Relation toxique avec mon père. Dois-je lui redonner une 3ème chance alors qu'il est atteint d'un cancer?

[trèfle à 3 feuilles]

Bonjour.

J'ignore si ce site pourra m'aider, mais au point où j'en suis je n'ai rien à perdre. Il y a bien longtemps que je n'ai pas consulté un psychologue, et la raison était tout autre, même si au fond tout se rejoignait. Mais là je vous embrouille alors je vais essayer d'en rester à mon problème actuel.

Mon père est un homme de nature coléreuse, violant à la fois physiquement (taper du point sur la table, bousculer et voire même taper quand j'étais petite) et surtout oralement (il crit, impose ses volontés et ordonne, en plus de démotiver et rabaisser). Il est aussi injuste et égoiste. Du moins c'est comme ca que je l'ai toujours percu. Cette image que je me suis faite de lui remonte à ma plus tendre enfance. Ma mère m'a ainsi raconté ce que j'avais dit à mon père quand ma mère venait d'accoucher de ma seconde soeur: "c'est encore une fille papa! Mais tu l'aimeras quand même, hein!!" J'allais avoir 6 ans.

C'est à cette période que nous avons déménagé, mon père ayant trouvé du travail dans une autre région de France. Et les problèmes ont commencés et se sont succédés. Ma mère, bipolaire depuis l'àge de 17 ans, à fait une rechute et j'ai dû subir (comme elle aussi) ses 2 graves depressions nerveuses. Mes soeurs n'avaient que 2 et 3 ans et n'en ont elles presques aucuns souvenirs. Mais pour moi qui avais alors 8 ans je m'en souviens encore comme ci c'était hier. Non seulement ma mère était absente pendant une année entière à cause de son hospitalisation, mais j'allais lui rendre visite dans ce que j'appelais la maison de fous. Les cris et les regards hagards des patients me donnaient la chaire de poule, et la vue de ma mère maigrie et droguée me faisait monter les larmes aux yeux. Pourtant j'y allais, Chaque fois que mon père voulait bien y aller. Avec le temps les visites s'estompaient. Cela faisait sûrement trop de mal à mon père. Ma mère avait parfois droit à des permissions et revenait à la maison passer le week-end. Parfois elle n'avait pas la patience d'attendre et faisait une fugue. Ce qui avait pour conséquence de se voir refuser sa prochaine sortie provisoire. Bref, ca a été un enfer. Pour tout le monde. Moi je n'étais qu'une enfant et j'avais besoin de repères, d'affection, de soutient et de réconfort. Et ca mon père n'a pas sû me le donner. Ce sont nos voisins qui nous acceuillaient mes soeurs et moi après l'école pour faire nos devoirs et nous donner un repas, nous border parfois avant qu'on mon père rentre du travail. Une aide sociale aussi qui a pris la barre un moment donné et pour une assez longue période. Sinon c'est moi qui avais la charge et la responsabilité de mes deux soeurs. Moi qui devais les réveiller le matin et les habiller et les faire manger avant de les emmener à l'école maternelle. Je rapelle que je n'avais que 8 ans. Mes professeurs à l'école et les dames de services m'avaient surnommée la mère poule. J'étais montrée du doigt et j'avais honte de ma vie de famille. Plus encore j'avais honte de mon père, qui ne faisait rien. A part crier, gronder, sermoner parce que mes soeurs et moi faisions trop de bruits à la maison, ou bien parce que la table était mal mise et que j'avais oublié quelques choses à table. Mes résultats scolaires n'étaient pas très satisfaisants. Avec mes soeurs à charge et on va dire mes taches ménagères, je n'avais pas trop le temps et l'énergie suffisante pour faire mes devoirs correctement. J'éprouvais surtout un grand manque affectif maternel et avais beaucoup le cafard. Mais ca personne ne le voyait. Mon père ne m'aidant pas à faire mes devoirs j'avais trouvé un moyen de me sortir d'embarras au moment des auto-dictées. J'avais recopié le texte sur un morceau de papier et triché en classe. Naturellement j'ai été prise en flagrant déli et mon père a été convoqué par la maitresse. Ce jour là a été un des plus humiliant de ma vie. En rentrant à la maison il m'a tiré par le bras jusqu'à ma chambre en me traitant de tous les noms et il m'interdisait de jouer avec la fille de la voisine qui selon lui avait mauvaise influence sur moi. C'est sans doute la première injustice dont je me souvienne. Ce jour là je l'ai détesté. Parce qu'il n'avait pas compris pourquoi j'avais triché. Pour lui c'était par fainéantise. Pour moi c'était pour sauver mon honneur, parce que je n'avais pas eu le temps d'apprendre mon auto-dictée, j'ai voulu sauver la face et ne pas montrer que je n'avais pas fait mon travail.

