Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

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Miris
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Miris »

Jeannette a écrit : Durant les faits, chacun perçoit les choses à sa façon, en fonction de multiples paramètres. Puis chacun les enregistre également à sa façon, et va les "transformer" pour les rendre compatibles avec sa propre histoire et sa propre sensibilité. Et lorsqu'il les "raconte" ensuite, il y a à nouveau une transformation.
Il existe même des thèses sur le sujet, sur le délai entre les faits et la "transformation" involontaire lors de la narration, sur l'impact des convictions personnelles préalables dans la perception, sur la meilleure façon d'interroger un témoin pour retrouver l'enchaînement "réel", etc.
C'est une question de cognition. Qui peut, entre autre, déclencher un "faux souvenir" : si un événement perçu est insupportable pour une raison x ou y, ou totalement incongru, l'inconscient rajoute ou supprime des éléments pour tout rendre supportable ou cohérent.

La seule réalité, finalement, ce sont les désirs, les intentions et les ressentis (et ce qui va avec). Et encore.

Travaille, comme tu le dis, sur les conséquences de tes souvenirs. Sans t'inquiéter de leur "véracité". Tu sauras un jour si cela s'est réellement produit. Ou pas. Mais cela n'aura plus d'importance.
J'ose une question, et si c'est jugé inapproprié, hors sujet ou pas au bon endroit, n'hésitez pas à supprimer.
Mais et la plainte dans tout ça ? si les souvenirs sont finalement faux, si les souvenirs se sont réarrangés pour coller au ressenti? Comment savoir? La justice se base sur des faits tangibles, comment faire confiance à ses souvenirs surtout à des flashs, surtout à un jeune âge et avec énormément de vides dus à une amnésie, et si l'esprit avait comblé ces vides?
Dubreuil
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Dubreuil »

Mais et la plainte dans tout ça ? si les souvenirs sont finalement faux, si les souvenirs se sont réarrangés pour coller au ressenti? Comment savoir?
- Sans présumer de la " justice " rendue, c'est la plainte qui en grande partie peut " guérir "..
Se reconnaître dans l'état de victime, accepter d'avoir été victime et nommer sa douleur, se l'approprier sans faux semblant, sans bravade, sans la comparer à celle des autres, sans la minimiser, sans lui donner des excuses pour la taire, la vivre enfin détachée peu à peu, se plaindre et pleurer sur soi, c'est à nouveau re-devenir VIVANTE..

La justice se base sur des faits tangibles, comment faire confiance à ses souvenirs surtout à des flashs, surtout à un jeune âge et avec énormément de vides dus à une amnésie, et si l'esprit avait comblé ces vides ?
- Le hasard n'existe pas. Si " les faits " ne sont pas exacts, tronqués, déformés, il reste le traumatisme qui ne s'embarrasse pas des détails, il reste l'état émotionnel qui ne donne pas de numéros à la réalité, mais parle DU RESSENTI.
Le vide ne se comble pas, il paralyse..
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Miris
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Miris »

DUBREUIL a écrit :Mais et la plainte dans tout ça ? si les souvenirs sont finalement faux, si les souvenirs se sont réarrangés pour coller au ressenti? Comment savoir?
- Sans présumer de la " justice " rendue, c'est la plainte qui en grande partie peut " guérir "..
Se reconnaître dans l'état de victime, accepter d'avoir été victime et nommer sa douleur, se l'approprier sans faux semblant, sans bravade, sans la comparer à celle des autres, sans la minimiser, sans lui donner des excuses pour la taire, la vivre enfin détachée peu à peu, se plaindre et pleurer sur soi, c'est à nouveau re-devenir VIVANTE..

