Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Forum violence conjugale
Julie82800

Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

J'ouvre un autre fil pour plus de clarté. J'y reprends (copier/collés), le début du récit initial, et j'y ajoute un nouveau "chapitre" qui sera suivi d'autres, au fur et à mesure du temps disponible que j'aurais à y consacrer.

Pour accéder directement au nouveau chapitre (et aux autres qui suivront), vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous qui y amène directement, dans ce même fil de discussion :

viewtopic.php?f=970&t=25204&p=150019#p150019

PREAMBULE 1 : Genèse du formatage

Cela commence très tôt.

D'abord, il y a un grand-père, une grand-mère (maternels) et une mère merveilleux, qui sont là tout le temps autour de vous. Il y a un jardin, pas très grand, mais plein de trésors. Il y a plein de petites allées dans le potager, et tout un tas de plantations dans lesquelles on se promène. C'est merveilleux. Le potager c'est à Papy. Les fleurs et les plantes grasses sur le rebord des fenêtres c'est à Mamie. Il y a une plante qui fleurit un jour par an. Il ne faut pas louper le rdv, pour voir cette fleur merveilleuse. Mamie guette l'éclosion. Ce sera demain, peut-être demain ou après-demain, enfin bientôt. Et puis le jour magique arrive enfin, et on contemple la fleur qui sera fanée ou refermée, je ne me souviens plus, demain.

Les fleurs ne sont pas toutes à Mamie. Les rosiers sont à Papy. C'est lui qui les entretient. Mais elles sont pour Mamie.

Maman, elle, elle joue comme une enfant à tous les jeux que nous lui demandons ma sœur et moi. Et puis, il y a Papa. Lui, c'est un peu un étranger, il rentre tard le soir, à des heures où on dort. On le voit pas souvent. Il sait faire des trucs bizarres, enfin curieux. Par exemple, il sait démonter entièrement un jouet qui ne marche plus, étaler toutes les pièces du jouet sur la table de la salle manger, le remonter, et le jouet fonctionne à nouveau. Des fois, il s'en va en voyage, c'est pour son travail. Et il revient avec des trucs étonnants. Une maison en lego par exemple. Il sait les monter et il montre comment ça marche, comment on fait pour construire une maison en legos.

Et puis, il y a le téléphone. Le téléphone, c'est à Papa, pour son travail. Il ne faut surtout pas y toucher, c'est quelque chose de très sérieux. Alors nous n'y touchons pas, ni ma sœur, ni moi. Quand la sonnerie retentit, nous quittons le séjour, où le téléphone est installé. Le téléphone c'est pour les grandes personnes, et surtout pour Papa. C'est lui qui a fait installer le téléphone pour son travail.

Et puis un jour, la maison est trop petite pour tout ce monde. Alors, on en construit une autre, juste à côté pour Papa, Maman, petite soeur et moi. Le potager devient plus petit. Les maçons cassent l'allée où nous faisions du vélo petite soeur et moi.

Pour l'instant, il y a un grand trou, à la place du potager. Et puis, la maison finit par être terminée. C'est le déménagement à l'autre bout du jardin. Il y a des collègues de travail à Papa qui sont venus pour aider au déménagement. Il y en a un qui s'est amusé avec Papa, ou c'est Papa qui a eu l'idée, je sais plus. Petite soeur et moi, nous avons les cheveux très longs. C'est Papa qui l'a décidé. Il n'aime pas les cheveux courts de Maman et de Mamie. Il a joué à quoi Papa avec son collègue de travail le jour du petit déménagement ? Il a joué avec les cheveux de petite soeur et les miens. Ils nous ont attaché les cheveux ensemble dans la nouvelle maison. Petite soeur et moi, sommes attachées l'une à l'autre par nos cheveux. Nous ne pouvons plus bouger sans que l'une ou l'autre tire les cheveux à l'autre. Cela fait beaucoup rire Papa et son collègue de travail. Et Maman ? Je sais pas. Elle dit rien. Elle est là pourtant, je crois. Mais elle est devenue transparente tout à coup. Papy et Mamie, ils sont pas là eux, ils sont dans leur maison, celle d'à côté qui n'est maintenant plus la nôtre. C'est tellement drôle deux petites filles avec les cheveux attachés ensemble, que Papa et son collègue de travail prennent une photo. Elle restera dans la boîte à diapositives familiale et sera montrée à la moindre occasion dès que Papa fera une séance diapositives avec ses amis ou de la famille, je ne sais plus. Et les gens rigoleront beaucoup.

