Mon baluchon

Pour parler de tout et de rien en dehors de la psychologie.
Dubreuil
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Re: Mon baluchon

Message par Dubreuil »

Avez-vous lu le post de BORDERCOLLIES ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Mon baluchon

Message par Dubreuil »

post : borderline perdue et désespérée
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Minijeune
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Je viens de le lire.
...

Je suis effrayée par moi-même...
Je sais que j'ai un trouble borderline...
Je sais qu'il y a des risques... Ma coloc m'a dit que dimanche, elle avait trouvé un couteau et un tournevis dans mon lit...
Pendant que j'étais dans mon espèce d'état étrange...
Je suis inquiète...
Je suis aussi en dépression, j'ai aussi un trouble anxieux...
Incapable de travailler...
Je ne sais plus trop quoi faire parce que moi aussi, on me renvoie chez moi à chaque tentative d'aide...
Sauf ma thérapeute du moment qui travaille dans un centre spécialisé en TP...
Elle est assez compréhensive... Mais c'est long avant que je la vois...

Du coup, elle m'a dit que si j'avais vraiment peur pour moi, je pouvais aller à l'urgence...
L'urgence me fait autant peur parce que s'il me retourne chez moi... Que va-t-il me rester...??
Minijeune
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Il y a deux parties en moi.

J'ai eu la chance des voir à l'oeuvre, se répondre alors que j'étais en entrevue avec la psychiatre qui m'a suivi les dernières semaines.
On dit que je suis dans une phase de crise... Encore.
J'ai des idées suicidaires à la tonne, je n'arrive pas à me trouver une valeur dans rien. Je me sens tellement vide malgré tout ce que j'essaie de mettre en place dans ma vie pour aller mieux justement. J'essaie tant bien que mal de me mettre des petits objectifs dans mes journées. Quand je sens que je craque, que la mort devient la seule solution pour arrêter de souffrir, je pense à mon objectif. Ça me tient jusqu'à date.

Mardi, j'étais à l'hôpital, en jaquette, sur une civière dans un corridor avec une préposée qui me surveillait... Je n'avais pas le droit de marcher, quitter ma civière... Je me faisais chicaner. Et c'est une chose qui fonctionne avec moi. Je ne veux tellement pas décevoir personne, je fais ce qu'on me demande, c'est tout. La psychiatre est venue me voir trois fois cette journée là.

La première fois, je lui ai expliqué tout ce que j'avais fait comme démarches pour aller mieux et être plus stable. Avoir un horaire, des choses à faire, c'est super important. Mais malgré tout ça, je ne m'étais jamais sentie aussi vide, sans importance. Elle disait qu'elle avait envie de me féliciter pour tout ce que j'avais fait, mais qu'elle ne le pouvait pas... Parce que je ne le prends pas normalement, je détruis tout par la suite... Elle s'est engagée dans une discussion avec la travailleuse sociale, dans ma face. Elles nommaient ne plus savoir quoi faire avec moi, m'hospitaliser, me retourner dans ma vie, me faire confiance ou non...??

Elles sont revenus peut-être une heure et demi après, alors que je m'étais fait une tente avec mes couvertures, je m'y cachais...
Elles m'ont nommé à ce moment là qu'elles recadraient les choses avec moi. L'hôpital était là le temps que je calme la crise suicidaire. Aucune prise en charge ne sera fait à partir de ce moment là. 24-48h suivant mon arrivée à l'urgence, peu importe si je dis que j'ai un plan suicidaire, que je me désorganise pendant les deux jours à l'hôpital, que je tente de me suicider, que je m'automutile, que je finisse attachée à ma civière... Ils allaient me sortir après 48h. Oufff!!! Ma réaction ne fut pas facile... J'ai crié ma souffrance... Mon désaccord... Le fait que je ne me sentais pas bien. Sûrement que j'ai crié le fait que je me sentais rejetée... Je n'étais pas agressive envers elles... J'étais juste prise avec cette boule en colère en dedans de moi, ce refus qu'on prenne soin de moi, c'était une douleur tellement profonde... Je me sentais piégée... J'entendais qu'il n'y avait rien à faire pour m'aider lorsque je n'étais plus capable de prendre soin de moi... Lorsque je voulais mourir... Qu'elles me remettaient la responsabilité en main, que je devais apprendre à prendre soin de moi toute seule... C'était la minie en moi qui parlait, qui était déchaînée... Et je ne peux pas dire que je n'ai pas été écoutée... Elles sont restée là, près de moi, à entendre ma souffrance. Je sentais qu'elles étaient touchées, mais j'ai aussi senti toute leur force et leur confiance... Elles avaient confiance en moi et m'apportait le message que j'allais être capable de m'en sortir, elles ne me discréditaient pas... Mais il faut dire que c'était quand même douloureux...

