Dépression vacances

[kayan92]

Bonjour à tous, je m'appelle Edouard
j'ai 13 ans et 14 dans quelques mois. Depuis tout petit on peut dire que je fais les choses très en avance.
Je me sens bisexuel depuis bientot 1 an et demi, et je suis une psy pour ça (mes parents ne le savaient pas, je leur disais que c'était pour ma phobie des guêpes).
Déjà je me sentais pas très bien, quand mes parents parlaient de l'hétérosexualité et tout le bazar, enfin bref.
J' ai changé d'école cette année, et j'ai passé la plus merveilleuse année de collège de toute ma vie^^.
Mais voilà au début des vacances, j'ai perdu mon chat de 20 ans. Je la connaissais depuis tout petit et elle comptais chère à mes yeux. J'ai donc déjà été beaucoup attristé par cet évènement.
Il était ensuite temps de partir en colonie de vacances avec ma petite amie, j'étais très angoissé à l'idée qu'il se passe quelque chose pendant que je n'étais pas là. Mais malheureusement le 3eme jour de la colo elle m'a largué...
et ça ma fait un sacré choc pour vous dire. Je me suis sentit perdu comme si ma vie n'avait plus de sens mais je pourrais vous écrire un roman là dessus donc pas la peine de trop en parler. Mais j'ai oublié de vous dire que j'avais avoué à ma mère ma bisexualité une semaine avant la colonie.
Pour rentrer dans mon problème je suis complètement perdu à l'idée de rester bisexuel même si cela ne me dérange pas foncièrement. Ce que je veux dire c'est qu'à chaque fois que mon père parle d'hétéro ou homosexualité je me sens plus que mal à l'aise, j'ai des nausées, et sur le coup il m'arrive d'avoir envie de mettre fin à mes jours. Donc je me noie dans les jeux de rôle en ligne pour me calmer et je me tue les yeux... Je me sens comme foutu, comme si j'avais mis mon adolescence en l'air. J'ai aussi regardé un dvd du père Denis Sonet, mais visiblement il ne m'a pas assez rassuré...
Que faire pour me rassurer et stopper une dépression de vacances ???
(PS: je vois une psy dans une semaine mais je pouvais pas attendre ça devenait trop dur)
Merci d'avance. Edouard

[Dubreuil Nicole]

Je n'ai pas très bien compris :
Est-ce que vous n'acceptez pas votre bi-sexualité ?
Ou alors est-ce que vous l'acceptez, mais que cela vous dégoûte que quand votre père en parle ?

Nicole Dubreuil. Psychologue Clinicienne

[kayan92]

Eh bien disons que ça ne me dégoute pas, mais je ressens comme une sensation de mal etre quand on en parle, je ne veux rien lui dire, parce qu'il mettrait des moyens en oeuvres pour vérifier mes propos (scan ordinateur et tout) il y trouverai des choses qui ne lui plairaient surement pas. Mais je pense que c'est amoncellement d'évènements tragiques me démoralisent complètement.

[Dubreuil Nicole]

Votre sexualité ne regarde absolument pas votre père.
Vous pouvez lui en parler SI VOUS SEUL le désirez.
Sinon vous êtes libre de vos pensées et de votre corps
C'est normal d'être gêné quand on aborde des questions sexuelles et intimes avec ses parents.
Et c'est malsain de le faire.
Cela renvoie inconsciemment à des fantasmes oedipiens refoulés.

[kayan92]

Euh j'ai pas bien saisi le sens de votre dernière phrase, mais pour tout vous dire il m'arrive aussi quand je suis seul de penser à ça et de perdre toute réactivité.. Quans vous avez dis qu'aborder le sujet c'est malsain, on aborde pas vraiment le sujet c'est juste que dans certains films à des moments très "chauds" je peux me sentir mal à l'aise.
Et puis je ressens comme un attrait vers mes amis qui me pousse à m'éloigner de mes parents, entre autre ils m'arrive que subitement je ne veuille pas les voir. J'ai vraiment peur que ma situation n'évolue pas car j'ai l'impression de devenir fou...

[Dubreuil Nicole]

Bon, ce soir je n'ai plus le temps de vous expliquer, mais demain, promis je vous écris longuement avec des mots simples pour que vous compreniez que tout ce qui se passe chez vous est normal.
A demain.
Et ne devient pas fou qui veut ! Cela ne nous saute pas dessus comme les puces !l faut beaucoup, beaucoup d'autres choses qui se soient passées " avant " pour le devenir !
Bonne soirée.

[kayan92]

D'accord merci beaucoup

[Dubreuil Nicole]

A nous deux Edouard !
Ce que vous allez lire peut vous surprendre, mais cela a fait ses preuves et la psychologie est basée entre autre sur ces principes. Si vous ne comprenez pas quelque chose, dites-le moi et je vous expliquerai d'une autre façon.