Voilà, ça commence ça, le formatage pour se mettre en couple avec un homme qui exercera sur moi tous les types de violences conjugales, il n'y a pas que les violences physiques, il y en a d'autres bien plus sournoises, bien plus difficiles à identifier. D'ailleurs les violences physiques sont si bien maquillées qu'elles sont elles aussi difficiles à identifier comme des violences. Puis, il y a les enfants, que l'on fait avec cet homme, qui vous relient à lui pour la vie entière. C'est pour cela qu'il veut des enfants très tôt. Il est pressé de vous lier bien sûr. Et on le croit, qu'avoir des enfants tôt, c'est cool, parce-que on sera encore jeunes, quand ils seront ados. On sera pas fatigués par l'âge et ils auront une adolescence merveilleuse, où ils feront surtout plein de sport avec leur père.
Julie82800

Re: Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

PREAMBULE 2 : Quelle vocation choisir ?

Ensuite, après le "petit déménagement", le formatage continue.

Papa répète à tous bouts de champs que des filles c'est difficile à élever, que des garçons posent beaucoup moins de problèmes, qu'il vaut mieux avoir des garçons, que les filles sont des calamités à élever, des petits monstres qui se chamaillent sans arrêt.

Il dit plein d'autres choses aussi. Il demande ce qu'ils ont fait au ciel Maman et lui pour mériter des enfants pareils, alors que eux sont les parents les plus merveilleux du monde. Petite soeur et moi sommes les pires enfants que la Terre ait portée, et Papa et Maman sont les meilleurs parents du monde. Je fais de mon mieux pour réparer cette injustice, mais je n'y arrive jamais.

Je suis souvent la meilleure de la classe à l'école, mais Papa dit que je suis feignante, que c'est trop facile, que j'ai des facilités, et que je ne saurai jamais travailler, fournir des efforts. Petite soeur, elle c'est différent. Petite soeur a des bonnes notes aussi, mais un peu moins, enfin, c'est ce que dit Papa. Alors, il faut que maman la fasse travailler. C'est ce que Papa a dit. Petite soeur n'a pas beaucoup de capacités, par contre elle est très travailleuse, et c'est comme ça qu'elle y arrivera. Petite soeur n'a pas été désirée non plus, tandis que moi oui. Petite soeur est un accident. Et elle coûte cher à Papa et Maman. Papa le lui répète souvent.

Papa dit aussi que lorsque nous aurons 18 ans, petite soeur et moi, il nous préparera une valise. Il la mettra sur le pas de la porte de la maison et nous devrons nous en aller et nous débrouiller toutes seules. Comme je suis la plus âgée, je sais que c'est moi qui devrait partir la première. Et j'ai peur.

Il dit aussi qu'il plaint le pauvre mec qui tombera sur moi dans la vie tant j'ai mauvais caractère, et que le premier qui voudra de moi, il l'accueillera bien comme il faut, un peu genre : "Si tu la veux, débarrasse nous en. Nous on la supporte plus. Elle te plaît. Quelle aubaine. Vas-y, prends là".

Il se plaint aussi beaucoup des femmes en général. Dans tous les couples les femmes font le malheur des pauvres hommes, mais heureusement lui, il a trouvé la perle rare : Maman.

Elle dit jamais rien Maman. C'est donc qu'elle est d'accord avec tout ce qu'il dit, et que pour faire le bonheur d'un homme, il faut se taire et ne surtout pas donner son avis.

Mais moi, je ne peux pas m'empêcher de le donner mon avis, je le donne tout le temps. Plus je grandis, plus je donne mon avis sur tout, plus je pose de questions embarrassantes auxquelles Papa ne sait pas répondre. J'argumente aussi. Et ça ne lui plaît pas à Papa. Je suis bavarde comme ma grand-mère maternelle, une femme qui parle, la pire calamité qui soit. Une femme ça reste à la maison, ça fait infirmière à la rigueur, comme ça elle pourra soigner son époux quand il est malade, ou alors ça tape à la machine à écrire. Et là, qu'est-ce qu'elle nous fait celle-là ? Moi. Architecte, elle veut devenir architecte. Ah ben voilà, autre chose. Des femmes, architectes, il y en a pas. Et puis c'est matheux l'architecture et j'ai dit que j'aimais pas les maths. Oui, mais j'ai des très bonnes notes en math quand même. Et pour l'architecture, ça m'intéresse tout de suite mieux les maths. Et ben non, c'est trop tard, il fallait pas dire que je préférais le français aux maths, je ferai pas architecture.