Après avoir passé cette passe de colère, je me suis sentie très intense... Une partie de moi voulait se désorganiser... Je me suis mise à me faire plein de scénarios dans ma tête... Comment j'allais pouvoir m'enfuir, sortir en jaquette pour me jeter devant une voiture... Comment je pouvais attirer l'attention... Ça faisait 24h que j'étais à l'hôpital... J'avais encore le droit à un autre 24h pour reprendre le contrôle... Mais je voulais me faire prendre en charge à quelque part, faire réagir, prouver qu'elles avaient tord... J'étais agitée... Et c'est là que j'ai été capable de voir les deux parties de moi... Quelque chose au fond de moi savait que je n'allais pas être mieux 24h plus tard... Je vais aller mieux sur du très long terme, si je m'investie dans une thérapie... J'étais désillusionnée... L'hôpital, ça ne changeait rien et pour dire vrai, rester là dans un corridor, ne pas bien dormir, ne pas être dans mes affaires... Ce n'était pas du tout agréable... Je suis allée dire à l'infirmière que je me sentais fragile, que j'avais envie de faire une niaiserie et qu'il fallait que je parte... Je savais intérieurement et théoriquement que j'allais me faire arrêter par le personnel de l'hôpital... Que c'était une mauvaise manière de demander de l'aide... Et que ça ne changerait rien. J'étais tiraillée, ça jouait au souque à la corde dans ma tête... Mais j'ai demandé mon congé de l'hôpital... Pour me sauver et m'assurer de garder ma dignité... Finir contentionnée à ma civière n'étant pas ce que je recherchais au fond...

La psychiatre est revenue me voir... Je lui parlais et j'étais totalement consciente que je changeais de message. Je lui disais que je n'allais pas bien, que je souffrais et qu'il y avait un risque suicidaire, mais qu'au fond, je ne voulais pas mourir. Ensuite, je lui nommais que je pensais à me désorganiser, et que ça me sonnait une cloche dans ma tête... L'hôpital ne doit pas devenir un endroit où je vais agir pour qu'on m'arrête... Je lui disais de me signer mon congé, même si la partie qui avait crié n'était terriblement pas en accord. Ça m'a fait vraiment mal au fond de moi. Ça se déchirait... J'ai tellement pleuré... Moi qui ne pleure jamais. J'étais capable de nommer qu'il fallait que ça vienne de moi, parce que sinon, je savais que j'allais lui faire porter l'odieux de la décision de me sortir de ce milieu institutionnel... Je savais tout ça, je disais donc que c'était ma décision... Mais je pleurais en lui disant que j'avais tellement peur. Elle restait là, à me regarder... Quand c'était la minie qui parlait, je finissais par dire que c'était cette partie là, et qu'il ne fallait pas que je l'écoute... La partie saine en moi revenait donc me ramener sur la bonne voie. Elle m'a laissé pleurer, m'a apporté des mouchoirs. Elle a fini par s'accroupir et me dire que ça allait bien aller... Moi, dans mes larmes, je lui ai répondu que je ne savais pas... Elle m'a dit ensuite qu'honnêtement, elle ne savait pas non plus mais qu'elle souhaitait vraiment que ça l'aille bien...

On était trois en moi pendant cette discussion...
Moi Minie
Moi Grande et bienfaisante
Et la narratrice qui commentait au fur et à mesure...

Je sais que j'ai une force intérieur et que je dois écouter celle qui est grande, c'est elle qui va réussir à m'apaiser... Je le sais tellement au fond de moi, même si ça fait mal... Même si je sens que j'arrache quelque chose à la petite... Mais je suis profondément consciente, au niveau théorique, qu'ils agissent de la meilleure manière avec moi... C'est juste que c'est souffrant souvent, et pas facile à vivre...
Minijeune
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Anxiolytiques

Mon corps parle pour moi.
C'est fou comment je peux dissocier en moments trop intenses.
Après avoir été pendant des semaines à me sentir toute croche, sinueuse, ambivalente entre la vie et la mort...
Depuis que j'ai pris une décision douloureuse, celle de défusionner, je ne sens rien émotionnellement.

