Ai-je le droit de le dire aux enfants?

[Plumeplume]

Je suis mariée depuis 18 ans avec un pervers narcissique, et pour beaucoup de raisons : manque d’estime de soi, peur du qu’en dira-t-on, dépendance affective … j’ai mis du temps à m’en rendre compte mais maintenant c’est fait.
Même en l’ayant entretenu de nombreuses années, j’ai longtemps subi ses rabaissements, particulièrement devant mes enfants, pas seulement avec des jugements subjectifs mais surtout avec des mensonges : «vous savez pourquoi votre mère a de l’argent? … elle a ses clients du cul!», ou une autre fois, «elle m’a volé!» etc … jusqu’à aujourd’hui, il déborde de créativités dans ses accusations aussi absurdes que loufoques, Mes enfants actuellement ados me disent : «On a compris qu’il dit n’importe quoi».
Je sais que partir serait mon seul salut, et je m’y suis résous, seulement actuellement je suis au chômage et mes allocations ne me permettent pas de «m’envoler», surtout que je continue de contribuer aux dépenses du ménage, mais je suis confiante que cette situation n’est que temporaire.
Ce matin, suite à une tentative de viol conjugal, le torchon a brulé de plus belle, et foi de pervers, tout ce chaos dans notre vie serait de ma faute, qu’il se vante même de ses agissements … «appelle la police qu’on n’en finisse!».
Je souhaiterai partir dans la dignité quand je me serais fait une situation professionnelle stable, et en attendant, j’ai tellement le besoin de partager avec mes enfants, face à qui il me dénigre sans arrêt, ce que moi j’ai vécu et vis réellement et qu’ils ne savent pas, comme les viols à répétition, mais aussi, une infidélité incestueuse car il m’a trompé avec sa nièce, quand j’étais enceinte de ma fille, alors même cette nièce avait 14 ans. Le pire pour moi, c’est comme pour ses réactions pour les viols qu’il me fait subir, il s’en vante presque parce que tout est de ma faute et «t’as qu’à dire aux enfants, j’en ai rien à foutre» il l’a encore répété ce matin.
Mes enfants ont 17 et 14 ans, parce que je subis continuellement des campagnes de dénigration, pourquoi n’ai-je pas le droit de rétablir certaines vérités sur la vie de leur père. Est-ce que ça leur sera dommageable que je dise «ma vérité» ?
Merci beaucoup de votre aide que j’attends avec impatience.

[nanelda]

Bonjour,

Vos enfants ne sont pas dupes... Ils vous le disent "on a compris".

Leur raconter les viols conjugaux, "l'infidélité incestueuse",... Je ne suis pas certaine que cela les concerne en fait, cela regarde votre couple surtout. Et puis, vous qui reprochez à leur père de vous dénigrer, vous le dénigreriez à votre tour devant eux.
Veillez à ne pas les mettre en situation de conflit de loyauté. Ce sont des ados, ils n'ont pas à prendre parti, ou à être mis en position de témoins impuissants de votre conjugopathie, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses dans leur avenir sentimental. Je vous sens assez isolée avec un besoin de vous confier sur ce que vous vivez mais vos enfants ne sont ni vos amis, ni vos thérapeutes.

Si vous voulez parler, c'est à un thérapeute que vous devriez vous adresser. Visiblement, pour subir autant de choses depuis si longtemps, il serait intéressant de faire le point avec un professionnel pour mieux comprendre votre fonctionnement psychique. En CMP les consultations sont gratuites.

Et si vous voulez que cela cesse, aider vos enfants et vous aider vous-même cela passe effectivement par quitter cet homme. Être au chômage vous donne droit à des aides financières... Attention à ne pas vous cacher sous de "faux prétextes". Et effectivement pourquoi n'appelez-vous pas la Police?

Cordialement.

[Plumeplume]

La peur du qu'en dira-t-on sans doute, est encore trop grande, et pourtant, j'ai fait des progrès mais visiblement pas assez, (cette peur vient de mon éducation). Je sais que c'est un faux prétexte encore de dire que c'est plus souvent des «tentatives» de viol qui finissent par une des scènes de ménages ahurissants!
Un problème d'ego mal placé aussi sans doute, j'ai juste envie de partir la tête haute ... je m'emploie chaque jour à remédier à ma situation professionnelle.
Je voulais juste dire que mon envie d'en parler aux enfants, ce n'était pas dans le but de «me confier», ni de «dénigrer» textuellement mon mari, mais pour laver mon honneur de toutes les ignominies dont il m'accuse devant les enfants... et bien qu'ils sachent qui il est vraiment pour se le permettre?
Mais, j'ai compris, ce n'est pas une très mauvaise idée malgré le fait que je la trouve juste!
Merci de tout coeur de votre conseil

[Jeannette]

Ils le disent eux-mêmes et Nanelda te l'a mis en évidence : tes enfants ne sont pas dupes. A eux de se faire leur propre opinion, de faire leurs choix. Et la meilleure façon de les y aider, c'est d'avoir la force de partir et de te reconstruire. Leur démontrer par l'exemple qu'ils n'ont pas à subir la même vie que toi, que chacun est maître de son destin, et que le plus important est le respect de soi-même.

