un grand besoin de soutien

Forum pervers narcissique, manipulateur, manipulatrice
beatrice24
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un grand besoin de soutien

Message par beatrice24 »

Bonjour,

Voilà 6 ans j'ai mis fin à mon mariage de plus de 20 ans, avec trois enfants car j'ai découvert mon homosexualité. Accompagnée par une psychologue, j'ai découvert une agression sexuelle lorsque j'étais enfant, trop de violence, ma mémoire l'a effacée. Lorsque j'ai rencontré ma compagne, j'étais anéantie par autant de gâchis, je ne pouvais pas rester avec un homme mais j'aimais la vie de famille que j'avais construite. Ma compagne m'a soutenu et essuyé toutes mes larmes, m'a donné de très précieux conseils, je me suis laissée faire, tellement perdue. Son amour paraissait sans failles. Elle me disait un tas de choses mais ne me permettait jamais de les mettre en action. Sa seule peur est que je lui échappe. C'est ma psy qui a prononcé pour la première fois les mots de manipulateur narcissique. J'ai beaucoup lu sur le sujet, je lui ai trouvé toujours des circonstances atténuantes. Au fil de ces 5 années, une certaine dépendance affective s'est développée. Entre la séparation, l'annonce de mon homosexualité et tout ce qu'elle a mis en place pour m'éloigner des dernières personnes qui était encore près de moi, je suis aujourd'hui totalement seule, de plus sa jalousie m'a empêché de nouer de nouvelles connaissances, aujourd'hui, je n'ai pas la force de fuir car elle m'offre le peu d'affection qui reste dans ma vie. Je dois faire face à mes blessures anciennes, la solitude, sa perversion, et je n'y arrive pas, je suis dans le constat et l'impuissance. La seule chose que j'ai pu faire c'est prendre un premier rendez-vous avec une hypnothérapeute. Ma psy ayant réussi à me révéler mes démons mais pas à les faire fuir. Bref c'est comme arrêter une drogue et je n'y arriverai pas seule...Merci de m'avoir lu.
Dubreuil
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Re: un grand besoin de soutien

Message par Dubreuil »

Entre la séparation, l'annonce de mon homosexualité et tout ce qu'elle a mis en place pour m'éloigner des dernières personnes qui était encore près de moi, je suis aujourd'hui totalement seule, de plus sa jalousie m'a empêché de nouer de nouvelles connaissances, aujourd'hui, je n'ai pas la force de fuir car elle m'offre le peu d'affection qui reste dans ma vie.

*** C'est une pensée paradoxale car en décrivant votre ressenti, vous démontrez qu'une personne PN est incapable de donner d'affection.
Vous êtes surtout perdue parce que vous avez la terreur de la solitude. Vous vous sentez vampirisée, vide de toute énergie.

Vivez-vous encore dans le même lieu ?
Avez-vous des revenus personnels pour assumer seule votre quotidien ?
Avez-vous peur de votre "compagne" ? Physiquement et mentalement ?
Si vous pouviez récupérer votre énergie psychique, que feriez-vous ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: un grand besoin de soutien

Message par Dubreuil »

LE SOULEVEMENT PERVERSIF (détails)

Initialement, la perversion narcissique a été découverte par Paul-Claude Racamier (1978) après plus de vingt-cinq années de recherches auprès des familles à transactions schizophréniques, à une époque où l’étude des questions de survie narcissique, d’identité narcissique, de capacité narcissique ou de déficience et de fragilité narcissique était devenue une nécessité pour rendre compte de certains processus psychotiques.
Les travaux de ce chercheur se sont essentiellement articulés autour de deux pôles : les psychoses – dont l’approche a considérablement bouleversé la clinique –, et les perversions ; tous deux en lien avec une source commune : le narcissisme. Son parcours l’a conduit du pathologique le plus souffrant au normal ordinaire de la croissance psychique en procédant d’un examen à rebours – pourrions nous dire – de l’être humain dans son environnement.
Il résulte de cette démarche que la perversion narcissique décrit l’évolution de la personnalité d’un individu selon des modalités prenant en compte la qualité de ses interactions avec son entourage. Nous sommes donc là sur une conception dimensionnelle – et non pas catégorielle – du fonctionnement psychique, ce qui la place en parfaite contradiction avec l’utilisation qui est aujourd’hui faite du concept de pervers narcissique.

Ainsi, pour Racamier, du moment perversif – ou soulèvement perversif – à la perversion pleine, il existe tout un éventail de configurations possibles, mais le plus important à comprendre dans la perversion narcissique, précise-t-il, c’est le mouvement qui l’anime et dont elle se nourrit. Ce mouvement peut ne constituer qu’un moment de la vie, lors de désarroi psychique ou de crise, avant de rétrocéder.
Or, comment ne pas confondre un mouvement pervers narcissique amorcé par un pervers "ponctuels ou partiels, passagers ou manqués", avec un pervers narcissique "accompli" au sens qu’en donne Racamier ?
La réponse à cette question est très importante, car si du point de vue des victimes, les souffrances qu’elles éprouvent sont strictement les mêmes dans un cas comme dans l’autre, du côté de l’instigateur du mouvement pervers narcissique, la différence est énorme, car contrairement à tout ce qui est affirmé dans certains magazines de presse plus prompts à attiser une guerre des sexes plutôt qu’à l’apaiser, certains "pervers narcissiques" peuvent très bien prendre conscience de leurs comportements destructeurs envers autrui à condition que l’on puisse les y aider et que leurs failles narcissiques soient clairement identifiées.

1) "Le mouvement pervers narcissique est une façon organisée de se défendre de toutes douleur et contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui et non seulement sans peine mais avec jouissance."

2) Quant à la perversion narcissique, elle "définit une organisation durable ou transitoire caractérisée par le besoin, la capacité et le plaisir de se mettre à l’abri des conflits internes et en particulier du deuil, en se faisant valoir au détriment d’un objet manipulé comme un ustensile et un faire-valoir" (Racamier, 1993).