Le petit enfant vit dépendant de son entourage et reçoit l'éducation des parents, comme il a besoin d'eux et qu'il n'est pas en capacité de se débrouiller tout seul et d'avoir déjà un mode de réflexion élaboré, il ne met pas en doute les principes qui lui sont inculqués. Il mange ce qu'on lui donne et croit ce qu'on lui dit.
Cependant, s'il est maltraité, abandonné, ou qu'il lui arrive un ou plusieurs drames, même dans le ventre de la maman, et/ou après dans sa petite vie, et même s'il ne se souvient plus de ce qui s'est passé, le traumatisme laissera une trace dans sa mémoire intérieure que l'on appelle : l'inconscient.
On pense ainsi, qu'à l'âge de 3 ans le petit de l'homme possède en lui tout ce qui constituera sa personnalité à l'âge adulte.
Il porte déjà en lui, de par ce qu'il a déjà vécu ou subi de douloureux et d'injuste, les prémices d'éventuels troubles graves du comportement.
A l'adolescence son corps se transforme, et son mode de pensée aussi. Il veut à ce moment là penser par lui-même et devenir indépendant. Une éducation ayant jusque là tenu compte de ses propres besoins et désirs, tout en le protégeant juste ce qu'il fallait, de l'affection et le respect de ce qu'il disait, ressentait, et de ce qu'il était, va faire qu'il va passer cette adolescence sans trop de problèmes. Par contre, une enfance difficile avec des parents trop sevères ou au contraire trop laxistes, ou enore trop protecteurs ou affolés, va peser sur l'estime et la confience en soi de l'enfant, et ensuite quand il sera adolescent, et après adulte.
Dans l'adolescence, la remise en cause de que sont les parents, de ce qu'ils ont eu comme éducation, va être totalement remis en cause et c'est normal.
L'adolescent doit en effet décider ( même s'il ne se rend pas compte que c'est cela qui se passe ) s'il suivra ou pas l'exemple qu'on lui a donné, et si ce qu'il a reçu de ses parents est utile pour lui. Il va en quelque sorte réfléchir pour savoir s'il a été suffisamment compris, entouré et aimé, pour suivre la voie tracée, ou bien, si ce qu'il a reçu n'a pas été la bonne réponse à ses propres attentes et besoins.

[Dubreuil Nicole]

Avant de prendre en considération l'ensemble des choses qui ont elles-même influencé ses propres parents dans l'éducation qu'il lui ont donné, il va d'abord se poser en victime sans souci de vérité ou de remise en cause personnelle !
Tout est nul, on ne le comprend pas, ses parents sont des.. etc..etc..
Il s'opposera aux interdictions contraignantes, il critiquera les membres de la familles les parents, la vie qu'il mènent, ce qu'ils font, ce qu'ils mangent, ce qu'ils disent, et, etc..
Ce n'est qu'après seulement, vers 18/20 ans ( en principe !! ) qu'il commencera à relativiser, à comprendre, à accepter, et bien sûr plus tard, à pardonner.
Dans le même temps la sexualité va se réveiller.
Elle avait déjà fait son apparition, à sa façon, entre 2 et 6 ans, puis s'était un peu endormie.
Vers 2 ou 3 ans, ( même si la plupart d'entre nous ne nous en rappelons pas ), le petit garçon veut remplacer le père et vivre avec la mère.
Il voudrait bien prendre sa place à celui-là, et qu'il disparaisse. D'abord parce qu'il commande et ensuite parce qu'il fait un barrage entre le petit garçon et la maman et qu'il voudrait bien l'avoir rien qu'à lui.
A ce moment là il a des idées de rivalité, même de meurtre : C'est quand qu'il va mourir papa pour que je prenne sa place !
Bref, cet homme est un intrus et il doit disparaitre !
Mais comme il est très fort physiquement et que si le petit garçon insiste il sait qu'il ne gagnera pas, il se calme assez vite et prend le parti de faire " copain " avec le père, plutôt que de l'avoir en ennemi. Et il lâche son désir d'avoir la maman pour lui.
C'est ce que l'on appelle le complexe d'Oedipe. ( légende )
Sauf que c'est tout de même un moment terrible ou l'enfant se rend compte qu'il ne pas pas avoir tout ce qu'il veut dans la vie. Et qu'à tout jamais il doit faire le fait deuil de son premier amour : sa maman. C'est donc le premier chagrin d'amour du garçon.
Même histoire pour la petite fille qui voudrait bien envoyer sa maman au diable et prendre le papa comme mari et avoir comme maman un Bébé avec lui ! Là aussi, elle aussi doit faire le deuil cruel. C'est le premier chagrin d'amour de la petite fille.
Et on pense toujours à son premier amour. Et sans le vouloir ou le savoir, on compare souvent les autres amours avec le premier..

[Dubreuil Nicole]

C'est là que va intervenir un début d'explication pour votre gêne envers le père.
Je continuera cette explication dès que j'aurai un peu de temps aujourd'hui.
A plus.