La justice se base sur des faits tangibles, comment faire confiance à ses souvenirs surtout à des flashs, surtout à un jeune âge et avec énormément de vides dus à une amnésie, et si l'esprit avait comblé ces vides ?
- Le hasard n'existe pas. Si " les faits " ne sont pas exacts, tronqués, déformés, il reste le traumatisme qui ne s'embarrasse pas des détails, il reste l'état émotionnel qui ne donne pas de numéros à la réalité, mais parle DU RESSENTI.
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Lauryanne
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Lauryanne »

Jeannette a écrit : Travaille, comme tu le dis, sur les conséquences de tes souvenirs. Sans t'inquiéter de leur "véracité". Tu sauras un jour si cela s'est réellement produit. Ou pas. Mais cela n'aura plus d'importance.

Quant à la loyauté à ta mère... Ne confonds pas le fait d'accuser quelqu'un d'un acte répréhensible et le fait d'évoquer le fait que tu as souffert de telle ou telle attitude. Pour prendre un cas totalement anecdotique, ce n'est pas un manque de loyauté que d'affirmer souffrir des mots utilisés par notre entourage si ces mots, anodins pour eux, sont blessants pour nous au regard de notre vécu.
Alors ose exprimer tes souffrances et tes ressentis face à ton histoire telle que tu l'as vécue et enregistrée. Il sera toujours temps, après, de rendre ses responsabilités et ses carences à chacun.
Merci Jeannette,
je me sens vraiment moins seule depuis que je m'exprime ici!!
Oui tu as raison, la perception de chacun entraine forcément des vérités, et non pas une vérité commune...et des ressentis multiples...et des retranscriptions narratives multiples, ......et donc des réponses multiples, souvent loin de MON ressenti et de mon besoin...
Alors, oui, la conséquence de tout ça c'est effectivement de me faire confiance....et c'est en cela que mes ressentis ne trompent pas. Ils existent, ton témoignage me conforte là dedans....
Tu sais, lorsque j'ai ouvert ce sujet, j'ai tout de suite voulu l'orienter sur ces notions de souvenir écran et de fantasme...Parce que ces ressentis peuvent très bien être le résultat d'une fabrication psychique pour effectivement affronter une réalité traumatisante....
Alors oui, il y a eu réalité, laquelle, on ne saura jamais (c'est souvent ça qui est difficile, c'est de renoncer à la trouver...mais je commence à comprendre et à accepter...), et puis il y a eu cette vie à l'intérieur de soi, cette mémoire, ces souvenirs, ce manque de souvenirs (moi aussi je suis dans l'amnésie traumatique...), une existence dans la non-existence...

J'aime beaucoup ton allusion à Descartes, Cogito ergo sum, il a été d'ailleurs longuement débattu !!! Je ne ressens pas le vent, mais pourtant il existe...je pourrai te rétorquer....Mais ça n'a franchement rien à voir. Le cerveau est foutument bien fait, c'est pour ça qu'on est debout!!!
Je vis quelque chose, je n'ai pas les armes psychique et physique pour y faire face, je sais quand même me défendre par un vide, un mécanisme d'auto défense qui me laisse juste ressentir que quelque chose ne va pas, ou bien malheureusement qui me laisse névrosé ou psychotique....mais que d'indices pour prouver qu'il y a là quelque part quelque chose qui ne va pas !!!!
Rien que de t'avoir lue, cela m'a confortée dans l'idée que je ne saurai jamais et qu'en plus ne pas savoir ne me freinera plus, j'ai ressenti, je ressens.....Merci pour ça Jeannette!!
Et merci aussi pour mon positionnement face à ma mère...oui j'ose dire, divulguer, cela me coûte, mais cela me libère aussi...cela me rend VRAIE, même si je doute, même si j'ai peur de faire mal, même si je fais mal, même si ma mère me dit folle, même si elle me laisse une fois de plus tomber dans les limbes du non-sens, je ne tombe PLUS.....je suis droite, claire, franche, courageuse, j'essaie de rester humble, et surtout honnête....
Et être honnête avec soi...c'est le début de tout!!
J'aime le cri de "guerre" que tu m'encourage à pousser, parce que c'est du vrai, ça ne sort pas de nul part, et surtout ça me fait un bien hallucinant.
Merci.
Lauryanne.
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Lauryanne »