Tous les manipulateurs ne sont pas pervers narcissiques
Outre la première confusion déjà évoquée entre mouvement perversif et pervers narcissique, ce dernier point met à jour une autre source d’erreur située au niveau des interactions sociales, car "la perversion narcissique est faite avant tout d’actions et de conduites" (Racamier, 1992, p. 289).
C’est là le pré carré des comportementalistes qui amalgament faussement le pervers narcissique avec le manipulateur en restreignant l’analyse des situations d’emprise au seul domaine de la manipulation, mais si tous les pervers narcissiques sont forcément des manipulateurs en puissance, tous les manipulateurs ne sont pas pervers narcissiques.

Pour comprendre en quoi la manipulation est dangereuse, il faut s’intéresser aux buts qu’elle vise, car si nous manipulons tous, nous ne manipulons pas tous pour les mêmes raisons. C’est là toute la différence.
Ces raisons peuvent être altruistes, matérielles et/ou narcissiques. Seuls les manipulateurs usant de manipulation narcissique – ou matérielle et narcissique – peuvent être considérés comme pervers narcissiques, car ce type de manipulation induit un "meurtre psychique" chez les sujets visés. Autrement dit, elles sont destructrices et aboutissent à un décervelage des personnes qui en sont la cible. Ce processus n’est toutefois pas irréversible, d’où l’importance d’un bon diagnostic et d’une prise en charge adaptée.


LA PERVERSION NARCISSIQUE (détails)
“Le langage est perverti. Chaque mot cache un malentendu qui se retourne contre la victime désignée.” M.-F. Hirigoyen.

La violence psychologique
Elle consiste en une série d’attitude et de propos qui visent à dénigrer et à nier la façon d’être, ou l’être, d’une autre personne, avec pour intention et/ou pour effet de déstabiliser, de blesser cet autre.
La particularité de la violence psychologique perverse, comme façon d’être en relation, est que cette attitude et ces actions ne sont pas suivies de regrets ou d’excuses. Pour celle ou celui qui l’exerce, la violence psychologique est déniée, invisible voire inavouable. La négation de l’autre passe par la considération de celui-ci comme objet.
La fatigue émotionnelle qui découle de la violence psychologique, du climat général de ‘négation de l’autre’, notamment dans ses émotions et ressentis, est renforcée par le caractère insidieux et durable dans lequel ce mode relationnel peut s’installer.

“Ces agressions relèvent d’un processus inconscient de destruction psychologique, constitué d’agissements hostiles évidents ou cachés, d’un ou de plusieurs individus, sur un individu désigné, souffre-douleur au sens propre du terme. Par des paroles apparemment anodines, par des allusion, des suggestions ou des non-dits, il est effectivement possible de déstabiliser quelqu’un, ou m^me de le détruire, sans que l’entourage intervienne. Le ou les agresseurs peuvent ainsi se grandir en rabaissant les autre, et aussi s’éviter tout conflir intérieur ou tout état d’âme en faisant porter à l’autre la responsabilité de ce qui ne va pas. (…) Pas de culpabilité, pas de souffrance.

Il s’agit là de perversion au sens de la perversion morale. (…) Cela ne devient destructeur que par la fréquence et la répétition dans le temps. Ces individus ne peuvent exister qu’en “cassant” quelqu’un : il leur fait rabaisser les autres pour acquérir une bonne estime de soi, et par là même acquérir le pouvoir, car ils sont avides d’admiration et d’approbation. Ils n’ont ni compassion ni respect pour les autres puisqu’ils ne sont pas concernés par la relation. Respecter l’autre, c’est le considérer en tant qu’être humain et reconnaître la souffrance qu’on lui inflige. “, M.-F. Hirigoyen.

L’emprise
Elle consiste en la préparation psychologique destinée à soumettre l’autre, à le contrôler, à établir un pouvoir sur lui/elle, et s’apparente à un abus psychologique, à un viol psychologique.
Il ne s’agit pas moins qu’assujettir autrui, par des moyens subtils, répétitifs, voilés et ambigus et c’est en cela qu’ils sont efficaces. Sous couvert de confidence, d’aveu, à travers des mots qui paraissent sincères et corrects, “de l’extérieur” il s’agit de disqualifier l’autre (humiliations, malveillance), d’instaurer un contrôle, voire de détruire l’autre. Pernicieux et amoraux, “à petites touches déstabilisantes”, ces moyens s’apparentent à un conditionnement, voire à un “lavage de cerveau”.
Chez la victime de l’emprise, les points d’entrée possibles, les accroches possibles peuvent être multiples : la confiance, l’empathie, la bienveillance, la naïveté, la faiblesse (on parle souvent d’abus de faiblesse en situation d’emprise et de harcèlement moral),…

Harcèlement moral
Il consiste en des violences récurrentes, et c’est la récurrence elle-même qui est une violence : paroles humiliantes, flux de parole recouvrant l’autre, regards méprisants, tonalité menaçante, chantage, victimisation, attaque à l’estime de soi de la victime.
“Par harcèlement sur le lieu de travail, il faut entendre toute conduite abusive se manifestant notamment par des comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits, pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne, mettre en péril l’emploi de celle-ci ou dégrader le climat de travail.
(…) De toutes ces agressions, on ne meurt pas directement, mais on perd une partie de soi-même. on revient chaque soir, usé, humilié, abîmé. Il est difficile de s’en remettre.” M.-F. Hirigoyen.

Chaque remarque, geste, regard, en soi, peut être considéré comme anodin, mais c’est le quotidien de leur accumulation qui épuise et qui fait douter la victime d’elle-même1. Et la victime du harcèlement devient le présumé coupable : quoi qu’elle fasse ou dise, cela sera retenu contre elle par son agresseur.