Bref des exemples comme celui-là je pourrai vous en donner des tas. J'ai redoubler mon CE1 car je n'avais pas un niveau suffisant. Ma mère est revenue un an, puis a fait une seconde depression, qui a durée encore un an. Là ce n'était plus mon père qui m'emmenait la voir, mais des voisins! Mon père s'était mis au pastis, en plus du vin de table le midi à sa pause déjeuner. Quand ma mère est revenue pour de bon et à repris son rôle de mère et de femme de ménage j'ai vu comment mon père la traitait. Ne travaillant pas à cause de son handicape (bipolaire) il l'a dévalorisait, la rabaissait. Elle devait lui demander l'autorisation d'utiliser sa carte bancaire pour faire des courses et nous acheter des vêtements. Et tout devait être justifié et vérifié avec le ticket de caisse. Il tapait du point sur la table, ralait si l'assaisonnement de la salade était trop salé, ralait s'il lui manquait une grande cuillère pour se servir à manger (et ce n'était certainement pas à lui de se lever pour aller en chercher une). Il tronait à son bout de table et ralait pour tout: les infos, son café trop chaud, trop froid... Bref il me sortait par les yeux. En plus il faisait peur à mes copines de classes donc elles ne venaient pas jouer chez moi. Mon père avait fini par se brouiller avec tous nos voisins à cause d'un chat ou d'un chien, ou de je ne sais trop quoi. Quand il a traverser le plafond en faisant des travaux dans le grenier il nous a engueuler nos soeurs et moi parce que nous étions dans ses jambes alors qu'on jouait toutes dehors. Et quand il avait pris un abonnement au cable on se faisait engeuler parce qu'on ne regardait pas assez la télévision et qu'il payait pour rien!

Il me faisait peur et je n'ai jamais osé le confronter. La période de mon adoléscence je l'ai passée le plus paisiblement possible, bien appliquée à ne pas énerver la bête et faire en sorte que la paix règne dans le foyer. Mes parents ont fallis divorcés, mais se sont réconciliés pour notre bien soit disant. S'ils m'avaient demandé ce que je voulais à l'age de 14 ans j'aurai dit: le divorce. C'était un tel enfer.

Mais le plus terrible c'était de voir comment, progressivement, mon père attachait de plus en plus d'affection pour ma plus jeune soeur. Et comment, en contre partie, il détruisait mon autre soeur en la rabaissant et la faisant taire: "Tais-toi! C'est bête ce que tu dis! Tu n'est qu'une imbécile! Tu réussieras jamais rien dans ta vie!" C'est mots je les ai entendu. Une fois partie de la maison pour faire mes études ma plus jeune soeur à pris ma place aux cotés de mon père à table. Pourquoi elle et pas mon autre soeur? Plus tard si elle avait besoin d'un ordinateur ou d'une voiture il le lui achetait. Nous autres on a eu droit à rien. Ah si! Un service en porcelaine acheté dans une foire et qui devait devenir mon cadeau de mariage. J'avais 16 ans! Ce service je l'ai recu 20 ans plus tard! Encore une longue histoire.

Vous avez compris je pense que mes rapports avec mon père ont été difficiles dès mon plus jeune âge et que ca ne s'est pas arrangé avec le temps et que ma plus jeune soeur à pris une place affective plus importante que moi. Je ne lui en ai jamais voulu à elle, et encore maintenant nous avons de bons rapports elle et moi. Il en est différemment avec mon père.

En 2000 j'ai quitté la France pour m'installer en Norvège et faire ma vie avec celui qui allait devenir mon mari. J'ai eu 3 enfants et cela fait maintenant 16 ans que je vis ici. En 16 ans mon père n'est jamais venus me rendre visite. C'était toujours moi qui allais le voir. Il a vu ses petites filles (les seules qu'il a) parce que je les emmenais le voir en France. Et puis j'en ai eu marre de cette relation à sens unique. Alors je lui ai écrit et je l'ai averti que je ne voulais pas d'une relation cybérale, avec webcam interposée. Je n'ai jamais eu de réponse à cette lettre. En 2007 je suis venue habiter 10 mois en France, pas près de chez lui, mais plus près que la Norvège. En 10 mois il n'est venu qu'un après midi alors qu'il faisait une cure thermale à 60 km de chez moi pendant 3 semaines!! Après ces 10 mois nous sommes remonter en Norvège, en faisant un arrêt par chez lui, de quelques jours. C'était en juin 2008. La dernière fois que je l'ai vu et que je lui ai parlé.