Bon... Il était en colère là Papa avec mes velléités d'architecte. Il fallait trouver autre chose... plus féminin peut-être...

J'avais une marraine Clerc de notaire, qui faisait l'admiration de mon père. Elle avait commencé en bas de l'échelle comme secrétaire dans l'étude notariale où son père, à elle, était clerc.

Cela y était, j'avais trouvé ma vocation : Clerc de notaire, et je commencerai comme secrétaire en bas de l'échelle. Ah voilà, qui était bien. Approbation totale du conseil familial, constitué de mon père lui seul, ma mère étant uniquement là pour approuver tout ce qu'il disait.

Il y eu cependant un hic... à un carrefour des métiers... au lycée... Me rendant au stand des métiers du droit, je m'aperçus que je n'aimais pas le droit, que ça ne m'intéressait pas du tout, que c'était même super chiant. Je n'en dis rien à mes parents, tout en continuant à déclarer que je ferai Clerc de notaire comme ma marraine, sans la moindre intention de le faire.

Bon, il me fallait trouver autre chose, pour me tirer de là... sans en avoir l'air. L'occasion se présenta en cours de sciences économiques et sociales, où l'on étudia la tribu des arapechs, aborigènes d'Océanie, je ne sais plus trop où. J'étais séduite par les arapechs, je ne sais plus pourquoi exactement. Il me semble me souvenir entre autres que le mot "guerre" était absent de leur vocabulaire, car chez eux, il n'y avait jamais de guerre.

Donc, c'était décidé, à 18 ans, avec ma valise sur le pas de la porte, j'irais vivre chez les arapechs, qui m'accueilleraient forcément à bras ouverts. C'était mon secret.
Julie82800

Re: Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

PREAMBULE 3 : La rencontre du prince charmant et ses débuts douteux…

Ben ensuite, évidemment, j'y suis pas allée chez les arapechs. Non, au lieu de cela, lors de vacances en famille, j'ai rencontré à 17 ans mon futur époux, dont je divorce aujourd'hui.

Il avait l'air charmant. Et puis, il plaisait, mais beaucoup, beaucoup, à mon père, le gendre idéal quoi. Alors, plutôt que de foutre le camp chez les arapechs, mon bac en poche, je ferais les études supérieures les plus courtes possibles qui me permettraient de bien gagner ma vie, surtout que le prince charmant se plaignait de ne pas avoir beaucoup d'argent. Qu'à cela ne tienne ! Pour vivre en couple avec lui, loin de mes parents, de mon père surtout, j'en gagnerai le plus possible de l'argent, moi et vite.

Donc hop, si tôt rencontré le prince charmant (c'était bien le premier qui voudrait bien de moi, je suivais bien la "logique" paternelle sans m'en rendre compte), direction le conseiller d'orientation. Résumé de l'entretien : (Moi : bon, avec mon bac SES, qu'est-ce que je peux faire comme études les plus courtes après et travailler ? Conseiller : BTS ou DUT Gestion des administrations et des entreprises, ou techniques de commercialisations, ou secrétariat Moi : on écarte secrétariat, ça me plaît vraiment pas ça, bon alors comment je fais pour poser le plus de dossiers de candidature possibles dans les BTS, DUT Gestion des administrations et entreprises et techniques de commercialisation ? Conseiller : Melle, c'est pas pareil la gestion et le commerce. Il faudrait réfléchir à ce que vous préférez. Moi : du moment que je travaille le plus vite possible après mon bac, c'est le principal.) J'ai déposé tous les dossiers de candidature, le maximum, j'ai ratissé toute l'offre de mon secteur géographique. J'ai été sélectionnée en DUT techniques de commercialisation. Je suis allée là.