Les leviers du harcèlement sont en particulier2 :
1. Le contrôle de la victime
“surveiller quelqu’un de manière malveillante avec l’idée de le dominer et de le commander. On veut tout contrôler pour imposer la façon dont les choses doivent être faites”
J’irai même jusqu’à dire qu’il s’agit de contrôler la manière dont la réalité doit être perçue par la “victime”, sans lien avec l’idée de vérité des faits. D’où cette idée de “lavage de cerveau”. Il y a manipulation du réel de l’autre, et aucun intérêt pour la vérité, tant que la construction imposée est plausible et non décelable dans son mensonge.
Mensonge – faire du réel ce que l’on veut, croire à ses propres mensonges
Rumeurs – faire de l’autre, du réel l’objet de ses fantasmes
L’hyper-contrôle, la surveillance exercée, la malveillance continue génère le manque d’oxygène.

2. L’isolement de la victime
Le harcèlement moral passe par un isolement de la victime afin d’assurer l’absence de contact direct avec ce dont / le monde dont il est question de construire une représentation. Le/la harceleur.se doit s’assurer de rester en position de filtre par rapport à l’extérieur, par rapport au réel.
Une énergie considérable peut être dépensée par le/la harceleur.se pour conserver cette place d’intermédiaire, pour garder le contrôle, pour éviter que la manipulation ne s’effondre.

3. Acculer la victime par l’attribution d’intentions non fondées (suspicion, comportement jaloux,…)
La succession des procédés suivants contribue au harcèlement moral : procès d’intentions, crises de jalousie, demandes permanentes de justification, etc.

4. Répétition, usure, trop plein
La victime finit par ressentir un manque d’oxygène, l’impression d’être prise au piège, entravée dans ses mouvements.
L’usure, la répétition consiste justement à ne pas laisser l’autre respirer, par “la répétition à satiété” d’un message (le harceleur le répète autant à lui-même qu’à sa victime jusqu’à que ce message devienne la réalité par l’abaissement de la garde, par l’usure, par la résignation)
Le flot de parole génère par exemple l’occupation de la disponibilité de l’autre, la médisance répétée remodèle le réel par les mot, “met en tête”, “fait croire” à un réel qui n’est que celui de celui qui aimerait que ce réel soit la réalité, et qui réalise dans la tête des autres, qui immisce dans la tête des autres sont fantasme, par la manipulation.

5. Demande d’hyper-disponibilité versus absence de disponibilité
Le harceleur demande une disponibilité totale à sa victime, et oppose en retour une indisponibilité à l’autre : “je suis surbooké”, “je n’ai pas le temps de t’écouter, de faire ce que tu me demandes”, mais je te noie dans mon flot de parole, de demandes, d’informations, d’exigences,…
La perversion narcissique : réduire l’autre à néant
Les mots pervers ne s’ancrent pas dans le réel et amènent la victime à oublier même qui elle est
Ce qui compte pour le harceleur, c’est ce qu’il veut dire, faire croire, faire circuler, indépendamment de la véracité.
L’autre est un fantasme au service de cette construction du réel qui vient nourrir l’égo du harceleur. Celui-ci est déconnecté du réel, il vit dans un sentiment d’impunité, qui rend possible l’absence de nécessité pour son discours d’être vrai : ce discours se fait passer pour vrai et cela est suffisant, en tout impunité – “c’est sa parole contre celle de la victime”3, et le harceleur se positionne souvent en place dominante, et socialement protégée pour le faire. La victime est en position de faiblesse et sa parole, même si elle dit le vrai, vaut moins.
“l’enjeu de la violence est toujours la domination”
“Le point commun de ces situations est que c’est indicible : la victime, tout en reconnaissant sa souffrance, n’ose pas vraiment imaginer qu’il y a eu violence et agression. un doute persiste parfois : “Est-ce que ce ne serait pas moi qui inventerais tout cela, comme certains me le suggèrent ?” Quand elle ose se plaindre de ce qui se passe, elle a le sentiment de mal le décrire, et donc de ne pas être entendue.” M.-F. Hirigoyen.
Il s’agit de détruire l’autre, symboliquement ou non, en tant que personne. Chez le pervers narcissique, il y a même une jouissance à dominer l’autre, à observer l’autre dans sa soumission.
“La perversité ne provient pas d’un trouble psychiatrique mais d’une froide rationalité combinée à une incapacité à considérer les autres comme des êtres humains. (…) il s’agit de “prédation” c’est-à-dire d’un acte consistant à s’approprier la vie.” M.-F. Hirigoyen.

A l’inverse d’un conflit entre deux personne, la violence psychologique perverse écrase la victime de celle-ci dans une asymétrie. Lors d’un conflit, l’identité de celui auquel on s’oppose reste à l’inverse préservé : il reste respecté en tant qu’individu, malgré le désaccord. La violence perverse est également distincte de l’agression : la première est insidieuse et répétitive, la seconde, ponctuelle et plus ouverte.
“J’ai choisi délibérément d’utiliser les termes agresseur et agressé, car il s’agit d’une violence avérée, même si elle est occulte et tend à s’attaquer à l’identité de l’autre, et à lui retirer toute individualité. C’est un processus réel de destruction morale, qui peut conduire à la maladie mentale ou au suicide.” M.-F. Hirigoyen.

