garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

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corto maltese
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garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par corto maltese »

Bonjour à toutes et tous,
Si j'écris ici ce n'est pas, comme vous vous en doutez, de gaieté de cœur.

J'ai beaucoup réfléchi avant d'écrire, j'ai lu beaucoup de posts, mais je n'ai pas trouvé d'histoire dans laquelle je retrouvais la mienne. alors je me livre à vous, d'une part parce que cela va peut-être m'aider à aller mieux, d'autre part parce que cela aidera peut-être aussi quelqu'un.

J'ai 36 ans, et quand je fais le bilan de mon existence, rien ne va. Je suis divorcé, et j'ai été obligé d'arrêter la garde alternée de mes enfants car, moralement et matériellement, je n'arrivais pas à m'occuper d'eux de façon satisfaisante (en tous les cas, j'estime que je n'étais pas, au quotidien, à la hauteur du rôle de père qu'ils sont en droit d'attendre).
Mon boulot me fait déplaît, bien qu'il constitue un idéal pour certain, qu'il faille un bon niveau d'étude (bac + 5) et la sélection soit dure pour y accéder.

Je n'ai eu que très peu de relations amoureuses dans ma vie, peut-être deux ou trois en plus de mon ex-femme. Il faut dire que je suis plutôt sélectif et que j'écarte assez vite les partenaires potentielles, en général avant même de manifester explicitement de l'intérêt : très souvent, la conversation, et les différences de goûts où l'aisance sociale des filles avec qui je discute me décourage.
Pourtant, j'arrive plutôt bien à faire illusion, je peux me montrer bavard, voir même faire mon show. Je suis un sportif compétiteur. J'impressionne les autres par mes capacités de dessein, ma mémoire, ma culture, mon sens de l'humour.Je suis apprécié pour ma gentillesse. Je suis grand, avec un physique sec-athlétique. Un visage que l'on trouve plutôt pas mal. Mais à mes propres yeux, je suis le dernier des nazes.

Pendant des années, j'ai essayé de faire comme si de rien n'était. Comme je vis une vie qui à l'air d'être presque normale, j'ai fait comme si ce qui m'était arrivé n'était pas si grave. Juste un moment de honte, un mauvais souvenir à garder enfoui au fond de moi et à ne jamais partager.

Tout est devenu incontournable il y a peu, suite à un nouvel échec amoureux survenu il y a quelques mois.
Il y a presque un an déjà, j'ai rencontré la fille la plus formidable du monde. Je le crois vraiment. Une grande fille très classe, pas un top model, mais avec "du chien". Des yeux gris-bleus superbes. Un sourire à manger le monde et la vie. Une longue mèche noire devant une partie du visage... Un tempérament plein d'allant, un grand sens de l'humour, de la culture, versée dans les arts... J'ai tout de suite vu que son enfance n'avait pas été exempte de problèmes-le cas était même lourd, surtout avec son père, mais pour moi ce n'était pas rédhibitoire : les casseroles du passé ne doivent pas empêcher d'être aimé. Très vite, elle m'a dit être amoureuse de moi, elle voulait acheter des meubles pour que je puisse stocker des affaires chez elle etc. Bref, je croyais avoir enfin trouvé celle que je cherchais depuis si longtemps.
Et puis, la relation s'est dégradée, elle s'est moins investie. Elle est devenue distante et froide et a fini par me laisser tomber, en disant "quand j'ai dis que j'étais amoureuse, je me suis trompée".
Depuis, je n'arrête pas de penser à elle, et je repensait à son comportement "étrange" au lit. Comme si elle n'était pas là, passive pendant les ébats, non consciente de son état d'excitation réelle (elle me demandait de lui dire où elle en était) et refusant que je la caresse jusqu'à l'orgasme. Cela me déroutait, mais je n'ai pas eu assez de temps pour discuter de ça avec elle. J'étais tellement dérouté que je n'ai jamais osé lui dévoiler frontalement mes sentiments.
Et puis j'ai réalisé qu'elle avait peut-être été violée, par son père ou quelqu'un d'autre. Ceci expliquerait ainsi beaucoup de chose (ou bien je suis un amant déplorable, on ne peut pl'écarter complètement bien entendu, mais mon ex-femme m'assurait du contraire. D'autre part, excusez-moi de dire ça ainsi mais chez les femmes comme chez les hommes, il y a des manifestations physiques qui ne trompent pas...).
Je suis si triste quand je repense à tout ça. J'aurais voulu m'en rendre compte avant, et la prendre dans mes bras pour lui dire "j'ai deviné, ne dis rien, ce n'est pas ta faute, personne ne te juge pour ça, ça ne change rien à mes sentiments pour toi, je suis là pour toi, tu es la fille la plus formidable que j'ai jamais rencontrée, je t'aime". Quel gâchis...