Le prince charmant est venu vivre pour quelques mois, sous le toit de mes parents. Nous habitions la région parisienne, il y avait plus de travail que dans la sienne, pas très loin, où il n'en trouvait pas. Il (le prince charmant) avait promis que dès qu'il aurait un travail, nous emménagerions ensemble, et je ferai mes 2 ans d'études post-bac (on se serrerait un peu la ceinture avant que je déboule telle la poule aux oeufs d'or sur le marché du travail). Et là, stupeur et tremblements, mon futur époux alias prince charmant et mon père se sont mis d'accord pour que nous restions vivre sous le toit de mes parents ensemble le temps que je termine mes études. Ah bon ? Alors c'était même pas vrai le truc de la valise sur la porte à 18 ans ? Ouf, quand même.

Bon, déçue par le prince charmant que je trouvais moins courageux qu'il ne l'avait prétendu pour le coup. Mais bon, je ne me suis pas formalisée pour autant. Encore 2 ans à supporter mon père, et l'affaire, la mienne serait dans le sac. Je prendrais un appart avec le prince charmant dès que j'aurai mon premier boulot.

Perdu !!! Le temps que je décroche mon diplôme, ma grand-mère maternelle était décédée (le grand-père l'était aussi depuis plus de 10 ans). Le pavillon d'à côté se trouvait donc libre et inoccupé. Quelle aubaine, pour mon père !!!!!!!!!! "Vous n'avez qu'à y emménager. Habiter un pavillon gratuitement à votre âge ça se refuse pas. Et puis c'est le pavillon des parents de ta mère, tu les aimais tant, tu voudrais quand même pas qu'on le loue ou qu'on le vende à des étrangers ?" Heu, si, enfin, c'était pas trop mon problème quand même. Je préférais l'appart, certes moins spacieux, mais plus loin... un peu plus loin, quoi... Et là, le prince charmant, par l'odeur de l'argent alléché, et l'absence de loyer à payer me convainquit que l'idée de mon père était la bonne.

J'emménageai à contrecœur dans l'ancienne maison de Papy et Mamie avec le prince charmant qui me décevait encore une fois, mais bon, il en fallait beaucoup plus pour me dégoûter de lui. J'avais un pincement au cœur chaque fois que je tournais la clé dans la porte le soir en rentrant dans cette maison, où le souvenir de ma grand-mère était encore présent. Elle n'était décédée que depuis quelques mois. Et je ne me sentais pas du tout chez moi, mais chez ma grand-mère dont je n'avais pas encore terminé le deuil.

Et là, en l'absence de témoins, le prince charmant, dans l'huis clos de la maison commença à exercer sur moi divers types de violences conjugales. Jets d'objets divers, pressions sexuelles diverses et variées, et j'en passe pour aujourd'hui... A cet époque, je pensais que je n'avais que 2 choix qui s'offraient à moi : choix 1 (m'adapter au prince charmant, en cherchant ce que j'avais bien pu faire pour le mettre dans des états pareils, forcément, Papa m'avait appris que quand ça va mal dans un couple, c'est que la femme en est responsable), choix 2 (rentrer chez mes parents et me faire engueuler par mon père, parce-que je devais m'y prendre vraiment comme un manche pour qu'un jeune homme aussi charmant que je le prince charmant en arrive là).

Je commençais toutefois à entrevoir un choix 3 et/ou un choix 4 : la thérapie de couple avec le prince charmant et/ou une psychanalyse pour moi (puisque j'avais vraiment quelque chose qui devait clocher). Et alors là évidemment, naïvement, j'en parlais au Prince Charmant. La thérapie de couple ? Ben, le Prince Charmant voyait vraiment pas de problèmes dans notre couple, moi, j'avais un problème, mais pas le couple. La psychanalyse pour moi ? Ah ben non, le Prince Charmant estimait que c'était un luxe que nous ne pouvions nous permettre, c'était pour les gens très riches qui balançaient l'argent par les fenêtres pour rien. Et moi dans tout ça ? Je sais plus trop. Oui, c'était pas faux tous les arguments du Prince Charmant. Et puis, j'avais qu'à me mettre un bon coup de pied aux fesses et tout rentrerait dans l'ordre. Et j'allais quand même pas faire une psychanalyse, puisque Papa détestait toutes les professions qui commençaient par Psy... Tout ce qui était Psyquelquechose, c'était vraiment pour les cinglés, mais pas pour les gens comme nous, bien comme il faut. Et c'était peut-être pour les fainéants comme moi après tout... et d'ailleurs, si jamais je me pointais chez un psy, en admettant que je m'autorise à dépenser autant d'argent uniquement pour ma personne, il était quasiment certain que le psy me dirait : "Quoi ? et c'est juste pour cela que vous venez me déranger ? Allons voyons Mademoiselle, on consulte pas pour si peu..." Il ou elle allait m'engueuler, d'être venue pour rien, c'était quasiment certain. Et puis, j'avais une preuve aussi, qu'il fallait pas y aller chez un psy, c'était qu'on en avait une dans la famille, et elle racontait vraiment, mais vraiment n'importe quoi, c'était ce que tout le monde disait dans la famille. Alors, ce devait être vrai...
Julie82800