Ces distorsions du réel se font au détriment de l’autre, en tant qu’être : il n’est qu’objet et en cela est nié en tant que sujet. Cette négation de l’autre dans son être est d’autant plus violente que la victime présente une faille narcissique,, une faiblesse, qui est la brèche de l’emprise perverse : le contextuel rejoint dangereusement le constitutif, d’où l’enjeu vital de la conquête d’une parole juste sur ce qui est en train de se passer dans la relation toxique, pour en sortir.
“Dans la violence (…), l’autre est empêché de s’exprimer. Il n’y a pas de dialogue”
“Cela débute par un abus de pouvoir, se poursuit par un abus narcissique au sens où l’autre perd toute estime de soi (…)” M.-F. Hirigoyen.
Le refus de dialogue provient de l’incapacité du harceleur pervers à rentrer en discussion avec l’autre sur un mode horizontal, l’interlocuteur n’étant pas légitime, valable, voir n’existant pas en tant qu’interlocuteur, puisque seulement objet de ses désirs et fantasmes de toute-puissance.
Dès lors toute résistance, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas soumission au pouvoir exercé, est insupportable car incontrôlable et peut provoquer une “rage narcissique“.
La parole vraie et entendue de la victime est dès lors vitale pour reconquérir son statut d’être, de sujet et pour ne pas être tuée comme sujet, pour ne pas devenir qu’objet de la manipulation de celui qui exerce cette violence, cette négation insupportable.

26. Ruses, stratégies et tactiques des pervers narcissiques
Le pervers a en général beaucoup d’imagination, et il est difficile de recenser, ici, les milliers de ruses et tactiques, dont il dispose dans son arsenal.

27. Séduction, jeu sur les apparences
Contrairement au pervers de caractère, qui irrite son entourage par ses revendications et nie radicalement l’autre, le pervers narcissique, lui, réussit à créer un élan positif envers lui. Comme toute personne manipulatrice, il sait se rendre aimable.
Il change de masque suivant les besoins, tantôt séducteur paré de toutes les qualités, tantôt victime faible et innocente. Il a un souci scrupuleux des apparences, donnant le plus souvent l’image, valorisante pour son ego, d’une personne parfaite, image qui cache son absence d’émotion, d’amour, de sincérité et d’intérêt pour tout ce qui n’est pas lui. Il ne s’intéresse pas à la réalité, tout est pour lui jeu d’apparences et de manipulation de l’autre. Il excelle à susciter, amplifier et faire alterner chez l’autre regrets et peurs.

28. Dissimulation
Le pervers agit à l’abri des regards. Les maltraitances sont rarement sous le feu des projecteurs, mais plutôt perpétrées dans le secret des alcôves. Les pervers sont les professionnels de la double vie et de la double personnalité.

29. Mimétisme
Ce sont de véritables caméléons, aptes à mimer les attitudes et les paroles de son interlocuteur pour susciter chez lui l’illusion d’un accord parfait, d’une entente exceptionnelle qui ne cesse de s’approfondir. Le mimétisme est d’ailleurs l’une des techniques employée par la Programmation neuro-linguistique.

30. Diviser, cloisonner ses relations
Par prudence, il divisera et cloisonnera ses relations, afin qu’on ne puisse pas recouper ses mensonges ou que ses victimes ne risquent pas de se s’allier contre lui. Sa technique, dans ce domaine, finit par être magistrale.

31. Vous encenser pour mieux vous couler
Il commence par vous encenser. Vous êtes le meilleur, le plus doué, le plus cultivé… Personne d’autre que vous ne compte pour lui (il n’hésite d’ailleurs pas à dire la même chose successivement à plusieurs personnes). Ces éloges et ces protestations d’attachement lui permettent de mieux « vous couler » ensuite en jouant sur l’effet de surprise, et de vous atteindre d’autant plus que vous ne vous attendiez pas à l’attaque et qu’il a en outre pris soin de choisir précisément le moment où vous pouviez le moins vous y attendre.

32. Se valoriser sans cesse et dévaloriser l’autre
Les Narcisse cherchent à évoluer sous les feux de la rampe, à choisir des situations où d’autres pourront les admirer. Ils veulent capter l’attention de leurs semblables qu’ils considèrent, par ailleurs, comme de simples faire-valoir, victimes potentielles qu’ils n’hésiteront pas à critiquer en public, souvent insidieusement.

33. Le principe d’autorité
Il utilise son pouvoir de séduction, ses talents de comédien, son apparence de sérieux, toutes les facettes de ses « personnalités » pour s’imposer. Il aime arrêter toute discussion par quelque phrase définitive, utilisant le principe d’autorité : « Je suis malade ! », ou bien « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ! », « Je ne peux pas discuter avec toi pour l’instant, tu vois bien que je suis pris ».

34. L’induction (suggérer l’idée à l’autre)
La grande force du pervers narcissique est l’art de l’induction.
Il s’applique à provoquer chez l’autre des sentiments, des réactions, des actes, ou, au contraire, à les inhiber. Il fonctionne en quelque sorte comme un magicien maléfique, un hypnotiseur abusif, utilisant successivement injonctions et séduction. Evitant d’exprimer à l’autre ce qu’il pense, de l’éclairer sur ses intentions, il procède par allusion, sans jamais se compromettre. Pour mieux duper, il suscite chez l’autre un intérêt pour ce qui va faire l’objet de la duperie, qu’il va rendre aussi alléchant que possible sans jamais en parler ouvertement. Etalant connaissances, savoir, certitudes, il va pousser l’autre à vouloir en savoir plus, à convoiter l’objet en question et à exprimer son désir de se l’approprier .
Il procède de la même façon s’il a l’intention a priori de refuser quelque chose. L’autre, qui n’avait pas l’idée de demander quoi que ce soit, va se sentir pris à contre-pied sans savoir exactement pourquoi : il se promettra alors de ne jamais demander quelque chose, il doutera de sa propre honnêteté, ou même se sentira suspect, entrant inconsciemment dans le jeu du pervers narcissique. Ce dernier, pour prendre l’ascendant sur sa « victime », assortira volontiers son discours d’un message moralisateur et s’affichera comme un être « noble et pur », contraignant l’autre qui ne veut pas être repoussé à s’identifier à cette morale, que cela soit dans l’acceptation ou le refus de la chose suggérée.
Faisant parler le pervers narcissique, Alberto Eiguer écrit : « Il faudrait que vous agissiez de sorte qu’il ne reste aucun doute que vous êtes moi… et que tout ce que vous faites, dites ou éprouvez, confirme que je suis le seul, moi, le plus grand et cela même au prix de votre propre disqualification ». On touche ici au fondement de l’induction narcissique.