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J'ose une question, et si c'est jugé inapproprié, hors sujet ou pas au bon endroit, n'hésitez pas à supprimer.
Mais et la plainte dans tout ça ? si les souvenirs sont finalement faux, si les souvenirs se sont réarrangés pour coller au ressenti? Comment savoir? La justice se base sur des faits tangibles, comment faire confiance à ses souvenirs surtout à des flashs, surtout à un jeune âge et avec énormément de vides dus à une amnésie, et si l'esprit avait comblé ces vides?[/quote]

Merci Miris pour ton questionnement, effectivement c'est le nœud du problème de départ!!!!

Et oui, ce cerveau si bien fait qui sait combler par l'activité de lire ( ;) à Jeannette), ce qui a été aussi le cas pour moi, ou par le fait d'exprimer artistiquement tout ce qui nous passe par la tête, ou de nous défouler dans le sport ou que sais-je encore....en retravaillant sans cesse des bribes de flashs quant la souvenance fait son chemin....
Oui, comment se faire confiance alors ??
L'hypothèse des ressentis partagées par Jeannette me permet déjà d'y répondre....ses ressentis sont des témoignages...c'est sur eux que je travaille...
La réalité si fugace soit-elle ou si imprimées parce que traumatisante soit elle, ne laisse que peu de traces" tangibles" lorsqu'elle fait TROP mal, et il faut dire merci à notre cerveau, à la soupape que représente notre inconscient...sinon, nous serions tous fous et à mon avis il n'y aurait pas beaucoup d'êtres humains sur terre (encore que...bref, ...).
Ces traces...

La plainte, le ressenti....je suis peut être dans le faux....et alors, quels seront les conséquences si je me respecte, je vais aller en prison??? non je n'en ai pas l'intention! Alors, je vais faire du mal ? Oui c'est certain, mais j'ai mal moi aussi et j'en crève...je dois me sauver, intelligemment, on verra ensuite comment réparer, réarranger, recoller ou mettre dans un tiroir, ou jeter à la mer....je sais pas. Mais faut bien faire quelque chose pour commencer....
Lauryanne
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Lauryanne »

Miris a écrit :
DUBREUIL a écrit :Mais et la plainte dans tout ça ? si les souvenirs sont finalement faux, si les souvenirs se sont réarrangés pour coller au ressenti? Comment savoir?
- Sans présumer de la " justice " rendue, c'est la plainte qui en grande partie peut " guérir "..
Se reconnaître dans l'état de victime, accepter d'avoir été victime et nommer sa douleur, se l'approprier sans faux semblant, sans bravade, sans la comparer à celle des autres, sans la minimiser, sans lui donner des excuses pour la taire, la vivre enfin détachée peu à peu, se plaindre et pleurer sur soi, c'est à nouveau re-devenir VIVANTE..