Re: Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

PREAMBULE 4 : Le prince charmant déguisé en "féministe", champion de la vaisselle

Où en étais je ? Résumé de l'épisode précédent : débuts de vie en couple difficiles, mais bon, j'allais pas me formaliser pour si peu. Après tout, tous les couples se disputent. Cela n'était que des disputes comme les autres, c'était très banal en somme. Et puis, il avait beaucoup de regrets le prince charmant après les disputes, les jets d'objets en tout sens à travers la pièce, dans ma direction. J'esquivais souvent, très souvent.

Je cru même une fois qu'il était très en colère, me déversant un flot de reproches, esquissant des gestes pour frapper, ou tapant dans les murs, enfin je ne sais plus, le regard noir, une lueur dans ses yeux que j'oublierai jamais, qu'il suffisait que je montre que je savais me défendre pour que cela cesse. Et je lui dit : "Hé bien vas-y frappe moi tant que tu y es. Vas-y. Fais le si tu oses. Mais je te préviens que je ne me laisserai pas faire. Tu peux me réduire, en bouillie, mais je me défendrai." Alors, il ne me frappa jamais, sauf une fois (bien des années plus tard).

Et il savait se faire pardonner. Il m'offrait des cadeaux après chaque dispute, bien que je lui disais que je préférerais qu'il n'y ait pas de telles disputes, ni les cadeaux qui s'en suivaient. Et il se montrait charmant en dehors des disputes, agréable, prévenant. Il faisait de grandes déclarations, comme quoi, j'étais tellement merveilleuse et il m'aimait tellement que j'occupais ses pensées sans cesse. Il m'aimait bien plus que je ne l'aimais, c'était certain, disait-il. Et il ne disait jamais de mal de moi à personne, tellement il ne pensait que du bien de moi. Il y avait là une petite demande déguisée de sa part à laquelle j’obéis inconsciemment, on va dire : "Je ne dis pas de mal de toi jamais, alors tu n'en dis pas de moi. Tu ne dis surtout rien de nos disputes".