35. Contradictions ou contradictions apparentes
Un jour, relâchant sa vigilance, content et fier de son coup, le pervers narcissique pourra même se vanter auprès de tiers auxquels il prête ses propres pensées, de son succès, l’autre l’avait mérité, puisqu’il « n’avait qu’à ne pas être si bête et si naïf ».
Mais même quand les contradictions de son comportement éclatent, semant alors le doute sur sa personnalité, ses intentions ou sa sincérité, il parvient le plus souvent à rattraper ses erreurs et à restaurer la belle image de lui-même qu’il a laissée se fissurer par manque de prudence. Il affirmera alors, par exemple, qu’il a plaisanté et qu’il ne cherchait qu’à tester son interlocuteur.
La plupart du temps, on lui pardonnera malgré tout, parce qu’il sait se rendre sympathique et surtout parce qu’il a toujours une explication pour justifier un comportement soudain contradictoire. L’erreur « désastreuse » sera mise sur le compte d’une faiblesse momentanée, d’une fatigue, d’un surmenage, d’une maladie. Finalement, on se dira que toute personne « parfaite » est faillible.
« Le pervers narcissique aime la controverse. Il est capable de soutenir un point de vue un jour et de défendre les idées inverses le lendemain, juste pour faire rebondir la discussion ou, délibérément, pour choquer. » (Marie-France Hirogoyen, Le Harcèlement moral, page 108)

36. Emploi de messages paradoxaux
Le pervers narcissique se complaît dans l’ambiguïté. Par ses messages paradoxaux, doubles, obscurs, il bloque la communication et place sa victime dans l’impossibilité de fournir des réponses appropriées, puisqu’elle ne peut comprendre la situation. Elle s’épuise à trouver des solutions qui seront par définition inadaptées et rejetées par le pervers dont elle va susciter les critiques et les reproches. Complètement déroutée, elle sombrera dans l’angoisse ou la dépression (voir Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement Moral, la communication perverse, p. 111).

37. Calomnies et insinuations
« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! » (Beaumarchais)
Le pervers narcissique a le talent de diffamer sans avoir l’air d’y toucher, prudemment, en donnant l’apparence de l’objectivité et du plus grand sérieux, comme s’il ne faisait que rapporter des paroles qui ne sont pas les siennes. Souvent il ne porte pas d’accusation claire, mais se contente d’allusions voilées, insidieuses. À la longue, il réussira à semer le doute, sans avoir jamais prononcé une phrase qui pourrait le faire tomber sous le coup d’une accusation de diffamation.
Il usera du pouvoir de la répétition et ne cessera pas de semer le doute sur l’honnêteté, sur les intentions de l’adversaire qu’il veut abattre s’appuyant sur la tendance humaine à croire « qu’il n’y a pas de fumée sans feu ».

38. Fausse modestie
Lors de l’utilisation de la technique de l’induction (voir plus haut), il se présente bien volontiers comme une personne modeste, n’osant pas proposer ses solutions ou l’objet de sa duperie (l’appât), l’objet qu’il veut soumettre à la convoitise de l’autre.
Comme un rusé paysan, il est capable parfois de se faire passer pour bête et naïf, prêchant le faux pour savoir le vrai. Un très bon moyen de guerre psychologique pour tirer les vers du nez d’une personne trop pleine de certitudes.

39. Confusion des limites entre soi et l’autre
Le pervers narcissique n’établit pas de limites entre soi et l’autre. Il incorpore les qualités de l’autre, se les attribue pour pallier les faiblesses de sa véritable personnalité et se donner une apparence grandiose. Ces qualités qu’il s’approprie, il les dénie à leur véritable possesseur, cela fait partie intégrante de sa stratégie de la séduction. « La séduction perverse se fait en utilisant les instincts protecteurs de l’autre. Cette séduction est narcissique : il s’agit de chercher dans l’autre l’unique objet de sa fascination, à savoir l’image aimable de soi. Par une séduction à sens unique, le pervers narcissique cherche à fasciner sans se laisser prendre. Pour J. Baudrillard, la séduction conjure la réalité et manipule les apparences. Elle n’est pas énergie, elle est de l’ordre des signes et des rituels et de leur usage maléfique. La séduction narcissique rend confus, efface les limites de ce qui est soi et de ce qui est autre. On n’est pas là dans le registre de l’aliénation – comme dans l’idéalisation amoureuse où, pour maintenir la passion, on se refuse à voir les défauts ou les défaillances de l’autre – mais dans le registre de l’incorporation dans le but de détruire. La présence de l’autre est vécue comme une menace, pas comme une complémentarité. » (Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement Moral, p. 94).

40. Utilisation de fausses vérités énormes ou crédibles
La communication perverse est au service de cette stratégie. Elle est d’abord faite de fausses vérités. Par la suite, dans le conflit ouvert, elle fait un recours manifeste, sans honte, au mensonge le plus grossier.
« Quoi que l’on dise, les pervers trouvent toujours un moyen d’avoir raison, d’autant que la victime est déjà déstabilisée et n’éprouve, au contraire de son agresseur, aucun plaisir à la polémique. Le trouble induit chez la victime est la conséquence de la confusion permanente entre la vérité et le mensonge. Le mensonge chez les pervers narcissiques ne devient direct que lors de la phase de destruction, comme nous pourrons le voir dans le chapitre suivant. C’est alors un mensonge au mépris de toute évidence. C’est surtout et avant tout un mensonge convaincu qui convainc l’autre. Quelle que soit l’énormité du mensonge, le pervers s’y accroche et finit par convaincre l’autre. Vérité ou mensonge, cela importe peu pour les pervers : ce qui est vrai est ce qu’ils disent dans l’instant. Ces falsifications de la vérité sont parfois très proches d’une construction délirante. Tout message qui n’est pas formulé explicitement, même s’il transparaît, ne doit pas être pris en compte par l’interlocuteur. Puisqu’il n’y a pas de trace objective, cela n’existe pas. Le mensonge correspond simplement à un besoin d’ignorer ce qui va à l’encontre de son intérêt narcissique. C’est ainsi que l’on voit les pervers entourer leur histoire d’un grand mystère qui induit une croyance chez l’autre sans que rien n’ait été dit : cacher pour montrer sans dire. » (Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral, page 94)
Il use d’un luxe de détails pour éteindre la vigilance de ses proches. « Plus le mensonge est gros, plus on a envie d’y croire. »