8 ans de silence que j'ai justifiés dans un e-mail et que je lui ai envoyé aussitôt ma décision prise. J'avais compris que ma relation avec mon père était toxique et qu'elle ne m'apporterait que de la souffrance et de l'amertume. Chaque fois que j'allais le voir il ne parlait que de ma soeur. Sans doute parce qu'elle est la seule personne que nous avions en commun après qu'il aie divorcé avec ma mère il y 15 ans, et aussi parce qu'il a détruit psychologiquement mon autre soeur et qu'elle refuse de le voir. Mais surtout parce que ma plus jeune soeur est pour lui sa grande admiration, la fille qui le rend fière et dont il aime parler. Je dois préciser un détail important: mes deux soeurs ont hérité de la maladie de ma mère, et elles sont toutes dépressives et bipolaires (comme ma tante et mon oncle...) Moi seule y ai réchapé. Sans doute ai-je hérité la nature forte et violente de mon père.
Bref mon père ne se souciait que de lui même et de ma plus jeune soeur. Mais quand celle-ci à fait une seconde dépression il ne lui a pas parler pendant des mois, c'est elle qui a repris contact avec lui quand elle s'est remise de sa dépression. J'ai été outrée de voir quel égoiste et quel lâche il était, et je me suis rappelé toutes les injustices qu'il m'avait fait subir. Je l'ai complètement effacé de ma vie, pour me protéger et protéger mes filles avec lesquelles, visiblement, il ne souhaitait pas entretenir de rapports. Il me rappelait trop son propre père (mon grand-père paternel) que je n'ai jamais connu parce qu'il ne voulait pas nous connaître mes soeurs et moi. En gros mon père reproduisait le même schéma que son père qui avait une préférence pour son plus jeune fils. Alors qui de nous deux à le plus besoin d'une thérapie? Qui de nous deux doit pardonner à l'autre? Moi je n'y arrive vraiment pas.

J'en arrive à mon problème actuel. Désolé pour la longueur de mon roman dramatique.
Le mur du silence est rompu depuis lundi dernier, après 8 ans! La nouvelle femme de mon père a soit disant fait un mauvais numéro et m'a appelé sur mon portable alors que j'étais au travail. Elle m'a annoncé maladroitement, et dans le désordre, qu'ils déménageaient, que mon père était gravement malade, que c'était compliqué avec le déménagement et qu'elle était stréssée avec tout ce qu'il fallait faire et qu'il faisait une chimiothérapie qui le rendait très faible. Ca a été un choc! Pas seulement la nouvelle en elle-même que mon père avait un cancer, parce que pour moi il n'existait plus depuis 8 ans, mais que le pont que j'avais démoli soit aussitôt rétabli et qu'il réapparaisse à nouveau dans ma vie comme si de rien n'était. J'ai rappelé mon père hier pour savoir de quel cancer il était atteint et nous avons parlé (moi et sa femme, lui aussi mais il était très affaibli) pendant 20 min. A la fin de notre conversation elle me demandait d'envoyer des photos. Comme si ils voulaient rattraper le temps perdu et reprendre là où on s'était arrêté il y a 8 ans.


Alors je me pose tout un tas de questions: à quoi bon reprendre contact maintenant qu'il est malade? pourquoi ne l'a-t'il pas fait plus tôt, du temps où il était en bonne santé et pouvait encore se racheter et me demander pardon? Qu'est-ce qu'il attend de moi?
Que faire? Je n'arrive toujours pas à lui pardonner de m'avoir abandonnée et rejetée comme il l'a fait toute ma vie.
Dois-je tout à coup passer l'éponge parce qu'il est atteint du cancer? Est-ce cela qu'il attend de moi? Que moi je fasse un effort que lui n'a jamais su faire? Je sais que je suis dure et amère, égoiste aussi. Mais j'ai dû le devenir pour ne plus souffrir à cause de lui. Faut-il vraiment que je reouvre cette plaie et que je me laisse saigner pour lui, pour qu'il puisse quitter ce monde avec sa conscience tranquille? Et la mienne alors de conscience? Comment est-ce que je vais trouver la paix avec moi-même quand je sais tout le mal qu'il m'a fait et toutes ces années qu'il a gachées? Pendant tout ce temps il s'est encore plus rapproché de ma soeur et ils ont soudé des liens qu'il aurait pû souder avec moi aussi s'il avait voulu.

Si la lecture de ce long texte ne vous à pas trop ennuyé et endormi je serai contente de connaître votre avis sur la question. Merci.

