Relation (à distance) avec un garçon autiste et toxicomane, source de stress

[Fleur d'Encre]

Bonjour, je suis un garçon de 21 ans (diplômé en Licence psy mais quand même un peu perdu, en année sabbatique forcée).

J'écris parce que ça fait 4-5 mois que j'ai rencontré un garçon de mon âge (sur un réseau social) : Comme dans toute relation, au début on était juste amis d'amis puis on a fais connaissance et on a passé de plus en plus de temps ensemble (à jouer, à s'écrire, à se parler en vocal) jusqu'à flirter de manière assez subtile.

A partir de ce-moment là il m'a avoué avoir eu une vie difficile (adoption, etc), fumer, être toxicomane et "toper" (ce qu'il me cachait au début, par honte) mais également être autiste.
Il m'a avoué tout cela lors d'une semaine où il était en sevrage tabagique et de sa consommation, ce qu'il compensait par l'alcool (qui a pour effet de le faire parler et déprimer, alors que quand il consomme sa substance il est très voire anormalement joyeux).

On a continué à passer beaucoup de temps ensemble, et il y a peu, dans une période de sevrage à sa conso (où il a bu beaucoup) il a sous couvert d'ironie et de cynisme évoqué des pensées suicidaires. J'essaye donc d'être là au maximum pour lui dans ces moment-là sans montrer mes inquiétudes.
Il a ensuite repris sa conso, était très joyeux (mais a tout de même pris un rdv chez le psy pour la fin du mois).

Me concernant, je suis d'une nature assez stressée. Ses problèmes de santé (physiques et psychologiques) m'inquiètent grandement.
Parallèlement à ça, il y'a des périodes (3-4 jours par-ci) où il m'écrit à peine, réponds partiellement à mes marques d'affection et préfère jouer avec d'autres de ses amis plutôt que de passer du temps avec moi. A petite dose, cela ne me dérangerait pas, mais à forte dose, cela m'angoisse et m'obsède, et je me sens dépendant affectivement à lui (puisque nous avons eu tendance à passer énormément de temps ensemble avant, n'avoir que 20min de discussion écrite dans 1 journée avec lui crée un grand vide). D'autant qu'à aucun moment nous ne nous sommes littéralement dits que nous sortions ensemble, une source de stress supplémentaire que de ne pas savoir, mais aussi à l'idée de lui en parler.

Et parfois il est très changeant (notamment quand il est sevré), il veut alors passer du temps avec moi, se montre beaucoup plus affectif, me parle beaucoup plus de lui, plutôt que de jeu-vidéo, et me pose des questions sur moi.

Ces derniers jours, il ne me demande pas vraiment comment je vais, il me dit qu'il m'aime parfois le soir avant d'aller se coucher mais je me sens vraiment seul, seul avec toutes ses angoisses et la difficulté de parler avec lui de sujets sérieux quand il est sous l'emprise de sa substance (qui n'a pas d'effet sur son comportement, selon ses dires et contrairement à ce que j'y vois)

J'aimerai diminuer mon stress, arrêter d'être obsédé par ses petites inattentions à mon égard (qui me bouffent) et réussir à lui parler plus facilement de certaines des choses que j'ai pu évoquer.

Je ne suis actuellement pas dans une configuration géographique où je peux aller voir un.e psy car je n'ai pas de mobilité (et financièrement, c'est très compliqué).
Auriez-vous des conseils à me donner ?
(je tiens à préciser que mettre par écrit tout-ceci est très libérateur)

[Amelie A]

J’ai lu attentivement votre message.

Et sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, plusieurs choses m’interpellent : je ne pense pas que vous ayez choisi les études de psychologie par hasard.

- Avez-vous eu au cours de votre vie un rôle des soignant/parent à jouer ? C’est votre position vis-à-vis de ce jeune homme qui me pousse à vous demander ça.

- Pensez-vous avoir les épaules assez solides pour pouvoir l’aider ?

- Quand vous dites qu’il est autiste, est-ce de « haut niveau » ? Il n’arrive peut-être pas à s’investir dans une relation amoureuse. C’est possible même sans être autiste. Peut-être a t-il peur de sortir de sa zone de confort.

Il se peut aussi qu’il ne souhaite qu’une forte amitié avec vous.
On ne peut émettre que des suppositions.

J’espère que vous reviendrez nous donner des nouvelles de l'évolution de votre situation.

[Fleur d'Encre]

Bonsoir et merci pour votre réponse Amelie,

On fait tous plus ou moins parfois de la psychologie de comptoir, je ne jugerai pas vos questions.
Je n'ai en effet pas choisi la psychologie par hasard, quand j'étais au lycée j'ai eu une relation avec une fille (ça a duré 2 ans), qui avait dans sa vie fait un AVC, était en études de dessin, et avait justement de la rééducation à faire au niveau de sa main, j'ai donc passé beaucoup de temps à l'aider.
Et j'ai aussi eu des périodes de dépression au lycée où j'avais tendance à penser davantage aux autres qu'à moi, au point de tomber dans l'abnégation.

- Par rapport à ce garçon oui j'ai donc envie de l'aider (que ce ça soit au niveau de sa dépendance ou de ses pensées suicidaires), je l'ai un peu convaincu de prendre rdv avec un psy mais il est assez réticent vis-à-vis de ce genre "d'aides", vu que jusque là il soigne ses pensées sombres par sa consommation...