41. Se poser en victime
Lors des séparations, les pervers se posent en victimes abandonnées, ce qui leur donne le beau rôle et leur permet de séduire un autre partenaire, consolateur.
Il peut se faire passer pour faible, pour le « chien perdu sans collier », prendre la mine de chien battu, les yeux tristes, dont voudront alors justement s’occuper les femmes maternelles, dévouées, celles ayant une vocation de dame patronnesse, celles n’existant que par le dévouement à autrui, celles qui deviendront souvent leur future victime. Cela afin de mieux les faire tomber dans ses filets.
Il a d’ailleurs un talent fou pour se faire passer pour une victime. Comme il a un talent fou, pour se faire passer pour malade ou irresponsable ou tirer profit d’une maladie (imaginaire ou réelle), d’un accident, user ou abuser d’un handicap réel, etc.

42. Création d’une relation de dépendance
L’autre n’a d’existence que dans la mesure où il reste dans la position de double qui lui est assignée. Il s’agit d’annihiler, de nier toute différence. L’agresseur établit cette relation d’influence pour son propre bénéfice et au détriment des intérêts de l’autre. « La relation à l’autre se place dans le registre de la dépendance, dépendance qui est attribuée à la victime, mais que projette le pervers [sur l’autre]. A chaque fois que le pervers narcissique exprime consciemment des besoins de dépendance, il s’arrange pour qu’on ne puisse pas le satisfaire : soit la demande dépasse les capacités de l’autre et le pervers en profite pour pointer son impuissance [celle de sa victime], soit la demande est faite à un moment où l’on ne peut y répondre. Il sollicite le rejet car cela le rassure de voir que la vie est pour lui exactement comme il avait toujours su qu’elle était » (Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement Moral, page 115).

43. Inhiber la pensée critique de la victime
Lors de la phase d’emprise, la tactique du pervers narcissique est essentiellement d’inhiber la pensée critique de sa victime. Dans la phase suivante, il provoque en elle des sentiments, des actes, des réactions, par des mécanismes d’injonction ou d’induction. « Si l’autre a suffisamment de défenses perverses pour jouer le jeu de la surenchère, il se met en place une lutte perverse qui ne se terminera que par la reddition du moins pervers des deux. Le pervers essaie de pousser sa victime à agir contre lui (et à la faire agir d’une façon perverse) pour ensuite la dénoncer comme « mauvaise ». Ce qui importe, c’est que la victime paraisse responsable de ce qui lui arrive ». (Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement Moral, page 122).
Le plus dur pour la victime est de ne pas rentrer dans le jeu, en particulier le jeux des conflits artificiels, provoqués par le pervers.

44. Tactique du harcèlement moral pervers
Isoler quelqu’un, refuser toute communication, ne pas lui transmettre de consignes, multiplier les brimades, ne pas lui donner de travail ou un travail humiliant, au contraire, lui donner trop de travail ou un travail largement au dessus de ses compétences etc. les cas de figure du harcèlement moral, du bizutage ou du mobbing, telles sont les tactiques du harcèlement moral, pouvant se décliner à l’infini.
Selon la définition la plus courante : « Le harcèlement moral est un ensemble de conduites et de pratiques qui se caractérisent par la systématisation, la durée et la répétition d’atteintes à la personne ou à la personnalité, par tous les moyens relatifs au travail, ses relations, son organisation, ses contenus, ses conditions, ses outils, en les détournant de leur finalité, infligeant ainsi, consciemment ou inconsciemment, une souffrance intense afin de nuire, d’éliminer, voire de détruire. Il peut s’exercer entre hiérarchiques et subordonnés, de façon descendante ou remontante, mais aussi entre collègues, de façon latérale ».

45. Tactiques ultimes (sur le point d’être confondu)
Si un emballement peut conduire le pervers narcissique à commettre des actes de violence, il évite soigneusement de se faire « emballer » par la police et la justice. Pour cela, il maîtrise l’art de « l’emballage » des faits dans le discours. Pour paraphraser Philinte, dans ‘Le Misanthrope’ : « Toujours, en termes convaincants, ses dénégations sont dites ». Acculé, il peut se faire passer pour fou, irresponsable de ses actes, car on sait que les fous peuvent tout se permettre (article 122-1 du nouveau Code Pénal).
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Dubreuil
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Re: un grand besoin de soutien

Message par Dubreuil »

LE SYNDROME DE HUBRIS

Le syndrome d'Hubris est un trouble de la personnalité, non une maladie mentale. "Hubris" (ou "hybris") en grec ancien signifiait "démesure" et en anglais "Orgueil". Ce syndrome est inextricablement lié au pouvoir, c'est une condition préalable. Quand le pouvoir passe, le syndrome s'atténue. Une personnalité "hubristique" est particulièrement courante chez les chefs de gouvernement. En psychanalyse, on parle de "syndrome d'hubris" lorsqu'une personne fait preuve de "narcissisme, d'arrogance, de prétention, d'égotisme, voire de manipulation, de mensonge et de mépris" en réaction à son pouvoir. Cette personne a le sentiment d'être invulnérable et d'avoir la toute-puissance. "La personne dépasse les limites de l'admissible dans la perception d'elle-même et dans le rapport aux autres. Il y a une surestimation de soi et une sous-estimation permanente des autres. Dans la notion d'hubris, dans la mythologie grecque, il y a aussi toujours la notion de violence, c'est un retour archaïque à la violence brute, à une puissance uniquement destructrice qui dépasse ce dont les humains devraient se contenter" nous explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre.