La justice se base sur des faits tangibles, comment faire confiance à ses souvenirs surtout à des flashs, surtout à un jeune âge et avec énormément de vides dus à une amnésie, et si l'esprit avait comblé ces vides ?
- Le hasard n'existe pas. Si " les faits " ne sont pas exacts, tronqués, déformés, il reste le traumatisme qui ne s'embarrasse pas des détails, il reste l'état émotionnel qui ne donne pas de numéros à la réalité, mais parle DU RESSENTI.
Le vide ne se comble pas, il paralyse..
Merci.
Merci DUBREUIL!
voilà encore un éclairage saisissant pour moi!!
Se plaindre!!! Ah la la!!! C'est tellement difficile! Et au début, croyez moi, je n'arrêtais pas, je répétais...et à chaque fois, c'était de plus ne plus fort, de plus en plus net....J'ai eu une période où je me plaignais en même temps que j'excusais l'autre....du coup, même mes proches ne faisaient plus attention: "Si elle dit qu'elle a compris, c'est bon, elle n'en souffre plus!". J'ai eu la chance de n'avoir jamais de rejets vis-à-vis de mes plaintes avec mes soeurs.
Sauf avec les hommes que j'ai aimé, et avec ma mère....c'est dire si c'est difficle d'assumer son ressenti de victime, quand on vous renvoies que c'est bon là, faut tourner la page...oui c'est dur pour les amoureux, j'en conviens trop!!! Et encore plus la mère à l'origine de tout ça....qu'elle se taise cette enfant, qu'elle oublie, qu'elle avance...Je n'ai jamais entendu autant d'arguments sur le fait de savoir optimiser la vie, d'aller de l'avant.....quand j'y repense, quelle manière habile de me faire taire.....Subtil.
Tout ce vide de sens qui a paralysé ma capacité à aimer, ma capacité à m'aimer surtout.....

Votre lampe d'éclairage me plait DUBREUIL!!!!
Lauryanne.
Lauryanne
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Lauryanne »

La suite....?

De la tristesse en barre en ce moment et des évènements qui n'arrivent pas pour rien....

- Je viens de rompre avec un homme que je désire depuis 5 années. Africain, merveilleux physiquement et intellectuellement, mais tellement éloigné de moi affectivement....nous avons tout essayé ou presque, j'ai dû me séparer de lui physiquement il y a deux ans. Il est resté sur le continent africain et moi je suis retournée chez moi "pour me reconstruire et revenir". Je ne suis pas revenue, et la relation à distance a tout distendu, a permis de tout distancier....Nous sommes très tristes et assez démolis, mais lucides.
Je le redis, je viens de quitter la personne avec qui pour la première fois de ma vie j'ai envie de faire des enfants et de vivre au fin fond d'une brousse....J'ai quitté mes idéaux, mes fantasmes de vie à deux à la roots, de voyages, de rencontre avec l'Afrique, et ça fait deux jours....et je ne dors plus.
Je le redis, j'ai quitté mon amour. C'est dur de l'écrire, mais voilà, je ne peux plus rien donner de plus à cet amour. it's done!!

Fantasmé, idéalisé, cet amour l'aura été...comme fantasmé et idéalisé ce rôle de mère que ma maman n'a jamais voulu prendre, ces réponses qui ne sont jamais apparues....
Je quitte tant de choses....

Il va pas rester grand chose de ma carapace si ça continue...c'est le jeu!!!

Ce qui nous guide tous lorsqu'on emprunte enfin le chemin de ce jeu de confiance avec soi, je pense, c'est notre ressenti...
Et mon pti nez m'a dit (alors qu'il le hurle dans mes oreilles depuis des années): "Celui-là, ok il est chouette, mais toi t'en bave trop ma biche, et il t'aide pas...alors respire un autre air avant de te lier de la mauvaise manière..."
Cet homme m'aimera toujours je le sais, à sa façon, avec la douceur et le respect que je lui reconnait. Mais il ne me proposera jamais ce dont j'ai besoin: la confiance en moi et en ce que je ressens.

Bref, je travaille quoi....un joli chemin d'alpiniste s'offre maintenant à moi....Ouééééé! ( :roll: )

Lauryanne...
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Jeannette
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Jeannette »

Lauryanne a écrit :Je ne ressens pas le vent, mais pourtant il existe...
:lol:

Tu le ressens, puisque tu le sens sur la peau, tu vois le mouvement des arbres, ... Et suivant les cas tu vas juste le remarquer, ou en avoir peur, ou en être heureuse, ... Mais c'est toujours un ressenti. Parfois physique, parfois psychique, mais un ressenti. Notre organisme ne forme qu'une seule unité, pourquoi les perceptions physique et psychique seraient-elles dissociées ?