Et puis, l'éléphant dans mon salon est devenu jaune fluo avec une guirlande clignotante dessus : il était maintenant si voyant que je ne pouvais plus faire comme si de rien n'était.
Quand j'avais environ 5 ans, mon "meilleur copain" de l'époque est devenu agressif et violent à l'école. Pendant un temps, il a pris l'habitude de me donner des coups dans le ventre tous les jours d'école. Et puis, quand j'ai eu peur de lui et qu'ai commencé à être terrorisé à l'idée d'aller à l'école, il est passé à la vitesse supérieure. Un jour, dans un endroit de l'école soustrait au regard des adultes, il m'a frappé encore une fois et m'a demandé de lui faire une fellation (bon on avait 5 ans, donc c'était plus un simulacre qu'autre chose). Cela terminé, il m'a fait promette le silence, et m'a aussi dit qu'il me taperait et qu'il ne serait plus mon copain si j'en parlais. Pour autant que je me souvienne, il y avait d'autres garçons impliqués dans l'histoire, victime eux aussi. Cela a eu lieu au moins deux fois. Je me suis senti tout de suite très mal par rapport à ça, j'en ai commencé à faire de l'énurésie... Il y a sûrement eu (et il y a encore) d'autres symptômes que j'ai pas encore relié à tout ça.
Je m'en veux de ne pas avoir résisté, d'avoir cédé. Je suis en colère car la seule personne à qui j'en avait déjà parlé -mon ex-femme- m'a dit que mon agresseur était sûrement une victime lui-aussi. Cela a été sa seule réaction, à elle. Et comme elle a raison sur ce point, je ne sais pas du tout comment me positionner par rapport à cet enfant qui a foutu ma vie en l'air, mais qui vivait probablement par ailleurs des choses du même ordre ...
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corto maltese
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par corto maltese »

Si cela appelle des commentaires ou des remarques, n'hésitez pas. Dans la mesure où au bout du compte, ça fait 30 ans que je marche sur un fil et que j'ai de plus en plus l'impression que je vais me casser la gu...N'hésitez pas.
D'autre part, peut-on éditer les messages ? En me relisant je m'aperçois que j'aime pas certains des termes employés pour parler de LA fille à laquelle je pense -trop- souvent... Merci !
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Luciole
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par Luciole »

Cette femme avait ses propres problèmes, et si elle n'a pas voulu vous en parler, et travailler dessus pour aller mieux, c'est son choix. Elle a pris sa décision, vous n'êtes pas entièrement responsable. Elle a continué son chemin, vous devez faire de même.
Je suis d'accord pour dire que l'enfant qui vous a agressé n'a fait sûrement que reproduire ce qu'il a subi (malheureusement, comme on dit, les victimes deviennent à leur tour bourreau si elles ne sont pas prises en charge). Mais ça ne change en rien le fait que vous avez été traumatisé par cet événement.
Je vous conseille d'abord d'aller voir un psychologue pour parler de ça, et de votre vie.
Ensuite, si votre travail ne vous plait pas, qu'est-ce que qui vous plairait à la place ? Quelles sont vos passions ?
Avez-vous déjà essayé d'écrire une lettre à ce garçon, en disant tout ce que vous avez sur le coeur, et de la brûler (ou la jeter) pour voir si ça vous soulage un peu ?
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corto maltese
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par corto maltese »

