Aimer un homme souffrant de névrose obsessionnelle

[Dubreuil]

Bonjour,
Dans ces conditions, je suis alors extrêmement étonnée que ma réponse courtoise à votre endroit ait disparu de l'espace public. Elle aurait pu permettre à certains ou certaines de rebondir, ou pas....
Cordialement.

Simplement parce que cette réponse ME concernait et n'avait ( à mon sens ) aucun intérêt pour " aider " quiconque n'ayant pas le goût de la polémique..

[Dubreuil]

Bonsoir,
Vous n'avez pas pu lire de réponse virulente de ma part, puisque ma réponse a été effacée.Et elle n'était pas virulente.

Mais elle a été lue, rassurez-vous.

[Jeannette]

Si si Ilumife, je l'ai lu, elle a été effacé aprés voila tout.

idem
mais je n'avais pas vu l'intérêt d'y répondre.

[llumife]

Jolie aiguille, déclara t-il d'une voix badine. Doit pas être facile d'escalader dans conditions."
Il se tourna vers Ellana.
-J'aimerais me tromper, mais quelque chose me souffle que ce n'est pas un hasard si tu m'as emmené jusqu'ici. Qu'est-ce que tu fais?
Elle s'était agenouillée pour ouvrir son sac.
-Fixe ces crampons sous tes semelles, lui demanda-t-elle, et enfile tes doigts dans ces anneaux. Tu les as déjà utilisés, tu sais à quoi ils servent.
Puis elle se redressa, une chaîne d'acier à la main.
-Et quand tu auras fini, tu me tendras tes poignets.
-Pour quoi faire?
-Pour que je les attache
-Tu veux m'attacher les poignets?
-Oui, et les chevilles aussi.
-Tu plaisantes?
Ellana lui décocha un regard impénétrable.
-Non
[...]
-Ca t'amuse vraiment de m'imposer ce calvaire? Je trouve que...
La chaîne qui liait ses chevilles se coinça dans une fissure du rocher et Salim se sentit basculer en arrière. Il se rattrapa de justesse en crochetant un prise, poussa un juron lorsqu'un maillon d'acier heurta sa pommette, se dégagea d'un mouvement sec, assura son équilibre, reprit sa progression...
Les entraves que lui avait imposées Ellana, outre qu'elles pesaient lourd et gênaient son ascension en contrariant ses mouvements, perturbaient sa stabilité mentale.
Il était perdu.
-Tu pourrais répondre, non? S’emporta-t-il. S'éreinter à suivre un entraînement impitoyable censé t'offrir la liberté pour voir cette même liberté mutilée par un caprice. Dis quelque chose, bon sang!
Accroupie sur une vire minuscule, trois mètres au-dessus de lui, Ellana demeura silencieuse. Aurait-elle voulu parler, le flot d'émotions qui se bousculaient en elle l'en aurait empêché.
Jamais elle n'avait éprouvé à ce point le sentiment d'être à la fois maître et élève, Jilano et Ellana, Ellana et Salim. Elle en éprouvait un étrange vertige, proche de l'exultation.
En enseignant, elle avait progressé, en conduisant Salim vers l'endroit où il s'envolerait, elle comprenait.
-Étés-vous là? murmura-t-elle?
Le vent caressa sa joue.
Ils grimpaient depuis une heure et le vide, sous leurs pieds, était devenu étourdissant.
La paroi n'offrait que de rares endroits où se reposer et la glace transformait l'ascension, déjà périlleuse, en défi de chaque instant.
Salim jeta un regard noir à Ellana. Il était épuisé et elle ne lui accordait toujours aucune attention. Elle s'élevait devant lui sans s'inquiéter qu'il risque sa vie à chaque mètre péniblement gagné sur la montagne, si distante qu'il sentit une vague de rage l'envahir.
Il glissa, enraya sa chute en plantant ses crampons de métal dans la glace, serra les mâchoires quand les maillons de la chaîne mordirent ses poignets jusqu'au sang, attendit que ses jambes cessent de flageoler pour se décaler vers la droite, saisit une prise, tira sur ses bras...
La rage revint. Plus forte.
-Je suis marchombre! hurla-t-il. Je me fiche de tes chaînes et de tes épreuves. Je me fiche de tomber. Je suis marchombre! Tu entends, Ellana?
Je suis marchombre!
Comme si les mots avaient drainé sa colère et nettoyé son cœur, il s'apaisa soudain, tandis qu'une certitude se mettait à pulser en lui.
Il était marchombre, libre ou enchaîné.
Parce que la liberté n'avait rien à voir avec un état physique. Parce que la voie vivait en lui. Parce que rien ni personne ne pourrait l'empêcher d'y progresser.
Il leva les yeux vers Ellana.
Elle avait fiché ses griffes dans une plaque de glace, coincé le bout de ses pieds dans une minuscule fissure.
Elle le regardait.
Si présente qu'il faillit s'étouffer dans l'élan de gratitude qui propulsa son âme vers elle. Elle qui l'avait choisi, guidé, éclairé. Elle qui, en l'enchaînant, avait achevé de le transformer en homme libre.
-Je suis marchombre, lui dit-il sans savoir qu'il avait vraiment prononcé ces mots.
-Je sais, lui répondit-elle en silence.
Salim et Ellana grimpèrent encore deux heures.
Deux heures de souffrance pour Salim, épuisé, entravé par des chaînes de plus en plus lourdes et par les difficultés que la montagne se plaisait à placer devant lui.
Deux heures de souffrance pour Ellana qui progressait à ses côtés, si proche de lui qu'elle ressentait ce qu'il ressentait.
Deux heures de bonheur pour l'un et pour l'autre. De plénitude.
Puis Salim saisit une ultime prise, tira sur ses bras et se retrouva couché dans la neige. Il avait atteint le sommet.
Il s'assit péniblement, se leva, regarda autour de lui.
Où qu'il tournât les yeux, il n'y avait que le ciel.
Infini et lumineux.
Il se tint immobile avant de tressaillir lorsqu' Ellana défit ses chaînes.
-Tu es libre, lui annonça- t-elle en les jetant au loin.
-Merci, ça fait du...
Il se tut.
Reprit dans un souffle:
- Qu'est-ce que ça veut dire, tu es libre?
-Ton apprentissage est achevé. Ce qui te reste à apprendre, tu devras l'apprendre seul.
-Je...je...
Il ferma les yeux, les rouvrit.
-Je....Tu...
La gorge nouée par l'émotion Ellana le regardait se débattre pour ne pas perdre pied. Elle avait mené ce même combat, au même endroit et elle s'en rappelait l'âpreté.
Elle se souvenait du vide qui s'était ouvert devant elle lorsque Jilano l'avait libérée de ses chaînes.
Un vide terrible.
Vertigineux.
Effrayant.
Indispensable.
Il n'y a pas d'envol sans vide.
Elle s'était effondrée en larmes dans les bras de Jilano. Salim éclata de rire.
Un rire immense et tourbillonnant. Vie et exaltation. Bras levés au-dessus de la tête, il tournoya un instant avant de se laisser tomber à genoux dans la neige.
Avant de presser son visage contre les jambes d'Ellana.
De se mettre à pleurer.