Et il avait aussi un truc formidable pour me faire croire qu'il me respectait et respectait les femmes. Il voulait faire toutes les tâches ménagères, parce-que disait-il, moi, j'étais bien au-dessus de ça, je n'allais pas m'abaisser à cela. J'étais surprise au début, lors de nos premières vacances ensemble, il ne voulait jamais que je fasse la vaisselle. Je trouvais cela extrêmement attendrissant, ben oui, à côté de mon père qui lui ne s'y collait jamais aux tâches ménagères et laissait ma mère se dépatouiller toute seule avec, en râlant toujours sur la bouffe, etc, et décrétait de temps à autre, qu'il fallait des vacances à Maman, alors c'était qui qui allait s'y coller à la vaisselle plutôt que Maman ? ben ses filles évidemment (la petite sœur et moi), et elles allaient voir ce que c'était que de bosser un peu, de nettoyer tout ce qu'elles salissent en mangeant, ces deux là qui glandaient rien. Présentée par mon père, la vaisselle n'était pas une tâche ménagère parmi tant d'autres, à laquelle les enfants participent lorsqu'ils sont en âge de le faire pour apprendre à participer à la vie collective du foyer. Non, c'était une punition, et une tâche extrêmement dégradante. C'était pour nous punir ma soeur et moi lorsque notre mère avait un petit coup de mou, à force de se dépatouiller toute seule avec tout ça, à force de devoir préparer des repas pour la tonne de collègues de travail, de membres de la famille, que mon père invitait quand ça lui chantait, des repas à n'en plus finir, des tablées de 20 personnes et plus, qui épuisaient ma mère, qui se faisait toujours engueuler l'air de rien, au moindre truc qu'il manquait sur la table. Et lorsqu'elle en pouvait plus ma mère, qui était responsable ? ben, c'était pas mon père, c'était ma sœur et moi qui n'aidions pas suffisamment notre mère, ouais les 2 garçons manqués là, qu'on se demandait vraiment pourquoi elles prenaient pas d'initiatives en cuisine ou autres et qu'elles préféraient aller tripatouiller sur l'établi à Papa, apprendre à planter des clous et à scier du bois toutes seules. Elles avaient vraiment jamais rien fait comme il faut ces 2 gamines. 1) ça n'était pas des garçons 2) Elles imitaient les garçons du coup 3) Elles étaient plus douées pour le bricolage que les tâches ménagères du coup, puisqu'on leur avait dit que les garçons c'était mieux, et elles jouaient aux petites voitures plus souvent qu'à la poupée 4) il fallait quand même qu'elles prennent conscience de ce qu'une femme doit faire, malgré qu'on leur avait dit que c'était nul les femmes, tu parles qu'elles en avaient vachement envie de se coltiner tous les stéréotypes des tâches dévolues aux femmes, elles avaient envie de grimper aux arbres, de jouer au foot, de faire toutes les acrobaties possibles et imaginables en vélo, en patins à roulettes et en skate board, elles voulaient porter des pantalons, avoir des vélos de course et si elles avaient eu une bite, elles auraient peut-être même joué à celui qui pisse le plus loin...
Julie82800

Re: Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

PREAMBULE 5 : Le prince charmant s'octroie l'argent que je gagne

Bon, je ne sais plus trop bien où j'en étais. Emménagement avec le Prince Charmant, je disais donc, mon diplôme en poche, et mes premiers boulots à la clé. Ah putain, je gagnais bien ma vie. J'avais une voiture de fonction, la classe. Il se la pétait grave le prince charmant au volant de ma voiture de fonction, en week-end et en vacances. Il était même volontaire pour aller bosser le samedi flamber avec ma bagnole de fonction auprès de ses collègues, quand j'étais en repos (je bossais pas les week-ends). Là, je crois que j'ai refusé, c'était stipulé dans mon contrat de travail, que je pouvais la prêter à mon conjoint (la bagnole de fonction), mais pas pour des trajets domicile-travail (elle était pas assurée pour). Ben, il voulait quand même y aller, il voyait pas où était le problème... J'étais franchement pas sympa. Je crois que j'ai eu droit à de bonnes engueulades et autres bouderies, genre je te parle pas de la journée, parce-que j'étais bien trop tatillon.

Et aussi, j'avais droit à 80,00 F de frais de repas par jour travaillé, sans avoir de justificatif à fournir. Et voilà le prince charmant, qui commençait à se mêler que j'avais qu'à manger pour le moins cher possible le midi (genre sandwichs à la boulangerie) pour que ça fasse plus de fric pour le ménage. J'obéissais pas trop, ça plaisait pas au Prince Charmant, oulala, non. Je mangeais souvent le midi pour environ les 80 F qui m'étaient alloués par ma boîte, non mais ! Ah, et aussi, j'avais des belles primes, des primes de résultats. Elles intéressaient beaucoup le prince charmant mes primes. Allez, je vous la fais, parce-que elle est trop bonne celle-là. Le prince charmant me susurre innocemment : "Si on allait faire un tour chez Darty, voir un peu comment c'est ces nouveaux lecteurs de CD qui vont remplacer les vinyles." Ah ben oui, pourquoi pas, on pouvait aller regarder, se faire une idée... Bon, une fois dans le magasin, on regarde, un vendeur nous donne quelques renseignements même si on en demandait pas (évidemment, c'est leur boulot, ils sont là pour ça). Et quand on sort du magasin, le prince charmant pète un câble en plein centre commercial, que c'était pas la peine que je sois venue regarder des lecteurs CD avec lui, si c'était pas pour en acheter un. Ah bon ? Mais je croyais qu'on était juste venus regarder, moi. "Bon, je lui réponds, ouais c'est sympa ces CD, le son est agréable. Mais avec quel argent on va l'acheter le lecteur CD ?" Réponse du Prince Charmant : "Ben, avec la prime que tu vas toucher à la fin du mois. Avec la CB à débit différé, c'est bon, on peut l'acheter maintenant". Le tout en continuant à faire un esclandre en public, que j'ai pas eu l'idée moi-même de dépenser ma prime pour la révolution du monde de la hi-fi qui advenait et pour laquelle il était hors de question que le prince charmant ne fasse pas partie des premiers à avoir un tel joujou.