Bonjour Luciole, et merci pour votre réponse.
Je suis déjà allé voir un psy, c'est même le deuxième. En fait, au premier, non seulement je n'en avait pas parlé, mais je n'y avait même pas pensé !
Quand à la femme en question, je n'arrive pas à me dire qu'elle va continuer à faire comme si de rien n'était, alors que cela a des conséquences très dommageable sur son existence (je sais de quoi je parle), et que cela la gène dans son rapport aux autres : cela l'empêche d'offrir pleinement ce qu'elle a à apporter aux autres, et c'est vraiment dommage. C'est tellement triste, d'autant que je la sait malheureuse. Quand on s'est quitté elle pleurait alors que c'était sa décision de mettre un terme à la relation. Ce sont des abîmes de souffrance qu'elle traverse...
Je ne sais pas si on peut parler de choix : c'est un véritable abîme à franchir que d'accepter que ce soit arrivé, et que de se dire qu'on ne s'en sortira pas seul. Pour moi, cela a été comme une deuxième défaite, comme une victoire de l'agresseur. Comme si il finissait -enfin- par détruire la dernière chose qui puisse être détruite et qui avait été épargnée jusqu'alors : cette forme d'énergie du désespoir qui permet d'aller encore de l'avant.
En tous les cas il est sûr qu'il serait bon qu'elle fasse vraiment quelque chose, c'est une perte pour le genre humain qu'elle ne soit pas complètement "au monde".
En ce qui concerne le garçon qui m'a agressé (violé ?), je me suis demandé si je devais lui écrire, allez le voir ou autre... Etre compréhensif, plein de pardon, en colère... Je suis tout ça en même temps. En consultant le site "copain d'avant" j'ai retrouvé des gens qui me semblent être de sa famille, peut-être même son père, mais pas lui. Qu'est-il devenu ? Il avait déménagé en cours d'année, mais le calvaire a peut-être continué pour lui par la suite... Je ne sais pas du tout ce qu'il a pu faire de sa vie. J'espère qu'il n'a pas fait plus de mal, et qu'il n'en a pas subi non plus.
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par Luciole »

Un psy n'est utile que quand on se sent assez en confiance avec lui pour parler de ses problèmes malgré leurs difficultés, sinon il faut en changer.
Oui, mais vous n'êtes plus en contact et ça reste sa vie, on ne peut forcer une personne à aller de l'avant si elle ne le souhaite pas elle-même, pour elle-même, et pas le monde. Elle doit y parvenir par elle-même.
Pourquoi dire que cette forme d'espoir est détruite, comme si c'était à jamais ? Elle sommeille cachée, au fond de nous, et nous permet d'aller de l'avant même quand on paraît vide, et un jour, on réussit à faire de plus nombreux pas et à faire les démarches pour commencer à s'en sortir. La vie étant neutre, je doute que tout soit noir ou blanc, cette force existe toujours, parfois très réduite, mais on peut la faire grandir et s'en emparer. Dire qu'elle est détruite, c'est faire un acte performatif et s'empêcher soi-même d'aller vraiment de l'avant.
(Attention, je ne dis pas que ce que vous avez vécu est à oublier et de vous reprendre en main ! Je ne dénigre pas ce que vous avez vécu, et c'est salutaire de se poser une moment pour accepter cette blessure, puisque sentir qu'elle est là est le premier pas pour s'en remettre et aller de l'avant. Mais il ne faut pas rester assis et penser que tout est fini. Vivre la vie qu'on voulait, en étant heureux et confiant, malgré la cicatrice visible, mais cicatrisée, c'est aussi gagner contre l'agresseur qui continuera d'avoir une vie pitoyable s'il ne décide pas de faire face à ses crimes et n'ira donc jamais de l'avant.)
Alors, écrivez-lui, si vous le sentez. Mais peut-être sans lui envoyer au début.
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corto maltese
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par corto maltese »

