Doit on pardonner pour pouvoir avancer

[alelice]

Bonjour,

Cela fait presque dix ans que je ne vois plus ma mère.

Après des relations difficiles dans mon enfance et adolescence (violence parfois physique et morale, manque d'affection et radinerie excessive de sa part) qui m'ont conduits à une tentative de suicide à 13 ans; puis elle m'a renvoyé de chez moi/elle (de la maison familiale) lorsque j'étais étudiante à 17 ans (Ne voulant pas assumer financièrement le coût de mes études, c'est à dire me verser une pension pour les frais d'hébergement et de nourriture...).

Depuis, je n'ai plus cherché à entrer en contact avec elle, j'ai beaucoup de colère et je sais qu'elle n'est pas prête à reconnaître tout le mal qu'elle m'a fait.

Dans mon for intérieure, je ne souhaite pas lui pardonner (elle ne m'a d'ailleurs jamais manifesté ce désir) car je suis encore en colère et je ne peux pardonner sans obtenir réparation ou du moins la reconnaissance du mal qu'elle m'a fait.

Seulement, aujourd'hui j'ai 30 ans et je souhaite être mère à mon tour... Or, je ne sais pas si je dois tenter de la revoir et lui pardonner afin d'être apaisée (tout en pensant profondément qu'elle ne reconnaîtra pas ses erreurs) et ne pas transférer à mon futur enfant cette colère... Ou accepter que la reconnaissance est impossible, que je dois l'oublier et me recentrer sur ce futur enfant...


Je souhaiterais donc avoir votre avis concernant la question du pardon vis à vis de ma mère. Dois je lui pardonner pour le mal qu'elle m'a fait afin d'être apaisée durablement. Doit on pardonner pour pouvoir avancer ou peut on s'apaiser sans pardon?

[Jeannette]

Le pardon n'est pas quelque chose que l'on décide.
Un jour, on constate qu'il est là.
Il est parfois présenté comme une nécessité, oui. La nécessité de trouver l'apaisement. Mais c'est l'apaisement, la fin de la colère, qui permet le pardon sincère. Et pas l'inverse. Du moins à mon avis et de ce que j'en ai ressenti.

Rien ne dit que tu transfèrera ta colère sur ton enfant. Ce n'est pas contre lui que tu es en colère, et tu as bien ciblé la source de ton "problème".

Par contre, tu serais certainement mieux dans ta vie si, effectivement, tu réussissais à apaiser ces rancunes.
L'important n'est pas forcément que ta mère reconnaisse ses torts. Il faudrait déjà que tu lui exprimes, à elle, ce que tu en as ressenti, ce que cela a impliqué pour toi, la façon dont tu l'as perçu. Par courrier, ou de visu. A toi de voir.

[alelice]

Le pardon n'est pas quelque chose que l'on décide.
Un jour, on constate qu'il est là.
Il est parfois présenté comme une nécessité, oui. La nécessité de trouver l'apaisement. Mais c'est l'apaisement, la fin de la colère, qui permet le pardon sincère. Et pas l'inverse. Du moins à mon avis et de ce que j'en ai ressenti.

Rien ne dit que tu transfèrera ta colère sur ton enfant. Ce n'est pas contre lui que tu es en colère, et tu as bien ciblé la source de ton "problème".

Par contre, tu serais certainement mieux dans ta vie si, effectivement, tu réussissais à apaiser ces rancunes.
L'important n'est pas forcément que ta mère reconnaisse ses torts. Il faudrait déjà que tu lui exprimes, à elle, ce que tu en as ressenti, ce que cela a impliqué pour toi, la façon dont tu l'as perçu. Par courrier, ou de visu. A toi de voir.

Bonjour Jeannette,

Je te remercie sincèrement pour ta réponse.

Ta phrase "Le pardon n'est pas quelque chose que l'on décide." prend beaucoup de sens pour moi.
Tes mots me permettent d'y voir plus clair et me rassure.
Je comprends maintenant que je ne dois pas rechercher le pardon que ce n'est pas une fin en soi mais que si je veux être mieux je dois chercher à apaiser ces rancunes.

Je n'ose pas tellement écrire ni la revoir car j'avais déjà essayé de lui écrire il y a plusieurs années en lui disant ce que j'avais ressenti mais cette lettre est restée sans réponse. Je sais par ma petite soeur qu'elle n'a pas la même "lecture" de ce qui s'est passé. Pour elle je suis responsable de cette "rupture"... ce que je ne peux accepter.
J'ai du mal à comprendre pourquoi " l'important n'est pas forcément que ta mère reconnaisse ses torts"... J'ai été blessée et je ressens le besoin que cette blessure soit reconnue... pour apaiser ma colère.

Peux tu m'expliquer pourquoi tu penses que " l'important n'est pas forcément que ma mère reconnaisse ses torts"?
Penses tu qu'il faut que je lui écrive à nouveau pour apaiser ma colère?

Merci

[Jeannette]

Parce que, souvent, lorsque l'on souhaite que les autres reconnaissent leurs torts, c'est que, en réalité, on a besoin de s'admettre soi-même comme victime, de rejeter la culpabilité qu'ils nous ont fait porter et que l'on n'a pas réussi à refuser totalement... Leur demander de se reconnaitre coupable, c'est leur demander inconsciemment une "autorisation" et une "validation" de notre sentiment d'être victime.

Tu DIS qu'elle est coupable. Et tu as certainement raison. Mais le ressens-tu réellement au fond de toi ?
Ou n'y a-t-il pas une part de toi-même qui se dit que, après tout, sa "lecture" de tout cela est peut être la bonne, que tu as raté des éléments ?
Peut être as-tu surtout besoin que quelqu'un te confirme ses torts à elle. Ce peut être toi. Et lui écrire ou lui parler peut t'y aider.