[Luciole]

L'humain a tendance à se croire invincible. Quand on se sait proche de la mort, on voit notre vie avec une perspective différente.
Vous ne pouvez pas savoir s'il faut tirer un trait définitive ou non. Je vous conseillerais (mais c'est à vous de voir et de décider ! Je ne connais pas toute votre vie) de le voir, de lui dire tout ce que vous avez sur le coeur, de voir son comportement suite à ça sur plusieurs semaines. S'il ne s'excuse pas (réellement !) et continue d'être toxique, vous avez votre réponse et pouvez le railler de votre vie.
Il est votre père, vous ne lui devez que du respect, pas de l'amour. L'amour est pour les personnes que vous avez choisi, votre propre famille, et les gens qui vous aident et vous aident à avancer dans votre vie.

[trèfle à 3 feuilles]

L'humain a tendance à se croire invincible. Quand on se sait proche de la mort, on voit notre vie avec une perspective différente.
Vous ne pouvez pas savoir s'il faut tirer un trait définitive ou non. Je vous conseillerais (mais c'est à vous de voir et de décider ! Je ne connais pas toute votre vie) de le voir, de lui dire tout ce que vous avez sur le coeur, de voir son comportement suite à ça sur plusieurs semaines. S'il ne s'excuse pas (réellement !) et continue d'être toxique, vous avez votre réponse et pouvez le railler de votre vie.
Il est votre père, vous ne lui devez que du respect, pas de l'amour. L'amour est pour les personnes que vous avez choisi, votre propre famille, et les gens qui vous aident et vous aident à avancer dans votre vie.

Merci pour votre réponse Luciole.
Je crois moi aussi que son état de santé l'a ramené à la raison et qu'avec la peur de sa mort "prochaine" il a eu envie de faire la paix avec son entourage. Mais je n'arrive pas encore à comprendre si c'est par affection pour moi ou si c'est par peur de se retrouver seul ou peu entouré au moment fatidique ( en gros que ce soit son ego plutôt que son affection pour moi qui aie été à l'origine de ses retrouvailles). Je doute qu'il aie des remords. C'est un homme dur et injuste qui n'a jamais admis ses torts et à toujours remis la faute sur le dos des autres. De plus c'est sa femme qui a appelé et quand j'ai rappelé c'était elle encore une fois qui était l'interlocuteur. Comme ca avait été le cas auparavant, quand je fréquentait mon père. Elle fait la conversation car mon père ne sait pas la faire avec moi. Les rôles ont sans doute été inversés avec le temps et il a aussi peur de moi que j'ai peur de lui. Il a vu de quoi j'étais capable et ne sait plus comment s'y prendre avec moi. Tout ca je peux le comprendre. Mais je n'accèpte pas sa lâcheté. Il aurait pû essayer.

J'ai peur de le confronter, d'avoir cette conversation sérieuse avec lui. Peur de ses réponses, peur de m'être trompée, mais peur surtout que les mots ne me viennent pas à la bouche et que je n'arrive pas à m'expliquer calmement et sans m'embrouiller. C'est un tel fouilli dans ma tête que ce n'est que par écrit que j'arrive à faire le tri et à me formuler de manière plus compréhensive. Il faut dire aussi qu'en 16 ans que je vie en Norvège j'ai beaucoup perdu de souplesse en francais, je cherche mes mots, mélange le norvégien et le francais et parfois l'anglais en plus. C'est très frustrant et fatiguant.
Pourtant j'envisage cette confrontation. Mais j'estime que c'est trop tôt. Je dois digérer ma colère et savoir au fond de moi ce qui me blaisse et quels sont les questions que j'ai besoin de lui poser.

"Il est votre père, vous ne lui devez que du respect, pas de l'amour. L'amour est pour les personnes que vous avez choisi, votre propre famille, et les gens qui vous aident et vous aident à avancer dans votre vie." Cette phrase m'aidera beaucoup et j'y trouve un certain réconfort, car j'éprouve du remord de ne pas pouvoir l'aimer, lui qui est mon père. Mais le respect n'est-il pas quelque chose que l'on peut perdre après une trahison? Est-ce que je lui dois respect éternel parce qu'il est mon père? Ou bien vouliez-vous dire que je lui dois du respect compte tenue de son état de santé?