Bonjour Luciole, et merci pour la réponse.
Quand j'ai changé de psy, je lui ai tout balancé direct : l'agression sexuelle, le divorce, le cancer que j'ai eu... tout !
Une des choses les plus dure à supporter pour moi, c'est de me dire que si je n'avais pas subi "ça", ma vie aurait probablement sûrement tournée autrement. Maintenant, l'impact sur mon existence a été tel que je n'ai pas pu mener une enfance, une adolescence et une jeunesse normale : beaucoup des choses qui composent les souvenirs communs d'une classe d'âge, je ne les ai pas parce que j'ai fait peu de fêtes par exemple (mais on ne m'invitait pas !), pas de souvenirs de virées ou de vacances entre copains, pas de sorties en boîte, pas de souvenirs de drague ou autre... Du coup, chaque ébauche de relation amoureuse revêt pour moi une importance capitale et paralysante, d'autant plus important qu'il y a très peu de filles vers qui j'ai envie d'aller...
Même ma scolarité a été impactée : j'ai beaucoup de mal à me concentrer, au lycée je travaillais pas ou peu parce que mon propre devenir ne m'intéressait pas. J'avais pourtant des résultats corrects, mais pratiquement sans rien faire. Du coup j'ai subi ma scolarité, je me suis laissé porté, j'ai raté ma chance là-aussi...
Ce qui me fatigue, c'est de jouer en permanence le rôle social de celui "qui va bien", de faire semblant, alors même que le rôle que j'affiche est celui d'une personne que je n'avais pas envie d'être. Je me bats pour changer de profession par exemple, mais ce n'est vraiment pas simple !
Quand à LA fille, bien sûr, c'est à elle de faire la démarche, effectivement. J'ai presque envie de dire qu'il faut qu'elle soit convaincue que cela ne la rend pas moins aimable. Je crois que c'est avec des encouragements que l'on peut trouver la force de le faire (même si moi j'ai pris la décision d'en parler tout seul).
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par Luciole »

Et ça se passe bien avec ce psy ? Vous avez l’impression de pouvoir vous confier et avancer ?
Oui, elle aurait tourné autrement. Comme ce matin si vous aviez pris un petit déjeuner ou non, si vous avez décidé de prendre des vacances ou pas… Mais, et alors ? Vous me donnez l’impression (dîtes-moi si je me trompe) que vous êtes comme les gens qui se disent « j’attends que ma vie advienne », et attend que quelque chose se passe pour enfin être heureux. (Il faut dire aussi que la société nous a conditionné à penser qu’on ne peut être heureux que par des événements extérieurs.) Alors que le bonheur vient de l’intérieur. Il faut donc faire un travail sur soi, se découvrir, s’accepter, faire ce qu’on aime, pour cultiver son bonheur intérieur et être heureux, qu’importe la situation. (Comme Confucius, Lao-Tseu etc qui étaient heureux avec de la paille pour dormir et une hutte en bois et des loques.) C’est à vous d’agir, sur vous et votre vie, pour être heureux.
Attention, encore une fois vous laissez la société vous conditionner. La société fait croire qu’il faut être extravertie, les introvertis se sentent alors mal ou anormaux face à eux, parce qu’ils n’aiment pas faire la fête et préfèrent lire un livre tranquille chez eux par exemple. Dans ce que vous dîtes, vous m’apparaissez juste introvertie. On vous a dit que c’était comme ça que devait se vivre sa jeunesse, et vous l’avez compris, mais est-ce que c’est vraiment comme ça que vous auriez aimé la passer et est-ce que cela vous aurait vraiment rendu heureux ?
On ne rate pas sa vie/chance tant que la vie n’est pas finie. Vous pouvez encore vous reprendre en main et prendre des décisions pour vous. Une fois votre confiance en vous améliorée, ça devrait aller mieux. Continuez de voir un psychologue et lisez des livres de développement personnel.
Là encore, vous laissez les autres et la société vous conditionner au lieu d’être réellement vous. J’ai un ami qui a exactement ce rôle (en plus du clown) et qui en avait assez. Il a décidé d’être vraiment lui, car autrement, il en souffrait et les amis qui n’étaient auprès de lui que pour passer du bon temps l’ont fuis, tant pis, mais les personnes qui l’acceptaient tel qu’il était sont restés. Ne craignez pas le regard des autres et soyez-vous-même. S’ils fuient, tant pis, au moins vous savez que vous n’avez plus de temps et d’énergie à perdre avec eux.
L’encouragement est toujours positif, oui.
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corto maltese
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par corto maltese »

