Mia455 a écrit : ↑22 mai 2020, 18:25
J'aimerai mieux le comprendre et savoir comment l'aider [...] vaut-il mieux être dans l'écoute de ces inquiétudes et de ces ruminations, quand elles sont tres négatives et qu'elles deviennent pesantes ou mieux vaut-il y couper court car rien ne sert de les nourrir? Comment lui apporter un soutien ? Y'a t'il des méthodes au quotidien qui fonctionnerait pour calmer son mental (méditation,...?) car cela semble entraîner une grande souffrance et de la fatigue pour lui
Je m'interroge également sur le fait d'être en couple avec un névrosé obsessionnel très conscient et lucide sur son état donc et suivi par un thérapeute.
Avez vous des témoignages de couples heureux/équilibré dans cette configuration ?
Bonjour,
Je suis moi-même diagnostiquée névrosée obsessionnelle, je ne suis pas psychologue mais peux partager ici un point de vue direct de ce qu'il est possible de mettre en place face à des personnes qui souffrent de cette forme de névrose.
Tout d'abord, j'ai lu l'entièreté du sujet et certains messages m'ont frappé du fait de leur justesse. Nous ne sommes pas des monstres, toutefois nous avons d'énormes failles quant à notre image personnelle (ce qui englobe beaucoup de choses dans le quotidien, si ce n'est "tout", d'ailleurs) ainsi qu'à la sphère sociale-relationnelle. Jusqu'ici, je ne vous appends rien. Mais j'ai personnellement trouvé utile de lire les témoignages de personnes vivant avec des individu-e-s souffrant de ce dont je souffre.
Nous sommes lucides de nos troubles, souvent tellement qu'ils pèsent sur nos épaules (culpabilité, haine de soi, mépris général, agressivité, tristesse béante, peurs multiples dont abandonnisme etc) et ici je parlerai en mon nom seulement, en espérant que cela puisse aiguiller quelques-un-e-s d'entre vous.
Lorsque j'entre dans cette "crise" d'hyper mentalisation, de ruminations obsessionnelles et que je l'exprime à voix haute, j'ai beaucoup de mal à me canaliser, à ne pas amplifier ce que je ressens et pense au plus profond, il y a comme une vague de haine et de colère prête à tout ravager, sans que ma raison ne puisse intervenir. Il s'agit d'une expression émotionnelle que je qualifie personnellement de pulsionnelle, bien que, à l'intérieur, je sais que je devrais stopper mon flux de paroles, mais ça me dépasse tellement que je perds prise...
Très justement comme cela a été stipulé à plusieurs reprises sur le topic ; le refoulement, la retenue ainsi que l'expulsion sont très présents dans notre manière d'être en générale.
Il y a une chose à maintenir à l'esprit lors de ces épisodes : l'individu-e en face de vous perd pieds et se débat autant que faire se peu dans un puits dans lequel il-elle s'est jeté-e en toute conscience des conséquences, mais ce "saut" est incontrôlable. Celle-ux qui sont en face doivent à tout prix se dire et se répéter que cette haine n'est aucunement dirigée contre elles-ux, qu'elle n'est que l'expression maladroite de maux enfouis depuis trop longtemps, un automatisme pathologique qui ne demande qu'à se transformer.
Ce qui m'aide personnellement, et que j'ai mis en place avec mon partenaire (avec qui j'entretiens une relation depuis 2 ans désormais), c'est qu'il m'écoute, sans me contredire sur l'instant de la crise (afin que je ne me braque pas contre lui en plus de me braquer moi-même contre le monde à l'instant de la crise), qu'il exprime son point de vue de manière posée et objective, en tenant une certaine distance avec moi (comme cela peut avoir lieu en face d'un-e psy en thérapie, cette distance émotionnelle instaurée est salvatrice, si bien pour le-la partenaire, que pour la relation et le-la névrosé-e obsessionnel-le).
La méditation peut aider, mais je pense que l'hypnose ou la sophrologie peuvent être de plus grande aide. Puisque nous ruminons sans cesse, de manière obsessive et donc incontrôlable, être guidé-e-s pour parvenir à un état de conscience modifié peut rendre plus aisé l'exercice. Sans guide, on risque d'être confronté-e-s à nos songes et ne pas savoir comment gérer la chose. (J'ai commencé par l'hypnose, ce qui m'a permis une rencontre avec moi-même plus intime, une conscience de moi plus ample et ouverte, j'ai poursuivi par de la sophrologie et ayant été très réceptive à force d'entraînement personnel, je me suis enfin mise à la méditation.)
Je pense aussi qu'il est important de nous faire des piqûres de rappel : "tu as le droit à l'amour" "tu as le droit à l'orgasme" "tu as le droit à la tendresse" "tu as le droit de respirer, te détendre" etc... Toutes ces verbalisations positives, si elles semblent inefficaces voire même complètement vaines sur l'instant, répétées dans le quotidien par des personnes qui nous sont proches, favorise la prise de conscience que nous pouvons évoluer, que nous pouvons nous autoriser à la "normalité" malgré nos mécanismes pathologiques.
Enfin, et là encore je parle véritablement en mon nom : lorsque les mots dépassent nos pensées, et qu'ils vous percutent, je trouve nécessaire que l'autre nous rappelle les limites à ne pas dépasser, parfois une simple phrase peut suffire pour nous ramener à la raison "ne dépasse pas des limites que tu regretterais d'avoir franchie" "tu as le droit à l'expression, et moi, j'ai le droit au respect lors de ton écoute".
Quoi qu'il en soit, prendre conscience de soi, toujours davantage, permet à la/au névrosé-e obsessionnel-le de prendre la responsabilité de soi et de "réparer" ce qui a été cassé dans la petite enfance (ou plus tardivement). Mais chacun-e son rythme... Certain-e-s prendront des années, quand pour d'autres ce sera plus rapide.
Il faut simplement ne pas s'oublier sur la balance, et ne pas laisser les insécurités ainsi que les problèmes (troubles, failles, névroses, pathologies...) des autres nous ronger jusqu'à la moelle. il faut savoir s'affirmer et dire stop lorsque trop de limites ont été dépassées.
Beaucoup de courage, aussi bien pour l'entourage que les concerné-e-s.