[Luciole]

" Cette phrase m'aidera beaucoup et j'y trouve un certain réconfort, car j'éprouve du remord de ne pas pouvoir l'aimer, lui qui est mon père. Mais le respect n'est-il pas quelque chose que l'on peut perdre après une trahison? Est-ce que je lui dois respect éternel parce qu'il est mon père? Ou bien vouliez-vous dire que je lui dois du respect compte tenue de son état de santé?"
C'est une phrase que j'ai appris sur ce forum. Les internautes disent "C'est ta famille, tu ne l'as pas choisi [les parents, etc], tu ne leur dois rien. Tu leur dois seulement le respect. Mais si ce respect n'est pas mutuel, alors tu n'as pas à perdre ton temps et ton énergie. On a qu'une vie." Il faut qu'elle soit saine, remplis d'amour et de buts qu'on veut atteindre pour notre bien.
Je pense que c'est votre vie et que vous le connaissez mieux que personne. A vous de voir quoi décider. Si vous allez le voir, est-ce par peur de culpabiliser et de se penser monstrueuse s'il part avant que vous ayez pu lui parler ? S'il ne change pas, à quoi bon aller le parler ?
Voir un psychologue (je ne sais pas comment ça se passe en Norvège) pourrait vous aider à faire le tri.

[Fugen]

Votre témoignage ressemble tellement à ce que vit ma fille..excepté une différence. La mère (moi) n'est pas bi-polaire.
Ma fille est partie très loin aussi (en Australie) . Elle est très forte aussi, elle a la rage même. Mais elle continue de souffrir des retombées radioactives de ce père toxique. (manque de confiance en soi, dépendance affective)
D'ailleurs je lui ferai lire votre témoignage pour l'aider à prendre du recul.
Pour revenir à votre témoignage.
Si je peux me permettre de vous faire remarquer:
Il n'a pas repris contact avec vous.
Il n'a toujours pas pris d'initiative.
Vous n'avez pas de preuve que c'est lui qui a demandé à son amie de vous contacter et d'envoyer des photos.
Et quand bien même il l'aurait fait, il s'est dédouané en ne le faisant pas lui même.
Qu'est ce qui a changé? A part sa maladie avez vous remarqué un signe vers vous de sa part?
Attention de ne pas souffrir à nouveau de vos attentes.

[trèfle à 3 feuilles]

C'est exactement ca Fugen! Mon père s'est toujours caché derrière sa femme. Quand je l'ai rappelé mercredi dernier, soit 2 jours après que sa femme m'aie appelé par "erreur", elle avait mis le haut parleur. J'ai pû entendre mon père et il suivait la conversation, mais nous ne nous parlions vraiment directement. Il était très faible. C'est sans doute pour cela qu'elle a pris la relève quand elle a dit qu'elle allait me le passer, mais il faut dire qu'elle aime parler, contrairement à mon père. Je crois qu'elle a simplement l'habitude de monopoliser la parole. Mais ca peut-être aussi parce qu'il n'avait pas le courage de me parler. Ayant l'habitude que nos dialogues se passent ainsi je n'ai pas été surprise. Par contre j'ai tiqué quand j'ai entendu l'enjouement et la vitalité qu'il a pris tout à coup pour dire que ma soeur allait bientôt venir leur rendre visite. A cet instant préci j'ai retrouvé mon père de toujours.
Je sais que je ne pourrai pas le changer, et selon moi il est trop tard pour avoir une relation normale avec lui. Je vie trop loin pour venir le voir fréquement. Je travaille à plein temps et je ne roule pas sur l'or. J'ai 5 semaines de vacances dans l'année et comme la Norvège ce n'est pas l'Australie je profite de ces 5 semaines l'été en France ou ailleurs pour trouver le soleil et un peu de chaleur. Et jusqu'à maintenant j'ai préféré faire profiter ma mère et mes soeurs de mes congés. La maladie de mon père est bien triste. Mais il récolte ce qu'il a semé: il a fumé comme un pompier et a bu beaucoup aussi (limite alcoolique pendant mon adolescence). Pourtant il connaissait les risques! Tout comme il connaissait les risques qu'il encourait s'il continuait à ne faire aucun effort pour me voir et avec des rapports avec mes filles et moi.

Je pense que je dois accepter le passé, accepté qu'on aie gaché 8 ans et qu'il est maintenant revenu dans ma vie, ou tout du moins dans ma tête! Pour qu'il aie une place dans ma vie il faut que je lui accorde du temps et des visites. Or pour l'instant je n'ai rien à lui offrir. Je n'ai pas les moyens financiers pour me permettre un vol aller-retour et il ne me reste aucun jour de congé avant le mois mois de janvier. Donc je pense qu'à l'avenir nous en resterons à une relation cybérale, très sobre, par email. Ils veulent des photos. Je vais leur en choisir quelques unes, bien représentatives de tout ce qu'il a raté. Et je lui enverrai des citations et des proverbes sur la prise de conscience et le remord. Peut-être que ca l'inspirera.