Mon corps, par contre, me fait vivre plusieurs symptômes.
Début de rhume de cerveau... Il n'en avait pas assez d'être plein d'idées qui défilaient, le voilà rempli de mucus...
Mon dos a barré... De manière à ce que je ne sois plus capable de marcher sans douleur... Incapacité à jouer au soccer aussi... Courir, c'est impossible, ça fait trop mal... Comme si mes échappatoires sains s'éliminaient par eux-même.
J'ai des montées d'anxiété de malade mentale... Ça me prend, ça me possède... Tremblements, sensations d'étouffement, perte de sensibilité dans mes mains...

Ma coloc et moi étions à la dérive.
On s'embarquait dans des situations qui n'avaient plus de fins... Des situations potentiellement dommageables.
On était fusionnelle, mais depuis un mois, c'est vraiment difficile. Tout est parti du fait qu'on n'avait pas la même vision de notre relation. Moi, je la voyais fusionnelle, comme si j'étais devenue dépendante d'elle parce que je n'allais pas bien. Je l'ai alerté, je lui en ai parlé... Mais ça n'a rien changé... Je lui demandais inconsciemment d'être là pour moi... J'avais peur, mais en même temps, ça me guidait, qu'on se retrouve les deux en situation de grande détresse et qu'on passe à l'acte dans un pacte de suicide... Je voulais qu'elle soit forte pour les deux, mais je lui disais qu'il fallait qu'elle s'enfuit de moi, parce que j'étais malsaine et qu'au fond, ce n'était pas toutes les parties de moi qui voulaient ça... Juste la partie super souffrante qui était soulagée de pouvoir se projeter à travers une autre personne qui vivait la même chose que moi... On a le même trouble... En l'aimant, je pense que je projetais l'amour que j'ai de moi-même... Parce que sérieusement, je passe mon temps à me descendre et me dire que je suis de la marde... Que je ne fais rien de bon...

Le plus difficile, c'est qu'on retirait quelque chose de cette relation... Les deux.
Puis autant que la partie rationnelle en moi se dit soulagée, la partie Mini se tortille de douleur et essaie de crier que ça fait mal...
Idées d'automutilation à la tonne... Comme s'il fallait que je sente ma douleur qui reste prise dans ma cage thoracique.
Ça va faire 5 mois que je ne me suis pas automutilée!! Le 11 février. C'est un exploit dont je suis fière... Ma motivation était de pouvoir me remettre un jour en maillot de bain, aller dans un spa. J'étais supposée y aller avec ma coloc la fin de semaine dernière. Au lieu, on a eu la NON brillante idée d'écouter un film d'horreur... Recherche de sensation forte!! J'ai fini toute croche aussi. C'était son idée mais je l'ai suivi en sachant très bien qu'on allait vivre quelque chose de fort chacune dans nos têtes... Comme s'il fallait tout le temps que je me mette en danger... Comme si ça me donnait l'impression d'être en vie parce que je souffre..?!?!?

Je sais que je veux me reprendre en charge... Je me sens en sécurité à quelque part lorsque je sais que je prends les bonnes décisions... De prendre nos distances en est une super importante... Mais ça reste difficile à accepter... Ça me fait de la peine... On avait bâti quelque chose qui donnait l'impression d'être "remplissant" au niveau du manque je sens tout le temps... Ça va faire un vide. Un trou... Encore du néant... Mais il est temps que j'apprenne à le tolérer parce qu'à le remplir de n'importe quoi, je ne suis pas plus heureuse au final...

C'est ça le plus triste, comment est-ce que je vais finir par être heureuse.???
Minijeune
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Je relis mon dernier texte et je pouffe de rire devant l'ambiance dramatique qui en découle...
Comment vais-je finir par être heureuse... Il manque juste les violons et les martyrs et le tour est joué... On est dans une scène de tragédie!!

C'est une question que trop de gens se posent alors que le bonheur est sûrement au bout de leur nez.
On détient le bonheur. Je pense qu'on a tous le pouvoir d'être plus heureux...
Tout part de nos choix, de nos perceptions, de nos cognitions. Un peu de l'environnement, mais surtout de nous... Non?!?

