepter lorsque j'étais jeune, elle a eu plusieurs compagnons et ça s'est toujours mal terminé. L'un était insultant dès qu'il commençait à boire, l'autre était d'une jalousie maladive, il n'a pas supporté sa séparation avec ma mère et a commencé à nous harceler (devanture de notre maison saccagée, intimidation, tentative d'intrusion en pleine nuit) alors on a déménagé pour vivre avec le nouveau compagnon de ma mère avec qui elle est toujours actuellement. Je m'entends bien avec lui et il est comme un père pour moi, malgré quelques petites escarmouches. On est parties assez loin de l'endroit où je vivais avant, donc brusque changement de collège au beau milieu de l'année, j'ai à peine eu le temps de dire au revoir à mes amis d'enfance et j'ai mis un temps fou à me remettre de cette séparation. J'étais très mal intégrée dans ma nouvelle classe et je regrettais énormément mon ancienne vie. Aujourd'hui ça va mieux de ce côté-là, mais mes parents n'ont jamais remarqué quand je souffrais. Il faut dire que j'intériorise beaucoup mes sentiments, et les seuls moments où je me laisse aller c'est quand je suis seule, alors ce n'est pas de leur faute... Ils font de leur mieux, j'en suis sûre.
Actuellement, ma mère et mon beau-père sont à l'étranger (ça fait deux semaines) et je ne les ai vus que brièvement (quelques heures) à Noël, alors ils n'ont pas pu se rendre compte que je n'étais pas dans mon assiette (ils le remarquent rarement). Et même quand ils ont l'air de se rendre compte de quelque chose, ils font comme si de rien n'était... Alors je ne peux pas m'empêcher de penser que s'ils ne disent rien, c'est que ça ne doit pas valoir la peine de s'inquiéter.
Quant à mon père et à ma belle-mère, je n'attends rien d'eux. Je vis en garde alternée et j'ai passé les deux semaines des vacances là-bas (comme ma mère et mon beau-père son partis à l'étranger), mais ils me laissent vivre comme je l'entends et ne se soucient pas de moi. Je peux passer mes journées en pyjama, sauter trois repas de suite, ne pas prendre de douche pendant deux jours, ne pas sortir de la semaine, ils s'en fichent complètement et ça m'arrange de n'avoir aucune contrainte... Il faut dire qu'il n'y a aucune vie familiale chez eux. Ma belle-mère est invivable, passe son temps à dormir, à pleurer ou à crier, alors mon père fait tout ce qu'il peut pour être le moins souvent à la maison. Il n'est pas là du week-end (toujours fourré à la pétanque), la semaine il travaille et quand il rentre assez tôt, direction la pétanque. Les rares fois où il est à la maison, c'est pour manger le soir (et encore, seulement en semaine, le week-end il s'évapore). Du coup il ne s'intéresse pas vraiment à moi et ma belle-mère non plus, mais je ne peux pas leur en vouloir puisqu'ils ont l'air mal dans leur peau, tous les deux. Il faudrait déjà qu'ils soient bien avec eux-mêmes pour pouvoir m'aider, ce serait égoïste de leur infliger ma propre souffrance alors qu'ils sont déjà dans une situation délicate... Et cette semaine je suis enfin rentrée chez ma mère, mais je suis seule avec l'une de ses amies comme elle est toujours en vacances avec mon beau-père. Son amie croit que j'ai une gastro (c'est ce que je lui ai dit) donc elle ne s'offusque pas du fait que je ne vais pas en cours. Quand ma mère rentrera enfin, je serai contrainte de reprendre un train de vie normal parce qu'elle ne me laissera pas passer mes journées à la maison, mais rien que cette idée me fait monter les larmes aux yeux. Je n'en peux vraiment plus, j'aimerais faire une grosse pause, ça devient vraiment difficile de faire tous ces efforts pour vivre sans en retirer aucun plaisir... J'ai l'impression que je n'arriverai plus jamais à faire quelque chose de bien, quelque chose qui m'intéressera ou me procurera de la satisfaction. Et c'est terrible parce que je sais que ma mère place beaucoup d'espoirs en moi, je sais que je vais la décevoir, la blesser, elle qui a toujours tout fait pour que je sois heureuse... Elle ne mérite pas que sa fille se transforme en loque, elle a toujours pourvu à mes besoins et m'a offert une vie vraiment idéale, je me sens tellement ingrate de souffrir malgré ses efforts...
Patouche
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Patouche »

A te lire, j'en ai les larmes aux yeux. Tu t'inquiètes tellement pour les autres, c'est vraiment touchant. Et tu ne te rends pas compte de tout ce que tu portes ...
Toute personne bienveillante qui lit ce que tu viens d'écrire te dira qu'il y a dans ton texte tous les éléments pour expliquer ton mal-être. Tu n'en as pas conscience. Tu pourrais trouver toi-même, peut-être. Mais pour le voir, il faudrait que tu arrives à changer de regard sur toi, sur ta vie, sur tes parents, sur ton environnement.