-Que vais-je faire?
-Ce que tu voudras
-Où vais-je aller?
-Où tu voudras
-Je ne sais pas si je suis prêt...
-Tu es prêt
Salim déglutit avec difficulté
-Quand nous séparons-nous? Chuchota-t-il
-Il y a deux réponses à cette question. Comme à toutes les questions. Celle du savant et celle du poète. Laquelle souhaites-tu entendre en premier?
-Je...Celle du savant.
-Nous nous séparons maintenant. Tu vas descendre d'un côté de la montagne, moi de l'autre, et si nos routes, je l'espère, se croiseront souvent, elles n'en formeront plus jamais une seule.
Salim attendit d'être certain que sa voix ne se briserait pas pour reprendre:
-Et la réponse du poète?
-Rien ne peut séparer un maître et son élève. Rien. Ni la vie ni la mort.
Un souffle de vent, pareil à une caresse, s'enroula autour d'elle pour murmurer son accord à l'éternité.
Tiré de "Le pacte des marchombres", de Pierre BOTERO

Je concluerai donc à mon propre questionnement en m'inspirant de Salim"je suis vivante et libre".J'ai encore en moi la trace des chaînes longtemps portées, mais je sais désormais que nul ne sait à ma place, ne souffre à ma place et ne sait ce qui est bon pour moi à ma place. Etre libre c'est assumer mes choix et leurs conséquences. Etre libre c'est au début avoir le sentiment que l'on va s'écraser dans le vide, pour se rendre compte ensuite que non, l'on parvient à planer ,à se stabiliser puis à se diriger surs les chemins de la Vie.
J'ai Ma réponse à Ma question: je ne souhaite plus souffrir ni être victime en quelque lieu que ce soit. La seule chose qui M'importe est VIVRE HEUREUSE, débarrassée des répétitions des traumatismes passés.
Ce forum m'a brièvement fait vivre une ultime répétition. Merci à celles qui m'ont aidé à franchir la dernière marche de l'escalier.