Et si, au fond, j'avais décidé que je ne me battais plus. Si, au fond, j'avais beaucoup plus de contrôle sur ma vie que ce que j'en laisse croire.
Que je vivais un sale quart d'heure et que c'était de ma faute. Oublions l'éducation et les vieilles blessures. Je suis une adulte, je devrais être capable de faire quelque chose de bon de mon quotidien... Quand je me mets en action, ça va bien souvent! Alors qu'est-ce qu'il fait que des fois, je deviens passive et j'attends... J'attends quoi? Que le train passe?? Des fois, je pense que je me teste tellement que ça me met en situation d'échec à l'avance.

Pourquoi toute cette intensité, cette envie maladive de ressentir de l'adrénaline, dépasser les limites...
Comme si ma vie était trop plate, alors qu'elle est en montagnes russes, pas plate du tout...
Je suis comme en colère contre moi en ce moment. Contre mes agissements, contre mes pensées... Ce n'est possiblement pas la voie à suivre non plus... Être en colère contre moi, ce n'est pas prendre soin de moi, c'est de m'en vouloir et de me sentir coupable de comportements ou de réactions que je peux avoir. C'est certain que j'en suis la responsable!!! Mais je pense que je n'ai pas besoin de me taper sur la tête non plus jusqu'à temps qu'elle explose; en même temps que mon coeur.

Quelqu'un de très sage m'a parlé aujourd'hui.
Elle m'a apporté un message d'espoir quand même. Qu'il faut tenir bon, et que je suis capable de tenir bon. Tout est une question de gestion du quotidien. Qu'on se se sort jamais vraiment des "griffes" du côté borderline, ou whatever comment on l'appelle... Mais on peut façonner sa vie de manière à être le mieux possible... Et de s'en sortir en disant que ça va finir par passer.

De l'autre côté, en ce moment, je pense que ce qu'il me fâche le plus, c'est comment j'envie maladivement les patients qui sont à l'hôpital...
C'est comme un secret dans ma tête... J'ai profondément envie de me retrouver là à nouveau, et de vivre toute l'intensité qui en découle... C'est comme si je tombais dans les pièges que j'avais moi-même fabriqué... C'est complètement dingue! Je ne sais pas ce qu'il y a dans ce désir, je ne sais pas ce que je cherche... Mais je suis frustrée lorsque je sais qu'un tel est à l'hôpital, lorsque je lui parle et que j'apprends qu'il y est depuis 6 semaines... Et que moi, ça ne se passera pas comme ça... Je n'irai plus jamais à l'hôpital... Parce que c'est mal pour moi d'y aller... Parce que je vais presque à provoquer les situations pour avoir le droit d'y aller... Comme si c'était une dépendance. Ça me donne envie de prendre la médoc... Qu'on me prenne au sérieux, qu'on pense que j'en ai besoin quand en fait, mon réel besoin serait d'être capable de tolérer la solitude et de tout faire pour prendre soin de moi dans ma vie au quotidien. De me tenir après des objectifs de vie... C'est peut-être ça le problème... Dès que je me demande ce que je veux dans la vie, je me retrouve face à un néant douloureux. Du vide. Je ne sais pas vraiment qui je suis, ce que je veux mais surtout ce que je peux faire... Je ne sais vraiment plus!

Il en reste que je tiens bon et je me force pour ne pas tomber dans les pièges. Du même coup, j'évite les passage à l'acte niaiseux.
Je ne me fais pas mal, je prends ma médication adéquatement... Je ne fais rien de mal... Mais dans ma tête, c'est un réel combat contre moi-même. Je me dis qu'un jour, je vais finir par flancher... La pression provient de moi et d'un besoin de se sentir aimé, et qu'on prenne soin de moi. Jusqu'où je suis prête à aller pour sentir qu'il y a des gens qui sont là pour moi... De me mettre en situation de danger et de me retrouver encore à l'hôpital où on ne prend pas vraiment soin de moi... On fait juste alimenter la partie malsaine dans ma tête... J'ai honte de ce côté là... Et pourtant, la clé s'y trouve... C'est en trouvant un autre moyen de le satisfaire que je risque de m'en sortir, parce que je me dis qu'il va toujours faire parti de moi. Je peux le laisser gagner, je peux le faire perdre... Ou je peux écouter ce qu'il a à me dire... Pour être comme ça, pour vouloir autant que ça à se faire mal ou mettre sa vie en danger, c'est que ça doit souffrir à quelque part... Je ne sais pas...