Mais je comprends ton exemple. Et il y a effectivement des "cas" qui sont ainsi, comme la radioactivité par exemple. Pourtant ton corps la ressent (et en souffre) même si tu n'en prends pas conscience, n'en ressent que les conséquences, ce qui revient au même... Et oui, je pourrais aller plus loin, vers des choses que l'on ne perçoit ou ne ressent nullement. Mais dans ce cas, existent-elles réellement ? Rire.
C'est de la philo, là. Ou de la métaphysique. Et en tout cas pas de la psycho. Mais ça peut être amusant... Ou aider à relativiser, ou à comprendre...
Miris a écrit :J'ose une question, et si c'est jugé inapproprié, hors sujet ou pas au bon endroit, n'hésitez pas à supprimer.
Mais et la plainte dans tout ça ? si les souvenirs sont finalement faux, si les souvenirs se sont réarrangés pour coller au ressenti? Comment savoir? La justice se base sur des faits tangibles, comment faire confiance à ses souvenirs surtout à des flashs, surtout à un jeune âge et avec énormément de vides dus à une amnésie, et si l'esprit avait comblé ces vides?
D'une certaine façon, ma réponse était déjà là :
Jeannette a écrit :Alors ose exprimer tes souffrances et tes ressentis face à ton histoire telle que tu l'as vécue et enregistrée. Il sera toujours temps, après, de rendre ses responsabilités et ses carences à chacun.
Et Mme Dubreuil a donné l'essentiel.
Mais je complète de ce que j'ai "compris" il y a quelques temps, et que je pense que beaucoup de gens n'ont pas intégré, d'où leur frustration face à certains jugements (ou, dans d'autres cas, leur tentative d'utiliser la justice à des fins personnelles) :

la justice sociale a plusieurs rôles, qui évoluent au fur et à mesure de la procédure :

Porter plainte, c'est s'affirmer comme victime d'une souffrance, d'un traumatisme, ou autre. Et à ce stade, ce n'est rien de plus. Mais rien de moins non plus. Et c'est fondamental, comme le disait Mme Dubreuil.

L'enregistrement de la plainte est une reconnaissance de cette souffrance. Sans jugement. D'autant que la souffrance n'est pas mesurable.

L'engagement d'une procédure d'instruction est une reconnaissance de l'existence possible d'une faute du ou des "coupables" et/ou de l'existence de conséquences possibles sur la vie sociale de la personne. On parle déjà moins de la douleur, de la souffrance... On aborde la notion de "faute" et de "conséquences sociales"...
La procédure d'instruction a pour objectif de mesurer :
- la faute du "coupable supposé" : le respect du simple bon-sens, la prudence, le respect des lois, etc. auraient-ils dû permettre d'éviter les faits, et le "coupable" était-il en mesure de le faire à tous points de vue ? Ses intentions étaient-elles bonnes ou non ?
- les conséquences matérielles sur la vie de la "victime" : incapacité à s'intégrer dans la société et à y avoir la vie qu'il aurait tenue si les faits ne s'étaient produits.

Cette procédure va donc tenter de reconstituer les faits et d'en mesurer les conséquences, par DES témoignages recoupés entre eux pour tenter d'en revenir aux éléments tangibles, par des éléments matériels divers et variés, des analyses d'experts, etc.
Mais elle ne se base, évidemment, que sur des éléments mesurables, l'expérience des experts, des éléments connus ou reconnus à minima statistiquement. On ne mesure pas la douleur. Mais on établit son existence et on mesure ses conséquences. Ce n'est pas pareil...