Alors, pour mettre fin à l'esclandre public, docilement, j'entrais dans le magasin, et on acheta le lecteur CD dont rêvait le prince charmant avec ma prime, que j'avais pas encore touchée...
Julie82800

Re: Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

CHAPITRE 1 : Mariage et mascarade

Bon alors, il advint ensuite la demande en mariage. Moi, bon, me marier, j'étais pas trop pour. Je voyais pas l'utilité. Mais il le demanda tellement bien le Prince Charmant, c'était attendrissant. Il me le demanda lors d'un mariage dans sa famille, où sur le plan de table, ne connaissant pas mon nom de famille, sa famille m'avait déjà affublée du leur accolé à mon prénom. Oh, comme c'était mignon. Ils étaient déjà en train de me prendre pour une conne, mais c'était inconscient, n'est-ce pas ?

Et puis bon, j'avais aussi 2 avantages à me marier. Le premier, c'était ces imbéciles de recruteurs qui veulent toujours savoir si on est célibataire, marié ou en couple. Moi, je mettais célibataire, sur mes CV. J'arrivais pas à mettre : en couple. Ben oui, mon père avait refusé que nous allions en vacances dans ma famille maternelle, parce-que nous n'étions pas mariés, c'était une honte, il fallait nous cacher tant que nous n'étions pas mariés. Alors, partout, je cachais que j'étais en couple. Me marier résolvait le problème, je n'aurais plus à me cacher d'être en couple.

Et j'avais un 2ème avantage à me marier : faire une belle fête de mariage, comme Papa les aimait, un vrai mariage où on s'amuse, où on met les petits plats dans les grands, où on invite plein de monde, où on danse, et où on en jette bien à toute la famille. Je m'appliquais beaucoup pour que la fête soit réussie et corresponde bien aux stéréotypes de Papa, j'organisais tout bien comme il faut. Je fis toutefois scandale, en refusant de me marier à l'église (mais bon, comme le prince charmant était athée, je ne rencontrais pas trop de difficultés à maintenir ma position auprès de ma famille paternelle, que c'était un scandale, que jamais personne dans cette famille ne s'était marié jusqu'à présent sans la bénédiction de Monsieur le Curé, qui avait plusieurs maîtresses attitrées d'ailleurs, mais bon, faites ce que je dis, pas ce que je fais).

J'enfilais donc la robe de mariée le jour J et confiais à une amie d'enfance : "J'ai l'impression d'être déguisée." Allez pour le fun, voici comment mon père selon la tradition m'amena à son bras jusque dans la Mairie. Une partie des invités nous rejoignaient à la Mairie. Je me mis à leur faire la bise, évidemment, il fallait bien que je dise bonjour à tout le monde, c'était la moindre des choses. Tout le monde veut saluer le marié et la mariée. Et là, mon père égal à lui-même se mit à gueuler qu'on allait être en retard, qu'il fallait entrer dans la Mairie, où l'adjoint au Maire nous attendait et que je ferai la bise aux invités après (il était genre 13h55 pour un mariage programmé à 14h00, il y avait pas le feu quand même). Je fis quand même la bise aux invités, je continuais à tout faire de travers, comme à mon habitude. Bon, on n'avait plus beaucoup de temps avant d'entrer dans la Mairie, Papa l'avait dit. Alors, je courais légèrement pour rejoindre mon père qui s'impatientait en bas des marches de la Mairie (oui, c'était une Mairie avec un bel escalier tout neuf). Indignation du paternel : "Mais arrête, une mariée qui court, on n'a jamais vu ça !!!" Décidément, le garçon manqué déguisé en mariée avec sa belle robe longue ne faisait toujours rien comme il faut. C'est avec un air renfrogné que mon père m'empoigna le bras pour gravir les marches de la mairie et me conduire jusqu'à la salle des mariages.