Ce que je subissais était moins extrême que ce que te fait vivre ton mari. Mais le contexte était un peu le même. Quand je suis partie, j'avais envie d'expliquer à mon fils (17 ans) les mensonges, et tout ce qu'il n'avait pas vu... J'attendais "juste" que la situation soit stabilisée, de savoir l'expliquer simplement, en ayant pris moi-même du recul. Mais je n'en ai pas eu besoin. J'ai vu à quel point le fait que je me reconstruise l'aidait lui-même à changer de regard sur lui-même et sur son entourage. Et si je n'interviens jamais dans sa relation avec son père, je sais qu'il a pris ses distances et a compris bien plus de choses que je ne le pensais. Aujourd'hui, je suis persuadée que lui expliquer le reste aurait été plus négatif qu'autre chose.

[Plumeplume]

Vous l'expliquez tellement bien, merci de tout coeur, c'est une de choses ce que j'avais envie d'entendre, un témoignage du : «tout est bien qui finit bien», aujourd'hui, j'ai accepté le fait que rétablir certaines vérités n'est pas bons pour les enfants, mais je trouve cela tellement injuste que lui puisse avoir la liberté d'esprit et de conscience de déverser des mensonges à mon propos, mais oui, j'ai compris que réagir me rabaisserai à son niveau ... la pilule a encore du mal à passer pour mon ego mais ton témoignage me donne du courage quand tu dis que finalement:«je n'en ai pas eu besoin»
Merci

[Patouche]

Oui, je rejoins tout à fait Jeannette.
"Laver votre honneur" "pour bien qu'ils sachent qui il est" ne vas pas les aider eux, bien au contraire. Il reste leur père et vos enfants risquent en effet d'être déchirés par un conflit de loyauté. J'ai moi-même été aussi confrontée à une situation semblable, moins extrême aussi c'est vrai.

Il me semble que la meilleure chose à faire pour tout le monde est en effet de partir, et si vous avez encore des peurs du quand-dira-t-on, ou d'autres, il serait en effet peut-être bien d'être accompagnée par une personne professionnelle, car ces pervers ont une immense capacité de destruction et on est souvent trop affaiblie pour y arriver toute seule. Vos peurs ont été renforcée par son attitude et vous vous jugez beaucoup, probablement inconsciemment.

Partir est la seule façon de pouvoir poser une limite claire et poser des limites fermes est la meilleure façon d' "annihiler le pouvoir" de ce genre de personnes. Poser une limite claire et ferme. En le faisant vous-même, vous pourrez montrer à vos enfants comment se protéger eux-mêmes aussi. Probablement que le comportement de votre mari n'a pas un impact que sur vous, mais sur vos enfants aussi. Il est donc important pour eux d'apprendre à mettre des limites, et l'exemple est le meilleur des enseignements.

Personnellement, j'ai abordé seulement récemment la question avec mon fils, maintenant qu'il est pleinement adulte (22 ans) et d'une façon très douce, surtout en évitant le mot "pervers narcissique", mais en lui demandant si certains des actes de son père (actes spécifiques) peuvent l'empêcher peut-être d'être complètement lui-même, pour qu'il prenne juste conscience que certaines attitudes, même de son père, ne sont pas toujours optimales pour son développement à lui. Je crois que la conversation sur le sujet doit venir seulement au moment où les enfants se sont déjà construits eux-mêmes et très progressivement. Je suis heureuse de ne pas lui avoir dit quoi que ce soit sur son père plus tôt, il n'a ainsi pas perdu des repères importants et n'a pas été impliqué dans une question qui ne le concernait pas directement

Il est très difficile de "laver son honneur" avec ce genre de personne, quoi qu'on fasse ils arrivent toujours à tout retourner, et pour le démontrer il faut utiliser tellement d'arguments et de contre-arguments, qu'on ne paraît que très rarement crédible. La seule façon efficace me semble-t-il, c'est justement de travailler sur soi pour comprendre qu'est-ce qui fait qu'en nous, on ouvre la porte à ce genre d'attitude. Qu'est-ce qui fait qu'on laisse faire et qu'on ne met pas de limites tout de suite, dès le début. Il s'agit avant tout, de travailler sur soi-même pour changer de position, et faire en sorte que ces personnes se retrouvent impuissantes avec nous. Les premières étapes sont la prise de distance et le travail sur soi, je crois

[Jeannette]

Et n'oublie pas une composante :
Expliquer (maintenant) ce que t'a fait subir ton mari, ce serait aussi démontrer que tu as accepté cela durant des années... Et tu risquerais ainsi de leur faire penser que, dans certains cas, on doit s'abaisser, oublier le respect de soi-même... Est-ce une bonne chose ?
En partant, tu leur démontres l'inverse. Que, justement, certains actes et paroles sont impardonnables, inexcusables, et que rien ne justifie qu'on les subisse.