Quels sont les symptômes du syndrome d'Hubris ?
Plusieurs symptômes comportementaux sont associés au syndrome d'Hubris. Selon le médecin et ancien ministre anglais David Owen, il faut en présenter au moins trois ou quatre de la liste suivante pour être considéré comme atteint de ce syndrome :

Propension narcissique à voir le monde comme arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire
Prédisposition à engager des actions susceptibles de se présenter sous un jour favorable, c'est-à-dire pour embellir son image
Attrait démesuré pour l'image et l'apparence
Manière messianique de parler de ce que l'on fait avec une tendance à l'exaltation dans la parole et les manières
Identification de soi-même à la nation dans la mesure où les perspectives et intérêts des deux sont identiques.
Tendance à parler de soi à la troisième personne ou à utiliser le "nous"
Confiance excessive en son propre jugement et mépris pour les conseils ou critiques d'autrui.
Confiance en soi exagérée, à la limite d'un sentiment de toute-puissance, dans ce qu'ils peuvent réaliser personnellement.
Conviction qu'au lieu d'être responsable devant l'opinion publique, le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l'histoire souvent accompagnée d'une conviction inébranlable que dans ce tribunal on leur donnera raison
Agitation, insouciance et impulsivité.
Perte de contact avec la réalité, souvent associée à un isolement progressif
Tendance à accorder de l'importance à sa "vision", à son choix, ce qui évite de prendre en considération les aspects pratiques ou d'évaluer les coûts et les conséquences indésirables.
Incompétence, lorsque les choses tournent mal parce qu'une confiance en soi excessive a conduit le leader à négliger les rouages habituels de la politique, du droit.
Les symptômes s'atténuent généralement lorsque la personne n'exerce plus de pouvoir. Il est moins susceptible de se développer chez les personnes modestes, ouvertes à la critique, qui ont un certain cynisme ou un sens de l'humour bien développé.

"On a bien souvent à faire à des grands paranoïaques et/ou à des grands pervers"

Quelles sont les caractéristiques d'une personne atteinte du syndrome d'Hubris ?
"Si on rattache ce syndrome à ce que l'on observe chez des humains qui ont eu beaucoup de pouvoir et qui l'ont exercé de façon tyrannique, on a bien souvent à faire à des grands paranoïaques et/ou à des grands pervers", poursuit le psychiatre. Le paranoïaque "plus souvent un homme" est celui dont on entend parler dans les faits divers : l'homme persuadé que son voisin fait des choses exprès pour lui nuire, qui va en parler à tout le monde, et qui, en voyant que personne ne le prend au sérieux, finit par tuer son voisin et se suicider derrière. Il ne se remet jamais en cause. "Ce sont des gens qui raisonnent de façon juste, structurée mais dont le raisonnement repose sur un postulat de départ qui est faux. On observe la même logique chez les tyrans. Hitler, Staline... Ce sont des gens intimement persuadés d'avoir raison au départ et qui vont mettre toute leur puissance au service de cette certitude d'avoir raison. Toute personne qui va s'opposer, contester ou même juste questionner cette certitude va être située dans ses ennemis." S'ajoutent parfois les caractéristiques du pervers : "Le pervers ne considère pas l'autre en tant qu'autre, l'autre n'existe qu'en tant qu'outil ou objet que l'on va pouvoir utiliser ou abîmer si on en a envie." L'autre est perçu comme une extension de soi-même dont on peut faire ce que l'on veut, il n'est pas perçu comme un être à part entière.

Il n'y a aucune place pour l'échec, le doute ou la nuance.
"Qu'il s'agisse d'un mari violent, d'un chef d'entreprise mégalomane ou d'un chef d'état militariste, ce sont des personnalités extrêmement dangereuses pour autrui et d'une immense fragilité" poursuit le Dr Gilot. La personne qui a un profil "hubristique" ne laisse aucune place à l'échec, au doute, à la nuance : "Tout est extrêmement brutal et en cas de confrontation à leur échec c'est généralement le suicide, le suicide violent, qui survient. Eventuellement en semant la destruction autour d'eux avant de se suicider. Cette position de toute-puissance est là pour se défendre d'une réalité qui est l'impuissance."

Quelles sont les personnalités atteintes du syndrome d'Hubris ?
Le syndrome d'Hubris est particulièrement courant chez les chefs de gouvernement mais il peut toucher n'importe quelle autre personne dans la vie privée, au travail... et se manifester à n'importe quel âge. Dans son livre "In Sickness and in power", le médecin anglais David Owen considère que les quatre chefs de gouvernement suivants ont développé ce syndrome de l'orgueil : Lloyd George, Margaret Thatcher, George W. Bush et Tony Blair.
En mars 2022, des médecins qui ont observé l'attitude du président russe Vladimir Poutine, en guerre contre l'Ukraine, estime qu'il en est atteint.

Existe-t-il des traitements contre le syndrome d'Hubris ?
Il n'y a pas de traitement au sens "médicamenteux" pour "soigner" un syndrome d'Hubris. Selon le Dr David Owen, les symptômes s'atténuent généralement lorsque la personne n'exerce plus de pouvoir. Il faudrait aussi qu'elle soit entourée de critiques pour contrer son sentiment de "toute puissance" absolue. Mais encore faut-il que cette personne entende ces critiques et qu'elle parvienne à modifier son raisonnement ce qui est rarement le cas.