Puis arriva le Prince Charmant, au bras de sa mère. Ou c'était le contraire, je sais plus. En principe le prince charmant est déjà arrivé au bras de sa mère, lorsque la promise arrive au bras de son père. Enfin bon, on s'en fout un peu aujourd'hui. Après, c'est assez cocasse et révélateur (j'ai plus la vidéo, qu'est-ce que je pourrais bien en faire d'ailleurs ? à part un documentaire pour la prévention, mais je l'ai suffisamment regardée pour m'en souvenir). Ce qui fût cocasse, c'était l'échange des fameux "Oui". Naïvement, à la lecture de tout ce à quoi, je m'engageais, je répondis un Oui franc et sincère. Mon époux, lui, répondit, un tout petit Oui, à peine audible... Non, j'ai rien insinué, on va dire que j'interprète de travers après.
Julie82800

Re: Comment on en arrive où j'en suis... Reprise du récit

Message par Julie82800 »

CHAPITRE 2 : Le voyage de noces

Alors nous convolâmes vers une destination originale choisie par le prince charmant. Si, il avait de très bonnes idées quand il voulait, fallait bien qu'il y ait des trucs intéressant pour que je reste. Nous partîmes en pénichette sur le canal du midi.

On nous remis la pénichette en nous donnant quelques conseils pratiques et techniques sur l'accostage, l'arrimage et le passage des écluses.

Evidemment, c'est qui qui la conduisait la pénichette ? Le prince charmant. Il fallait qu'il l'ait bien en main d'abord avant de bien vouloir m'en confier le manche (heu non, pardon, le gouvernail).

Premier accostage. Il approche l'avant de la rive et moi je devais sauter avec un cordage à la main arrimer l'avant du bateau, et lui se précipiter ensuite à l'arrière en sautant aussi sur la rive un cordage à la main pour arrimer l'arrière de la pénichette. Le loueur avait dit qu'avant d'accoster, il fallait observer d'où venait le vent pour que celui-ci plaque l'arrière du bateau contre la rive. Je fais remarquer au Prince Charmant que vu d'où vient le vent, il faudrait probablement mieux accoster avec l'arrière du bateau dans l'autre sens. "Beuh non!!! J'accoste. Allez vas-y saute et arrime l'avant du bateau". Bon, puisqu'il savait mieux que moi, je m'exécutais... Et ce qui devait arriver arriva, nous vla tous les deux sur la rive, à lutter contre le vent qui éloignait la pénichette de la rive malgré les biscoteaux du Prince Charmant (ah oui, il avait un petit côté Super Man aussi, très costaud, il pensait qu'il pouvait tout maîtriser par sa force musculaire, bien au dessus de la norme, et ça c'est vrai, une force un peu surhumaine, il avait). On avait beau tirer sur les cordages, le vent était plus fort que nous. Evidemment, c'était la faute à qui ? Ben, à moi qui tirait pas assez fort sur mon cordage. Et le voilà parti à gueuler : "Je vais rendre le bateau puisque c'est comme ça !!!". Il y avait un monsieur un peu plus loin qui nous lança : "Mais enfin, calmez vous, vous êtes en vacances, profitez en, au lieu de gueuler." Déconfite, je n'osais pas lui répondre : "Ah, et en plus si vous saviez Monsieur, non seulement on est en vacances, mais en plus c'est notre premier jour de voyage de noces."

Finalement, le prince charmant finit par admettre qu'il fallait laisser faire le vent, comme je le disais (enfin moi, j'avais pas la science infuse, j'avais juste écouté les recommandations du loueur de pénichettes), juste maintenir l'avant du bateau contre la rive, qu'il grimpe à nouveau sur le bateau, puisque il n'était pas question que je touche au gouvernail pour l'instant, et qu'il manœuvre pour mettre l'arrière du bateau dans l'autre sens. Il le fit à contrecœur. Et nous accostâmes comme par magie, sans difficultés, en un clin d’œil.

Bon, le reste du voyage de noces se passa mieux. Mais cet épisode montrait déjà bien le ton que prendrait notre vie de couple, maintenant que nous étions mariés. L'étau se resserrait. J'avais dit "Oui" à la Mairie maintenant, et signé un bout de papier qui lui donnait encore plus de droits sur moi.
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