Il faudrait que tu puisses continuer à être aussi généreuse envers les autres, mais aussi le devenir envers toi-même.
Une thérapie permet de le faire beaucoup plus facilement, car c'est un regard extérieur. Tu est toi si loyale à ta famille, si dévouée, que tu as l'impression qu'il est normal de sacrifier ton bien-être, sous prétexte que les autres ont leurs soucis. Tu es très mature aussi, et extrêmement responsable, comme ne semblent pas tellement l'être les adultes de ton entourage. Tu t'inquiètes pour eux, alors que ce sont eux qui devraient s'inquiéter pour toi. Un parent devrait pouvoir gérer de son côté ses soucis et être là pour aider son enfant à traverser les siens, en s'inquiétant en premier lieu du bien-être de son enfant. Tu est très seule et tu portes énormément.

Je crois qu'il faudrait que tu commences à réclamer, gentiment et fermement, qu'on s'inquiète pour toi. Tout ce que vous avez traversé, tout ce qui vous est arrivé, t'a beaucoup plus touchée que tu ne le souhaiterais. Tu as eu la force de jouer un rôle de grande fille, d'être très raisonnable, d'accepter tout ce que tu as traversé. Mais ton coeur aimerait vraiment que toute cette tristesse soit entendue, que tout le courage que tu as soit reconnu.
Hakan
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Hakan »

Patouche a écrit :.
Toute personne bienveillante qui lit ce que tu viens d'écrire te dira qu'il y a dans ton texte tous les éléments pour expliquer ton mal-être. Tu n'en as pas conscience. Tu pourrais trouver toi-même, peut-être. Mais pour le voir, il faudrait que tu arrives à changer de regard sur toi, sur ta vie, sur tes parents, sur ton environnement.
J'ai du mal à me dire que c'est à cause de ma situation actuelle que je ne vais pas bien, parce qu'au final je ne manque de rien... Certes il y a quelques bémols, mais les choses ont toujours été ainsi, pourquoi est-ce que d'un seul coup ça me rendrait malheureuse ? Est-ce que ce sont vraiment des raisons suffisantes pour justifier ma déprime ? C'est dingue, j'en reviens toujours au même point malgré tous les efforts que je fais pour essayer de me convaincre que ce que je ressens est légitime. J'ai l'impression de tourner en rond, d'avancer un peu pour finir par me rétracter...
Comment réussir à changer de regard ?
Patouche a écrit : Une thérapie permet de le faire beaucoup plus facilement, car c'est un regard extérieur.
Il faudrait que je me tourne vers quel type de spécialiste ? Psychologue, psychanalyste, psychiatre, psychothérapeute ? Je vais envisager d'en parler à ma mère, elle est très ouverte en ce qui concerne les suivis psychologiques, étant elle-même psychothérapeute. Mais elle risque de me poser des questions (pourquoi ?), et je n'ai vraiment pas envie de parler de tout ça avec elle, ça me mettrait terriblement mal à l'aise.
Patouche a écrit :Tu t'inquiètes pour eux, alors que ce sont eux qui devraient s'inquiéter pour toi. Un parent devrait pouvoir gérer de son côté ses soucis et être là pour aider son enfant à traverser les siens, en s'inquiétant en premier lieu du bien-être de son enfant. Tu est très seule et tu portes énormément.

Je crois qu'il faudrait que tu commences à réclamer, gentiment et fermement, qu'on s'inquiète pour toi. Tout ce que vous avez traversé, tout ce qui vous est arrivé, t'a beaucoup plus touchée que tu ne le souhaiterais.
Ma mère m'a déjà proposé de suivre une thérapie par le passé et à plusieurs reprises (notamment à la mort de mon grand-père ou à cause d'un TOC qui a pris racine quand j'avais 11 - 12 ans), elle se soucie quand même de moi (contrairement à mon père). C'est juste que ces derniers temps, elle n'a pas remarqué que je n'allais pas très bien, et je ne peux pas lui en vouloir vu qu'elle n'était pas là pour le constater...
Quant à mon père, il s'inquiète rarement pour moi (il doit avoir ses raisons, vivre avec ma belle-mère n'est pas un cadeau alors il doit sûrement être bien assez occupé avec ça). Je me suis résignée et je me comporte assez mal avec lui, je ne lui parle quasiment pas, je suis irascible et je l'ignore la plupart du temps... Pourtant il ne mérite pas ça, même s'il ne se soucie pas trop de mes états d'âme, au fond c'est quelqu'un de gentil qui n'a rien fait de mal. Je me dis que c'est normal qu'il soit indifférent si je me comporte comme ça avec lui, mais j'ai une sorte de rancœur et d'amertume inexplicables envers lui. C'est totalement infondé, mais c'est plus fort que moi... Donc après je ne peux pas me plaindre que les gens ne se soucient pas de moi, si je suis désagréable avec eux, c'est normal. Je n'ai que ce que je mérite...