Pour l'instant, je préfère rester en colère et lui demander de se calmer, le cliver à l'intérieur de moi, le dépersonnaliser pour que je puisse me dire que je suis une bonne personne... Parce que ce côté de moi est un monstre...

Quand je disais que la tête tourne carré et qu'il y a des monstre qui se cachent dans les coins, c'est de ça que je parlais...
Les coins sont dans le noir... Je ne vois pas ce qu'il s'y cache... Mais j'ai peur, j'ai même très peur.
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Jeannette
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Re: Mon baluchon

Message par Jeannette »

Minijeune a écrit : Quand je disais que la tête tourne carré et qu'il y a des monstre qui se cachent dans les coins, c'est de ça que je parlais...
Les carrés sont des cercles vicieux qui ont mal tourné...
Minijeune a écrit : Les coins sont dans le noir... Je ne vois pas ce qu'il s'y cache... Mais j'ai peur, j'ai même très peur.
Quelqu'un m'a dit un jour : il n'y a pas de noir autour de toi. Parce que la lumière est en toi, il te suffit de la laisser rayonner.
J'ajouterai : la meilleure solution de savoir ce qui se cache dans le noir, c'est d'y emmener ta lumière.
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
Minijeune
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Quelqu'un m'a dit un jour : il n'y a pas de noir autour de toi. Parce que la lumière est en toi, il te suffit de la laisser rayonner.
J'ajouterai : la meilleure solution de savoir ce qui se cache dans le noir, c'est d'y emmener ta lumière.
;)

Des fois, je sais que je rayonne de milles feux.
Parfois, j'ai l'impression de voir clair dans mon petit jeu.
Des fois, j'ai le sentiment de je déjoue une partie de moi.
Parfois, c'est elle qui gagne, envers et contre tous.
Je ne sais pas comment, ni pourquoi...
Mais j'ai peur, j'ai la frousse...

J'ai peur de moi, de me détruire et me tuer juste parce qu'une partie de moi n'a jamais évolué au niveau affectif. Ça n'a pas de sens logique quand la raison reprend son souffle et revient au combat contre cette partie de moi qui essaie de me noyer sans cesse... Elle me laisse la tête en dessous de l'eau et teste combien de temps je peux y rester sans me noyer. Pourtant, je ne suis pas morte encore... Je trouve la force et je m'efforce de rester calme et pleine de puissance, pour jouer à ma propre bouée de sauvetage. Avoir deux parties en moi, c'est tellement difficile à gérer... La compétition est féroce, je le sais... Mais il en reste que dans ma vrai vie, je suis persuadée que je ne suis pas obligée de trouver une gagnante... Si je pouvais vivre avec les deux parties en moi et me sentir en paix avec ça, ce serait vraiment bien... Mais je ne suis pas capable...

Des fois, la partie rationnelle qui me ramène sur la grève pense qu'il faut que je fasse mourir l'autre, pour ne plus qu'elle existe...
C'est donc me laisser porter par le courant et revivre sans cesse ce sentiment de noyade... Mais je ne me laisse jamais faire, je suis forte au fond...
Je ne veux pas couler dans les profondeurs, et même si je nage comme une roche dans la vraie vie, dans un dernier souffle d'espoir, je remonte et j'appelle à l'aide. Ça se passe toujours comme ça... Et oui, c'est un cercle qui revient et revient encore... Oui, il a quelque chose de vicieux... Parce qu'il comporte des bénéfices à quelque part. Je ne sais pas comment le dire, c'est vraiment avec beaucoup d'honnêteté que je dis ça... Mais si je ne trouvais rien "qui goûte bon" dans toute cette séquence là qui revient et revient dans ma vie, je ne suis pas conne, je changerais de cercle... Et c'est de là que partent tous les enjeux dans ma vie... Ce qui se cache dans les coins... Je pense que ce sont toutes les raisons, logiques ou non, qui m'amène à réagir de la sorte... C'est ce que je ne suis pas encore capable de décoder. Parce que je ne me comprends pas même si j'essaie tant bien que mal d'expliquer ce qu'il se passe dans ma vie et dans ma tête. J'ai besoin de comprendre, c'en est presque maladif... J'ai besoin d'analyser et de comprendre ce qu'il se passe... Quand au fond, j'aurais peut-être besoin de lâcher la partie rationnelle en moi et juste vivre... Parce que je ne me permets jamais de vivre mes émotions... Tout sort en somatisation ou en crises d'anxiété... C'est là-dessus que je dois mettre la lumière... Sans me faire peur non plus... Commencer à la lueur d'une chandelle!! La lueur d'espoir que j'ai encore dans mon coeur!
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Je suis en train de faire une lecture assez intéressante.
C'est une de mes intervenantes en art thérapie, a qui je faisais extrêmement confiance, qui m'a dit un jour que je devrais lire "Le drame de l'enfant doué" d'Alice Miller. Elle me disait que ça me parlerait, du moins, qu'avec ce qu'elle connaissait de moi, elle pensait que j'allais me reconnaître dans certaines parties du texte.