- Pour être franc il y a des moments où j'ai confiance en moi, où je me sens fort mentalement et où j'arrive à l'aider, à être là pour lui quand il en a besoin et aussi à ne pas prendre mal ces non-réponses ou ces réponses tardives, etc. Et quand on passe du temps ensemble ça agit comme un cercle vertueux, vu que je me sens bien j'ai assez de ressources pour l'aider en restant solide
Mais par moments, et assez récemment, l'accumulation et la fréquence de petits évènements (dérisoires au premier abord) ont un impact assez conséquent sur mon mental, et dans ces moments-là je me sens triste et qu'il ne le voit même pas agit comme un cercle vicieux où j'ai tendance à être triste et pessimiste, et là en effet je ne suis alors pas très solide. Mais même dans l'optique où je ne serai pas amoureux de lui, je ne me vois pas ne pas tout faire pour l'aider.

- Je ne sais que ce que j'ai pu remarquer et ce qu'il m'a dit : Il a du mal à percevoir certaines nuances d'humour (mais il peut en faire), il a du mal à savoir ce que les autres pensent, il a tendance à voir beaucoup de sous-entendus et choses implicites derrière ce que disent les autres (même quand il n'y a rien) mais quand il dit les choses, il est assez transparent. Il a tendance à être facilement distrait, à être un peu paranoïaque, a du mal à faire confiance aux gens (il ne parle des choses "importantes" que très rarement, et qu'avec moi visiblement). Il n'a eu que très peu de relations amoureuses dans sa vie.
Il ne me vient aucun autre détails, sinon que sa mère était dépendante également (d'où l'adoption), et qu'il a coupé les ponts avec elle.

Et je ne sais pas s'il veut s'investir dans une relation amoureuse... car cela demanderait d'imaginer un temps long, un futur, ce qui diffère pas mal de sa manière de vivre actuelle. Il n'a eu que très peu de relations amoureuses dans sa vie et durant la dernière en date, ils étaient en couple "libre" car l'autre garçon ne voulait pas s'investir pleinement, et la distance n'aidait pas.
Mais pour être honnête, on a flirté de manière un peu trop subtile puisqu'on a jamais vraiment eu l'occasion d'évoquer notre relation, de se dire ce qu'on ressentait, on s'échange des "je t'aime" et des coeurs de temps en temps, mais j'ai un peu peur d'aborder le sujet en ce-moment, et je ne saurai pas comment faire. Il est possible qu'il ne désire pas s'engager pleinement, avec tout ce que ça implique, et qu'il veuille rester dans sa zone de confort.. pour la forte amitié je ne suis pas assez objectif pour le dire, mais c'est possible en effet.

Je vous tiendrai informé s'il y a du nouveau concernant notre relation et/ou mon état psychologique.
Si vous avez d'autres conseils ou remarques, n'hésitez pas à m'en faire part

[Amelie A]

Merci pour votre retour.

J’estime donc avoir posé des questions pertinentes.

Je comprends mieux votre ressenti. Y a t-il beaucoup de distance géographique entre vous ?

Ce jeune homme m’a l’air assez frileux quant au fait de s'engager dans une relation. Le mieux serait de laisser faire le temps.

Vous savez qu’il vous fait confiance et à ce titre vous pouvez toujours lui glisser subtilement qu’il peut se confier à vous sans aucune retenue.

Je comprends la frustration que vous ressentez concernant son attitude évitante.
Vous êtes déjà dans une relation asymétrique où l’un est plus en demande que l’autre.

[Fleur d'Encre]

(Re)Bonsoir

Nous vivons en Haute-Vienne et Meurthe-et-Moselle, donc assez loin l'un de l'autre pour se voir facilement, notamment en période de couvre-feu (avec un reconfinement qui pourrait tombé) et où tout déplacement doit être réfléchis et justifié :/ ..

Je pense aussi qu'il n'a pas encore envie de s'engager dans une relation et je laisse faire le temps (mais cela me stresse néanmoins, et malgré moi).

Je le lui dis parfois qu'il peut compter sur moi, et il ne l'oublie pas je pense.. mais il préfère éviter de trop réfléchir aux problèmes quand il est dans la période où il consomme, il se livre beaucoup plus quand il est en sevrage :/

J'ai du mal à saisir sur quel pied je dois danser avec lui, j'ai du mal à m'adapter à ses changements d'attitude.. et cela fait qu'au final je ressens davantage que lui un "manque" quand il n'est pas présent, ce qu'il ne peut pas ressentir à mon égard vu que j'essaye toujours d'être là (et je ne suis pas du genre à faire celui qui n'est pas là tandis que je suis bel et bien disponible) donc cela crée une situation asymétrique, comme vous dites.
Et pour garder la face et ne pas laisser paraître cette asymétrie dans notre relation, j'évite de lui parler de tout cela quand il est dans une période où je n'ai pas l'impression qu'il aie les idées très claires (et c'est évidemment plus simple de parler avec lui quand il est dans une posture d'écoute, mais c'est rare ces derniers jours).

[Dubreuil]

Si vous souhaitez être psy, commencez par faire une psychothérapie personnelle, c'est indispensable. Et ainsi vous apprendrez à mettre de la distance pour ne pas vous laisser piégé par votre empathie projective. Prenez garde de ne pas vous perdre dans la pathologie de l'autre.