Le jugement est destiné à déterminer
- la compensation matérielle qui doit être attribuée à la victime au regard de l'impact que les faits ont eus sur sa vie.
- la source de cette compensation : coupable supposé, état, organismes divers, ... sous forme de pension, d'indemnité, ...
- dans le cas du non respect d'une loi, la "punition", la "peine" (prison, amende, ...) qui doit être infligée au coupable


Les conséquences, ou plus exactement les erreurs que beaucoup font et dont ils souffrent :
- la peine infligée au coupable n'est pas liée et encore moins proportionnelle de quelque façon que ce soit à la souffrance, mais uniquement à la "faute" par rapport à la loi, au non respect de celle-ci.
- de même pour la compensation qui ne regarde "que" la différence d'intégration et de participation de la personne à la société entre ce qu'aurait été sa vie (telle qu'on la suppose) si les faits n'avaient eus lieu et ce qu'elle est devenue ou devient.
- sans oublier des cas où les personnes espéraient "effacer" les conséquences par le jugement. Mais on ne peut pas réécrire l'histoire. On ne peut que s'en servir. Une fois que l'on n'en souffre plus.
- culture aidant, certains se substituent à la justice... Et ne supportent pas l'idée d'être mis en doute, que leur "conclusion" ne soit pas validée...


Alors oui, dans certains cas le jugement rendu est frustrant pour les victimes. Mais c'est parce qu'elles en attendaient des réponses autres que celles que la justice sociale est destinée à (et capable de) apporter. Et l'important (d'un point de vue psychologique) pour elles est moins là que dans la démarche d'avoir pu porter plainte (c'est à dire avoir affirmé l'état de victime), d'avoir affirmé la volonté de (se) réparer, d'avoir pu exprimer leur souffrance, etc. Ne serait-ce que cela, c'est une façon d'affirmer aux autres et à soi la volonté de s'en guérir. Et c'est déjà un grand pas en avant. Sans oublier l'aspect pratique, le fait d'avoir la possibilité de compenser les conséquences, ce qui est parfois loin d'être négligeable...

Et oui, dans certains cas la procédure est douloureuse pour les coupables... Mais cela doit-il être un frein ?
- pour les accusés, la procédure est l'occasion d'une remise en question personnelle, d'une ouverture d'esprit sur les conséquences de leurs actes, sur une vision autre de leur propre personne, de leurs actes... Mais juger les actes n'est pas juger la personne et se remettre en question, se confronter à soi-même est douloureux. Certains font tout pour l'éviter tant cette confrontation les inquiète. Mais c'est aussi l'occasion de grandir, de progresser. A eux, et à eux seuls, d'avoir ce courage. Ce n'est pas à nous de prendre cette décision pour eux. D'une certaine façon, nous les priverions au contraire de cette occasion.
- renoncer à porter plainte pour éviter de "faire souffrir" les "coupables", c'est d'une certaine manière se substituer à la justice en s'attribuant, en s'appropriant seul les conséquences de ce qui s'est passé, dans une forme de culpabilité qui n'est pas de mise. Et c'est se priver de l'éventuelle compensation, dans une forme d'"auto-punition".
- je le disais, et outre les 2 points précédents, la justice ne "condamne" que le non-respect de la loi... Les conséquences pratiques pour les "coupables" restent donc nulles si ils l'ont respectée dans la mesure de leurs possibilités... Et dans le cas contraire, c'est aussi l'occasion de leur éviter de ne recommencer.
Lauryanne a écrit :Sauf avec les hommes que j'ai aimé, et avec ma mère....c'est dire si c'est difficle d'assumer son ressenti de victime, quand on vous renvoies que c'est bon là, faut tourner la page...
Oui...
Mais tourner la page n'est pas quelque chose qui se décide.
Et beaucoup confondent "tourner la page" avec "se taire". Et surtout ne pas leur donner l'occasion d'être mis en cause ou mêlés à tout ça... Alors comme tu dis, ils vont utiliser de nombreuses méthodes pour cela... Y compris de "jouer" sur la culpabilité ou sur une "dette" que l'on aurait envers eux...