[Jeannette]

Ellana a toujours la même puissance
Bienvenue parmi les marchombres. Libre de soi et libre de l'autre.

[Dubreuil]

autre extrait " Le chant du dément " :
(..) Ils sont debout dans le silence. Autour et devant eux, au dessus de leurs têtes, la nuit immense et des nuages lents, le mistral qui ébouriffe les palmiers, fait hésiter les papiers. Et derrière eux, la dune, le sable blanc, le mer et son éternel balancement.
Il dit :
- Ce soir je te porte mon âme comme une excuse, vous m'avez regardé plus loin que moi et mon coeur a éclaté.
Elle le regarde. Il a de cette heure au visage la griffure essentielle.
Il dit encore :
- Mais si vous m'aimez à des années lumière de moi, que je vous aime à de nuits d'oubli de vous, si mes dénuements sont souvent à la limite de l'excessif, aimez-moi tel que je suis, ne me changez pas, j'ai tant besoin de moi aujourd'hui.

[llumife]

Votre texte, puisque c' est le votre, n'est-ce pas, est beau, pur, mais aimer l'autre à des lumières de soi, être aimé à des années d'oubli, accepter de ne pas le changer, l'accepter tel qu'il est, dans une relation d'amour ouverte demande une abnégation totale, une ouverture et un amour inconditionnels, une solidité psychique à toute épreuve. J'ai essayé, longtemps, de l'aimer tel qu'il était.Il me l'a demandé tellement de fois, mais nos mondes sont si éloignés que mon sourire finit par se noyer dans sa tristesse.Aucun amour ne mérite que l'on s'y noie. Je garde pour l'enfant qu'il a été une infinie tendresse, une compassion profonde pour ses peurs, ses angoisses, ses maux d'être.J'accepte ses différences, mais ne puis, et en cela ce forum m'a été utile, me laisser aller mal de son mal être, ni le laisser me maltraiter. L'amour ne détruit pas. Il est bonheur et liberté, complicité et tendresse, mais sûrement pas mots qui heurtent et égratignent.
Aimer c'est certes accepter l'autre tel qu'il est, mais cela ne signifie pas pour autant tout accepter.Il a besoin, bien sûr, d'être lui aujourd'hui, mais son lui et mon moi appartiennent à des planètes différentes, et nous n'avons pas pour l'instant le langage et les gestes pour nous comprendre, puisque ma tendresse lui fait peur et que mes mots ne le touchent pas, même lorsqu'ils sont poèmes.Je ne suis pas parvenue à trouver la porte d'entrée de son monde, et sa cartographie m'est territoire inconnu.
Je ne puis basculer dans son monde, et le mien lui fait bien trop peur.
J'ai parfois, dans de fugitifs moments d'abandon perçu son âme et ses blessures, mais les portes de ses abîmes se sont refermées, me laissant seule et sans nouvelles.
Je ne puis désormais que penser à lui avec tendresse, en espérant qu'un jour peut-être quelque chose en lui s'apaisera, s'il arrive à ressentir cette confiance en lui et en l'autre qui seule peut ouvrir les espaces du lâcher prise et de l'amour.
Je crains juste que cela ne soit dans une autre vie....

[Lacroixe]

Bonsoir. Je suis l'amante d'un homme souffrant de névroses obsessionnelles à tendance compulsifs.
Il y a bien certains symptômes que vous décrivez comme étant vrai.
Simplement, le névrosé connais son état et particulièrement sa maladie, tous les symptômes qui l'accompagnent même si parfois il en nie certains...
Il fera une étude introspective de vous même. Tentera de devoir décider pour vous même.
Il se nourrira de votre joie de vivre et de vitre entrain, il puisera dans votre vivacité...
Et du jour au lendemain, vous dira qu'il n'est plus sûr de rien. En fait si, sûr d'une chose, c'est qu'il a raison et que les choses ne peuvent êtres autrement que de la façon dont lui même les conçoit. Dans ces moments là, il est plein de peur et de doutes de toute part. Incapable de se projetter. Donc tout est pour lui voué à l'échec, puisque sa vie tout entière n'est qu'un échec...
Difficile d'avoir une relation avec lui.
Moi aussi je l'aime.
Il s'est marié sous l'obligation de ses parents car il avait mis sa copine enceinte.
Il craint encore ses parents et son enfance n'a pas été des plus douce en contradiction avec le train de vie plus que raisonnable de ses parents.

Cordialement.

[blondino]

il n'y en fait que deux personnes qui répondent sur ce forum---