"Le silence est toujours plus dangereux que la parole."

Que faire face à une personne qui a le syndrome d'Hubris ?
"Il faut s'en éloigner pour s'en protéger" répond d'emblée le Dr Bertrand Gilot. Au travail, le mieux est de quitter son emploi. Dans le couple devenu toxique, c'est la même chose, il faut se séparer de cette personne. "Chaque fois que vous essaierez de raisonner l'autre, vous aurez de toutes façons perdu car ça ne se joue pas dans le dialogue ou alors juste le temps d'imaginer d'autres solutions."
Dans un conflit géopolitique avec une personne assurée de sa toute-puissance et du bien fondé de ses actions -comme on l'observe avec le Président russe en guerre contre l'Ukraine - "il est compliqué d'imaginer un dénouement calme" explique notre interlocuteur. "On est uniquement dans le rapport de force avec un mépris total de l'autre où on est certain d'être victorieux. Il y a une course illusoire, une fuite en avant sans limite. Si le Président russe annexe l'Europe, il lui faudra l'Afrique, puis l'Asie... Or, plus il est victorieux, plus son potentiel de dangerosité augmente". Alors que faire ?

Ne pas réagir et le laisser faire ? "C'est dangereux car la toute puissance est augmentée. Plus il obtient de succès, plus il prend de puissance donc de dangerosité. On a vu avec Hitler ce qui s'est passé. Il y a un besoin psychique de se conforter soi, la démonstration de force envers autrui vise surtout à se rassurer soi-même. Derrière cette grande dangerosité, il y a une immense fragilité interne,. On n'est plus dans une logique rationnelle."
Résister ? S'opposer ? "Si on résiste, il va s'énerver. Si on s'oppose à lui et qu'on le met en échec il va être face à un effondrement de ses certitudes et il peut aussi être d'une violence extrême."
Dialoguer ? "Dialoguer ne sert pas toujours grand chose mais ne pas dialoguer c'est pire. Le silence est toujours plus dangereux que la parole, c'est toujours vrai même face à ce genre de personnalité. On peut espérer que le dialogue instille un tout petit peu de doute, un tout petit peu de nuance. Il ne faut pas espérer que la personne revienne à la raison mais qu'il arrondisse un petit peu certains angles."
Le mettre face à ses échecs pour qu'il passe de la toute-puissance à l'impuissance ? "Etre face à un échec impossible à nier déstabilise mais on ne sait pas de quelles informations réelles il dispose pour évaluer cet échec, on ne peut pas savoir à l'avance le point de bascule entre les deux."

Dr Bertrand Gilot, psychiatre.
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Dubreuil
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Re: un grand besoin de soutien

Message par Dubreuil »

SE DEGAGER D'UN PERVERS NARCISSIQUE
(généralités)

Sortir de la dépendance
On veut être aimé(e) à tout prix
L'autre n'est pas notre source d'amour
Chercher d'où vient la dépendance
Chercher les carences affectives dans l'enfance

Observer la situation
S'imaginer que le pervers joue une scène
Le regarder comme au théâtre
Savoir qu'il est faillible et peu sûr de lui
Reconnaître que l'on est sa victime, et que l'on a été dupé

Changer les comportements
La perversion est une structure de la personnalité
Le pervers use de toutes les stratégies
Il ne se considère pas malade
Ne pas chercher à le comprendre ni à vouloir être compris de lui
Il ne se sent pas coupable et ne ressent pas de honte
C'est toujours de la faute de l'autre

Restaurer l'estime de soi
Le pervers va choisir sa proie, et il continuera son harcèlement bien après la fin de la relation
Il ne supporte pas la frustration, il est tenace
Il choisit ses victimes après avoir testé leur capacité à exciter son challenge
Ses victimes réussissent en général très bien dans leur profession
Elles sont généreuses - sincères - aimables - intelligentes - ouvertes aux autres - acceptent la critique - se remettent en cause - ont de l'empathie - connaissent le remords et la culpabilité

Savoir dire non
Ne plus penser que refuser pourrait ne plus être digne d'être aimée
Si vous dites « non » vous donnez de la valeur à votre « oui »
Garder son authenticité
C'est aussi cela qui rassure l'autre

S'imposer ses propres limites
Avoir ses limites par rapport aux autres
Les connaître et refuser de les dépasser

Renouer et sortir de l'isolement
S'entourer de personnes bienveillantes
Se refaire un cercle d'ami(e)s
( le pervers éloigne, fait le vide, interdit, manipule )

Contre-manipuler
Répondre avec indifférence
Apprendre à se protéger des attaques
« tout le monde ne pense pas comme toi »
« si tu le dis »
« ne t'inquiètes pas pour moi »
« cela fait mon charme... »
Rester dans le flou
Faire des réponses très courtes avec humour et sans agressivité
Ne jamais se justifier
Ne jamais vouloir lui prouver quelque chose
Si c'est trop difficile, lui acheter le livre de HIRIGOYEN sur la perversions narcissique, lui dire qu'il est un être intelligent, et que s'il vous aime comme il le dit, sa façon ne vous convient plus, qu'il « commence à se comporter comme un pervers narcissique et qu'il devrait se documenter sérieusement sur ce sujet, car il peut mieux faire ». S'il lit ce livre et n'est pas un véritable pervers il lui reste des chances...

Cesser le contact
Vous ne le guérirez pas, vous ne le changerez pas
Portez plainte - Voyez une assistante sociale
Sans qu'il le sache préparez votre départ, emportez ce qui vous tient le plus à cœur car il fera du chantage pour vous le donner
Déménagez un jour où il est absent
Ne répondez plus à aucun appel, messages, passez par un avocat.
Préparez-vous au chantage, au mépris, aux calomnies, etc...
Voyez un psy pour ne pas perdre les bénéfices de votre décision de survie
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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