Bonjour Luciole, et merci pour la réponse.
Avec le nouveau psy, je ne sais pas trop quoi dire, les consultations ont commencé il y a trop peu de temps pour avoir un vrai retour.
Je crois comprendre ce que vous voulez dire par votre comparaison avec le petit déjeuner. Toutefois, les implications ne sont pas les mêmes : même si ça n'a pas toujours été le cas, même si longtemps je n'ai pas voulu accorder à cet événement toute son importance, il s'agit d'un fait structurant, car il implique des conséquences dans le rapport aux autres aux quotidien, et à l'autre dans le couple, dans l'intimité. C'est un véritable travail de deuil pour moi de me rendre compte que je ne peux pas pour l'instant, prétendre à des relations "normales" avec une femme. Que même tomber amoureux est difficile, avouer ces sentiments est difficile, toucher l'autre -et se laisser toucher par elle, même sur l'épaule, est une épreuve au début.
Pour ma part, il me parait absolument légitime d'avoir certaines aspirations de normalité et de rapport aux autres. Je ne sais pas si avoir passé ma jeunesse en boîte de nuit par exemple, m'aurait plu, mais je me rends compte que ne pas l'avoir fait me marginalise.
Je ne crois pas non plus qu'on puisse refuser le conditionnement de la société, il s'agit plutôt de trouver "sa juste place" car les groupes humains ne tolèrent pas la marginalité (mais le catalogue des sanctions est très vaste : la pitié par exemple, est une façon de souligner la bizarrerie d'une personne). Lao Tseu et compagnie étaient peut-être heureux en loque (si tant est que ce soit vrai), mais quelle existence cela devait être au quotidien... Ne croyez-vous pas que quand on a beaucoup souffert, on puisse aspirer à un peu de facilité et de "confort" ?Cela ne résout pas tout bien sûr, mais ça facilite quand même le passage de la pilule au quotidien ;)
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

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J’espère que ce psychologue vous aidera dans ce cas. Prenez votre temps, tant que vous avancez à votre rythme et de l’avant, c’est le plus important.

Certes, mais personne n’ayant eu une vie sans souci, tout le monde ayant des problèmes, rien ne peut en vérité fonctionner correctement dès le début, ça demande du temps et de l’apprentissage, même un enfant met du temps à apprendre à marcher et doit se redresser et réessayer pour y parvenir. En tant que grande timide introvertie, j’ai eu beaucoup de mal pendant de nombreuses années, mais grâce à des lectures et un travail personnel, ça va beaucoup mieux. Et ça permet aussi de renforcer le couple en s’entraidant. L’amour chamboule beaucoup de choses, ça n’a jamais été facile, et je comprends votre douleur, j’espère que les autres comprennent et qu’ils vous laissent le temps de s’habituer e vous acceptent tel que vous êtes.

Comme quoi ? La normalité n’existant pas et n’étant qu’une chose codifiée et imposée comme norme, que pensez-vous que vous auriez dû faire pour être « normal » ? Qu’est-ce qui vous empêche d’aller en boîte de nuit, là maintenant ? Il n’y a pas que les jeunes qui y vont, et vous saurez si vous aimez ou pas. Les groupes humains se connaissant peu et ne comprenant que peu l’autre, ils ne sont pas non plus une référence. Contrôler l’autre n’a jamais créé un ordre parfait et n’a jamais apporté le bonheur. Et mettre les gens dans une case à cause de la peur de l’inconnu et de ne pas savoir géré est compréhensible mais n’aide personne. (Constat général et avis personnel.) Il faut d’abord se découvrir, comprendre que chacun est différent, mais avec ses propres qualités, et s’entraider pour faire fonctionner le monde et qu’il convienne à chacun.