J'ai vraiment l'impression de juger durement mes parents et d'être ingrate avec eux, c'est impossible pour moi de leur reprocher quoique ce soit. Ils n'y sont pour rien, c'est de ma faute si je suis déprimée et je ne peux pas leur en vouloir de ne pas le remarquer... Ils ont leurs raisons, leurs soucis, c'est égoïste de leur demander de les mettre de côté pour se concentrer sur moi. Je comprends très bien qu'ils aient des choses plus importantes à s'occuper, la petite déprime de leur fille pourrie-gâtée doit vraiment être le cadet de leurs soucis. Réclamer leur attention me donnerait l'impression d'être une enfant qui fait un caprice pour se rendre intéressante...
Patouche
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Patouche »

Hakan a écrit :c'est de ma faute si je suis déprimée
Ce n'est de la "faute" de personne, ni la vôtre, ni celle de vos parents. La question n'est pas de leur reprocher quoi que ce soit, ni d'être ingrat, simplement constater que vous avez un manque affectif, bien plus grand que celui que votre raison ne vous accorde.

Mon psy aime dire: il faut être égoïste, à 50%

L'idée n'est pas d'exiger que vos parents ne s'occupe que de vous, mais plus, qu'ils vous entendent et vous donnent une place plus grande, parce que vous en avez, vous aussi, besoin en ce moment. L'un n'empêche pas l'autre, vous n'allez pas leur interdire de s'occuper d'eux, aussi.

Vous pouvez dire à votre mère que vous souhaitez faire une thérapie parce que vous avez des soucis, mais que vous préférez ne pas lui en parler, pour le moment. Votre mère étant thérapeute, elle pourra comprendre qu'il y a des choses que vous préférez ne pas partager avec elle, en ce moment.

La dépression peut venir d'un cumul d'émotions, elle n'est pas forcément consécutive à un évènement donné. Elle peut venir plus tard, et sembler ne pas être associée à quelque chose en particulier. Elle reste toujours le symptôme d'une détresse intérieure, qui souhaite s'exprimer, et être entendue. Personne ne peut juger si elle est "juste", si il y a de "bonnes raisons". On constate, et on écoute.
Hakan
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Hakan »

Je comprends... Bon alors je vais essayer de parler de thérapie à ma mère, mais pour ce qui est de demander à mes parents de m'accorder plus d'attention, j'en serai incapable. Un suivi psychologique m'y aidera certainement, il ne me reste plus qu'à trouver le courage nécessaire pour aborder le sujet.

Quoiqu'il en soit, merci beaucoup pour avoir été une oreille attentive, et merci pour vos conseils. En parler et écouter des avis extérieurs m'a beaucoup aidée, maintenant il faut que je "finisse le travail" par moi-même... Je vous suis très reconnaissante, merci du fond du cœur.
Patouche
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Re: Déprime passagère ou dépression ?

Message par Patouche »

Oui, prend bien soin de toi, c'est ton plus grand "devoir". Pour tes parents, c'est important aussi que toi tu sois aussi vraiment heureuse. Cacher une dépression, ça ne marche jamais bien longtemps.

J'ai l'impression que tu devrais aussi travailler sur ta relation avec ton père. C'est bien de comprendre ses soucis, mais il est adulte. Il a choisi d'être avec cette femme, et choisit de continuer avec elle. Et il est tout à fait libre de ses choix. Mais si son choix implique qu'il néglige son rôle de père, c'est qu'il n'assume pas son choix. Et consécutivement, il est inévitable que cette relation te manque. On n'a pas à juger son choix, mais en constater les conséquences pour toi. Il ne faut pas lui demander de quitter cette femme, mais ce serait bien qu'il réalise simplement que, pour toi, une (bonne) relation te manque. Ce n'est pas blanc ou noir, accepter ce qui est tel quel ou tout rejeter. L'idée c'est de voir ce qui va bien, ce qui manque, ce qui serait à améliorer. Et pour tout changement relationnel, ça marche si les deux parties sont partie prenante.
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