Ils ne connaissent pas le détail ? Et alors ? Ils comprendront le sens.

Et toi non plus, n'oublie pas : rien ne justifie que l'on subisse cela. Pas même la peur du qu'en dira-t-on. Parfois, il vaut mieux se regarder fièrement dans une glace en vivant d'expédients que ne plus oser approcher d'un miroir... L'important n'est pas le regard que d'autres portent sur toi. Eux ne savent rien de ta vie. L'important est le regard que tu portes sur toi-même.

[Plumeplume]

Vous avez tous raison, mon intention m'aidait moi ... temporairement, pas certainement pas mes enfants, ça c'est certain! C'est pour cela que je n'avais jamais rien dit auparavant, juste que hier, j'étais à bout ... et de plus, il m'encourageait dans ce sens que j'ai failli perdre les pédales ... heureusement que je suis venue demander de l'aide sur le forum, pour remettre les pendules à l'heure! heureusement que les réponses sont arrivées avant que les enfants ne soient rentrés!
Je vous renouvelle ici mes remerciements.
Oui, au-delà de me protéger moi, je dois donner aux enfants une image digne, que les limites existent et que faire quand elles sont dépassées ... je crois que jusqu'ici je n'ai pas été un bon exemple là dessus, mais je vais me reprendre, c'est ce pourquoi aujourd'hui, je vais me battre pour réparer l'image que je leur ai renvoyé ... pour que oui, je puisse me regarder avec fierté dans un miroir.

[nanelda]

Tenez-nous au courant si vous voulez bien!

Cordialement.

[Plumeplume]

Bonjour,
Je vous reviens pour confirmer que je n’ai rien dit aux enfants ! mais ils ont bien vu que j’avais les yeux rouges!
Lundi, je dois voir un agent de l’emploi, je vais y évaluer mes chances trouver rapidement ou non un travail, après quoi je déciderais si je peux attendre d’être active avant de partir ou non.
Donc la vie de « transition» continue à la maison, et j’aurai besoin de vos conseils pour bien la gérer. Entre autre, j’aurais voulu un avis extérieure face à un évènement devant se déroulant ce week end .

Prévu depuis plusieurs semaines, nous devons demain midi assister en famille à un repas où chacun amène sa spécialité, un moment agréable que j'aime et que mes enfants aussi apprécient.
Pas plus tard que samedi dernier, mon mari a laissé entendre au monde que sa spécialité allait faire un malheur...
Mais bien évidemment, après tout ce qui s'est passé ces derniers jours, et c’est un classique que je connais par coeur, il m'annonce hier soir : «je ne viens pas dimanche!» je n'ai pas bronché!!!
Il fut un temps où je le suppliais de venir dans pareilles situations, un temps qui a duré trop d’années malheureusement, mais bon on ne peut plus revenir en arrière! plus tard, j’ai arrêté de le supplier mais pour «nous sauver la face», je mentais aux autres pour motiver son absence: «il a du travail en retard, il a un RDV important etc ...»
Aujourd'hui, je n'ai plus envie de faire ça ... mais comment alors répondre dignement aux questions qui je suis sûre fuseront demain, sans mentir mais sans mettre non plus mes enfants (bien qu’il connaisse que trop bien ce côté-là de leur père) mal à l’aise devant les autres... car bêtement comme ça, j'ai envie de dire: on s'est disputé alors il est resté à la maison bouder, comme à son habitude, espérant que je le supplie de venir comme je l'ai toujours fait, et se réjouissant en ce moment même d'imaginer mon embarras face à vos questions... oui ce sont ses vraies motivations mais bien entendu je ne vais pas dire ça! Seulement ce qui est sûr c'est que je ne souhaite plus mentir ...
Je ne sais pas si vous voyez que je veux dire ...et il n'est pas question que les enfants et moi n'y allons pas demain parce que nous aimons cette rencontre, et ça aussi je l'ai fait trop de fois, renoncer à aller quelque part pour ne pas avoir à répondre au monde, mais je ne veux plus ça!!! Encore faut-il que mon évolution se fasse dans la dignité pour moi et mes enfants.
Merci, à vous tous !