Alors, dans ce cas, je vous parlerai d’Etty Hillesum, si vous "voulez" quelqu'un de moins en loques (et de plus moderne) :). Jeune femme étudiant le Russe à Amsterdam, elle était juive durant la Seconde Guerre mondiale. Elle savait ce qui l’attendait quand elle serait déportée, elle voyait les lois interdisant aux Juifs de vivre se multiplier. Elle faisait une dépression (elle s’entendait mal avec sa mère, ne savait pas trop où elle allait, son plus jeune frère était schizophrène et le voir en crise l’accablait…), et suite à une première séance avec un thérapeute allemand, elle a commencé la rédaction de son journal qui la rendra célèbre après sa mort dans le camp d’extermination. Etty fait un travail sur elle-même, écrit en 1942 que la vie est magnifique et belle à chaque instant, et qu’elle est heureuse (malgré tout ce qui se passe, oui), et explique très bien en quoi ceux qui penseront qu’elle s’éloigne de la réalité ou exagère ont tort. Le bonheur ne se fait pas dans les cases, la normalité et grâce à des changements de l’extérieur, mais bien en faisant un travail sur soi, en apprenant à se connaître, se pardonner et en prenant soin de son jardin intérieur. Alors nous pourrons tout surmonter. (Et c’est une femme qui a beaucoup vécu et souffert en seulement 30 ans qui le dit clairement, malgré la mort de ses proches qui a pavé son chemin.) Quand on a interdit aux Juifs de se promener dans les parcs et à vélo, elle a déclaré que marcher un peu plus lui ferait du bien, et qu'importe les parcs malgré le pique-nique qu'elle avait prévu, retrouver ses amies dans une chambre autour de chaque plat que chacun avait apporté était tout aussi bien tant qu'on passait un bon moment avec les êtres qui nous sont chers.
Je crois que ceux qui ont souffert méritent de pouvoir se reposer un instant pour reprendre des forces, oui. Mais la vie n’est pas juste, c’est un fleuve dans lequel se reflète notre façon de penser et d’appréhender notre monde. Ce n’est pas la faute du lac-vie si cela nous paraît sombre. Je crois que les gens ne savent pas comment gérer la douleur et s’en servir, alors du confort et de la facilité ne seraient qu’une illusion. Le feu aide à se réchauffer, mais quand on ne sait pas en faire un et en profiter, il ne peut pas nous aider à assécher notre grotte intérieur et nous permettre de voir en elle.
(Ayant un problème de santé, je doute que ce message paraisse très compréhensible, mais j’espère qu’il vous apportera quelques pistes de réflexion.)
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corto maltese
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Re: garçon agressé par un autre garçon à l'âge de 5 ans

Message par corto maltese »

Luciole a écrit :J’espère que ce psychologue vous aidera dans ce cas. Prenez votre temps, tant que vous avancez à votre rythme et de l’avant, c’est le plus important.

Certes, mais personne n’ayant eu une vie sans souci, tout le monde ayant des problèmes, rien ne peut en vérité fonctionner correctement dès le début, ça demande du temps et de l’apprentissage, même un enfant met du temps à apprendre à marcher et doit se redresser et réessayer pour y parvenir. En tant que grande timide introvertie, j’ai eu beaucoup de mal pendant de nombreuses années, mais grâce à des lectures et un travail personnel, ça va beaucoup mieux. Et ça permet aussi de renforcer le couple en s’entraidant. L’amour chamboule beaucoup de choses, ça n’a jamais été facile, et je comprends votre douleur, j’espère que les autres comprennent et qu’ils vous laissent le temps de s’habituer e vous acceptent tel que vous êtes.
Je sais bien que tout le monde a ses problèmes, mais je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils se valent tous... On peut parfois se faire une montagne de ce qui parait peu à un autre. Le problème des agressions de type viol -je le vis comme ça- c'est l'impact généralisé du traumatisme : regard sur soi, sur les autres, impact sur la scolarité, la carrière, la vie amoureuse (difficile voir inexistante) et la sexualité (même conséquences). A part le psy et mon ex femme, PERSONNE n'est au courant. Quand à l'amour... Si c'est de couple dont vous parlez, je n'ai pas eu la chance de pouvoir compter dessus pour l'instant. Peut-être un jour, si je trouve la bonne personne et que je ne fous pas tout en l'air.