C'est en attendant mon amie après une séance de thérapie (nos rendez-vous étaient un après l'autre), que je passais du temps dans une librairie. Je suis tombée sur ce livre, il n'était pas dans la bonne section, il était perdu... Et il n'avait même pas de prix dessus... Je l'ai pris dans mes mains, j'ai eu un peu peur qu'il soit trop révélateur, de ce qu'il pouvait m'apprendre sur moi... Puis j'ai décidé de le prendre. J'avais oublié qu'on me l'avait recommandé, je l'ai trouvé et je me suis dit:"Pourquoi pas Mini, tu aimes ça en plus la psycho-pop... Tu es peut-être prête de voir où ça te mènera!"

Ce que j'ai lu m'a impressionné... Je me suis souvent questionnée en quoi est-ce que j'étais devenue intervenante. Pourquoi avais-je choisi de faire mes études dans ce domaine... L'éducation spécialisée et la psychoéducation. Je me connaissais, et je me connais encore tellement peu. Alors pourquoi aller dans un domaine de la relation d'aide. Il faut dire qu'à ce moment de ma vie, quand j'ai fait mon choix, j'étais dans une sur-fonctionnalité et un besoin de sur-performer. J'y ai trouvé ma place, j'ai été tellement curieuse, je voulais aller au fond des choses. J'ai eu des supers bons résultats académiques. Mais au fond, je me suis toujours sentie un peu comme un charlatant. Je me demandais si j'avais le droit d'étudier dans ce domaine. J'avais besoin de comprendre la théorie, parce que j'avais besoin de me comprendre... Savoir pourquoi et comment je m'étais développée comme je suis, et c'est encore plus présent comme questionnement en ce moment, maintenant que je sais que je suis assez vulnérable comme personne... Très résiliente aussi, mais trop malade pour le moment pour pouvoir juste penser à prendre en charge des gens aussi souffrant que moi. Je vis une crise, depuis un an... Une crise existentielle dans laquelle j'essaie de me trouver entre ce que j'ai fait par survie et ce que j'ai fait parce que c'était vraiment moi qui le désirait. Le drame de l'enfant doué... Juste le titre me parle... Enfant, adolescente et même dans ma jeune vie d'adulte, je suis vite reconnue où je passe. J'ai un côté rationnel sur-développé qui cache un monde émotif tellement intense et prisonnier à l'intérieur de mon corps. J'arrive à répondre aux besoins des autres super rapidement... Je cerne ce que les gens attendent de moi et je m'y soumets, comme un caméléon... Mais qui suis-je au fond!??!