Par contre, tourner la page se "fait tout seul" le jour où l'on a enfin digéré son histoire, le jour où ile ne sont plus qu'un élément parmi d'autres dans notre mémoire.
Et encore faut-il avoir fait la démarche d'en arriver là. Ce que beaucoup ne font pas, tant il est facile et confortable de se plaindre et d'accuser l'autre plutôt que d'être confronté à soi-même (à ses souffrances, à ses culpabilités, à ses hontes, ...).
A ce sujet tu peux lire ceci : viewtopic.php?f=717&t=1783&start=20
Sachant que je précise (au cas où) que ce n'est pas l'impression que tu donnes ;)
Lauryanne a écrit : Il va pas rester grand chose de ma carapace si ça continue...c'est le jeu!!!
Une phrase qui m'est venue à l'esprit il y a des mois : c'est le jour où l'on accepte de ne plus être que l'on n'est (naît) enfin.

Il y a maintenant 5 ans, j'ai (presque) tout quitté de ma "vie" précédente. Maison, mari, relations, ... Même mon corps a totalement changé. Je n'ai gardé que ma relation avec mon fils, et mon boulot.
Il ne restait que moi... Et je ME suis découverte. Une jolie rencontre. Une naissance. Jusque là je survivais. Maintenant je vis.
Aujourd'hui, j'ai (re)construit ma vie. Pas encore totalement stable. Mais une vie qui me ressemble.
Lauryanne a écrit : un joli chemin d'alpiniste s'offre maintenant à moi....Ouééééé! ( )
Ma devise : Je suis mon chemin.
(je te laisse choisir le verbe, être ou suivre).

N'aient pas peur des vallées qui te font descendre durant la marche d'approche. Le chemin vers le sommet passe par là. Et une fois au sommet... Tu riras des vallées.
Lauryanne a écrit :Cet homme m'aimera toujours je le sais, à sa façon, avec la douceur et le respect que je lui reconnait. Mais il ne me proposera jamais ce dont j'ai besoin: la confiance en moi et en ce que je ressens.
Je vais citer Mme Dubreuil : chacun ne peut nous mener que jusque là où il est lui même allé.
J'ajoute que la confiance en toi, toi seule peut te l'offrir. Si tu le décides.
Avec des citations complémentaires qui résument tout :
- "A l'instant où l'esclave décide qu'il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent." Gandhi. D'ailleurs comme il a souvent été dit sur ce forum, l'autre n'a que le pouvoir qu'on lui attribue...
- "le maître ouvre la porte. Mais nous seul pouvons la franchir". proverbe chinois

"...Mon chemin n'est pas votre chemin. Je ne peux donc pas vous instruire. Le chemin est en nous, mais pas dans les dieux, ni dans les doctrines, ni dans les lois. C'est en nous qu'est le chemin, la vérité et la vie. Malheur à ceux qui vivent selon des modèles ! La vie n'est pas avec eux. Si vous vivez selon un modèle, vous vivez la vie d'un modèle, mais qui vivra votre vie sinon vous-mêmes. Donc vivez-vous vous-mêmes... Que chacun suive son propre chemin..."
Jung : Extrait tiré du chapitre "La voie de l'à-venir" p.231 (Le Livre Rouge)
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
Dubreuil
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Dubreuil »

Le cerveau est foutument bien fait, c'est pour ça qu'on est debout!!!
- Pas le cerveau, ou içi, l'inconscient..

Je vis quelque chose, je n'ai pas les armes psychique et physique pour y faire face, je sais quand même me défendre par un vide, un mécanisme d'auto défense qui me laisse juste ressentir que quelque chose ne va pas, ou bien malheureusement qui me laisse névrosé ou psychotique..
- Non, pas psychotique ! ( rire )
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Dubreuil
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Re: Souvenirs écrans, fantasmes, ou réalité ?

Message par Dubreuil »

Et Jeannette, je reste toujours réconfortée et admirative de la bonté et de la justesse de vos propos..
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