Comme quoi ? La normalité n’existant pas et n’étant qu’une chose codifiée et imposée comme norme, que pensez-vous que vous auriez dû faire pour être « normal » ? Qu’est-ce qui vous empêche d’aller en boîte de nuit, là maintenant ? Il n’y a pas que les jeunes qui y vont, et vous saurez si vous aimez ou pas. Les groupes humains se connaissant peu et ne comprenant que peu l’autre, ils ne sont pas non plus une référence. Contrôler l’autre n’a jamais créé un ordre parfait et n’a jamais apporté le bonheur. Et mettre les gens dans une case à cause de la peur de l’inconnu et de ne pas savoir géré est compréhensible mais n’aide personne. (Constat général et avis personnel.) Il faut d’abord se découvrir, comprendre que chacun est différent, mais avec ses propres qualités, et s’entraider pour faire fonctionner le monde et qu’il convienne à chacun.
La boîte de nuit n'est qu'un exemple, une allégorie de l'apparente facilité avec laquelle les autres me semblent évoluer dans le monde, alors que moi je me débat tous les jours. Beaucoup de gens disent dénoncer "les cases" produites par la société, mais en vérité bien peu sont capables de réellement s'en affranchir : allez voir du côté de Foucauld ou Durkheim, vous verrez bien que la VRAI marginalité n'est pas acceptée dans nos société. Au plus, vous aurez de la pitié ou avec de la chance de la compassion, mais pas beaucoup d'aide réelle.
Si vous "voulez" quelqu'un de moins en loques (et de plus moderne) :). Jeune femme étudiant le Russe à Amsterdam, elle était juive durant la Seconde Guerre mondiale. Elle savait ce qui l’attendait quand elle serait déportée, elle voyait les lois interdisant aux Juifs de vivre se multiplier. Elle faisait une dépression (elle s’entendait mal avec sa mère, ne savait pas trop où elle allait, son plus jeune frère était schizophrène et le voir en crise l’accablait…), et suite à une première séance avec un thérapeute allemand, elle a commencé la rédaction de son journal qui la rendra célèbre après sa mort dans le camp d’extermination. Etty fait un travail sur elle-même, écrit en 1942 que la vie est magnifique et belle à chaque instant, et qu’elle est heureuse (malgré tout ce qui se passe, oui), et explique très bien en quoi ceux qui penseront qu’elle s’éloigne de la réalité ou exagère ont tort. Le bonheur ne se fait pas dans les cases, la normalité et grâce à des changements de l’extérieur, mais bien en faisant un travail sur soi, en apprenant à se connaître, se pardonner et en prenant soin de son jardin intérieur. Alors nous pourrons tout surmonter. (Et c’est une femme qui a beaucoup vécu et souffert en seulement 30 ans qui le dit clairement, malgré la mort de ses proches qui a pavé son chemin.) Quand on a interdit aux Juifs de se promener dans les parcs et à vélo, elle a déclaré que marcher un peu plus lui ferait du bien, et qu'importe les parcs malgré le pique-nique qu'elle avait prévu, retrouver ses amies dans une chambre autour de chaque plat que chacun avait apporté était tout aussi bien tant qu'on passait un bon moment avec les êtres qui nous sont chers.
Pour ma part, l'exemple que vous citez me semble plutôt relever d'un déni de réalité -et une façon d'accepter l'inacceptable -que d'une véritable philosophie de vie. Mais bon, je n'ai pas lu ce livre...
Je crois que ceux qui ont souffert méritent de pouvoir se reposer un instant pour reprendre des forces, oui. Mais la vie n’est pas juste, c’est un fleuve dans lequel se reflète notre façon de penser et d’appréhender notre monde. Ce n’est pas la faute du lac-vie si cela nous paraît sombre. Je crois que les gens ne savent pas comment gérer la douleur et s’en servir, alors du confort et de la facilité ne seraient qu’une illusion. Le feu aide à se réchauffer, mais quand on ne sait pas en faire un et en profiter, il ne peut pas nous aider à assécher notre grotte intérieur et nous permettre de voir en elle.
(Ayant un problème de santé, je doute que ce message paraisse très compréhensible, mais j’espère qu’il vous apportera quelques pistes de réflexion.)
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