J'ai été une enfant à qui on a demandé beaucoup de choses, sûrement beaucoup de responsabilités que je n'aurais pas eu à avoir... Ma place dans la famille se résume à être la mère de ma mère, et du même coup, l'épouse de mon père... Comme si tous les rôles avaient été mélangés. Ma mère est une enfant à l'intérieur d'elle... Elle est tellement insécure, anxieuse. Elle faisait souvent des crises et je me rappelle que très jeune, je lui chantais des chansons pour qu'elle se calme. Mon père lui, me demandait d'être forte et ça se résumait souvent à: va prendre soin de ta mère, toi tu es capable de reprendre sur toi, ta mère non... Pour mon père, je sais que j'étais un petit trésor. Je réussissais dans tout. À l'école, j'étais première de classe, j'étais impliquée socialement, j'étais une joueuse étoile au soccer... Mon père me suivait dans toutes mes réussites, il passait beaucoup de temps avec moi. Très rapidement, un sentiment de compétition s'est bâti entre ma mère et moi. J'étais le bouc émissaire de ma mère, ses crises, c'est moi qui les vivaient au premier plan... Je recevais les pots cassés, que je devais vite réparer pour ne pas que ça paraisse... Le pire dans tout ça c'est que même si je souffrais dans cette dynamique malsaine, c'était asymptomatique. Je fonctionnais, je performais, personne ne se posait des questions sur mon développement... Alors que dans mes sphères sociales et affectives, c'était le chaos... Mais ce n'était pas important, on était obnubilé par mes performances... On s'en remplissait les poches, surtout mes parents, et on s'en vantait, comme si ce que je pouvais faire nourrissait l'âme et l'estime de mes deux parents... Comme si je devais vivre leur vie en plus de la mienne... Mes réussites étaient leurs réussites... J'ai donc compris pourquoi, un jour, cette incompréhension et cette pression m'a amené à vivre des épuisements, mais surtout à me sentir vide.

Un faux-self. Voilà qui je suis à présent... Voilà comment je me suis développée... En donnant à toute personne en autorité sur moi ce qu'elle attend de moi... Qu'on me dise que je suis formidable, qu'on me dise que j'ai du génie... Mais pour moi, il n'y a rien de gratifiant, rien de nourrissant... Je ne sens rien, parce que ce n'est ni moi, et ni pour moi que je fais tout ça, mais bien parce que ça l'a été mon mécanisme de survie #1... Sans mes performances dans tous les domaines, je ne sais pas ce que je serais devenue. Puis là, je vais avoir 26 ans... Et je ne sais plus ce que je veux vraiment pour moi ou si je ne fais pas encore juste ce que j'ai toujours fait...

Je vis un énorme vide intérieur, qui devrait me guider. Si ça ne me fait pas vibrer, c'est que ce n'est pas pour moi que je le fais... Mais il y a toujours une fonction à tout comportement... Pour moi, je passe de la fille grandiose, à la fille dépressive... Tout le temps, ce sont mes montagnes russes... C'est de ça que je parle lorsque je parle de la différence entre Faire et Être. Je peux faire plein de chose juste pour plaire et vivre une valorisation extérieure, mais qui ne dure jamais bien longtemps... Je porte tout au bout de mes bras. Je montre à tout le monde comment je suis bonne et douée... Puis paff, ça ne tient plus la route et je tombe dans un néant tellement souffrant que les seuls moyens de m'en sortir c'est en détruisant une partie de moi... Rien de ça n'est positif. Le pire c'est lorsque je déçois ou que j'inquiète, comme avec mon trouble de personnalité limite et les phases noirs, d'idées suicidaires et d'automutilation... Je sens la souffrance des autres, qui ne m'appartient pas, dans leur peur au niveau de mes comportements... Mais je cherche à apaiser, à montrer que ce n'est pas si pire, alors qu'en dedans, c'est tellement souffrant que la mort devient souvent une option que je considère sérieusement. J'ai besoin de tuer cette partie de moi qui cherche à répondre aux besoins des autres, parce que c'est comme une des seules choses que je suis capable de faire... C'est juste que c'est pathologique!!

Et si je me permettais de dire que j'avais été abusée psychiquement... Que j'avais servi à mes parents de poule pondeuse de réussite pour qu'ils se sentent compétents alors qu'ils ont totalement passé à côté de ce que j'avais vraiment besoin pour me développer socioaffectivement. Je n'ai aucune sécurité intérieure... J'ai toujours l'impression que mon monde va s'écrouler si je ne suis pas à la hauteur... Et j'ai été capable d'être à la hauteur... Mais pour qui, pas pour moi en tout cas... Et maintenant, lorsque je me demande ce que je veux pour moi... J'en ai aucune idée... Mon identité, ce n'est pas ce que j'ai été capable d'accomplir comme exploits. Ça fait parti de moi, mais ce n'est pas qui je suis identitairement parlant... J'ai besoin de créer, j'ai besoin d'exposer ce dans quoi je me sens prise... Je pense que je suis une artiste à l'intérieur de moi. J'ai besoin, tant besoin, de passer par les arts pour montrer qui je suis... Du moins, le peu que je connais de moi... Et le pire de tout, c'est que ce n'était même pas accepté chez moi le côté artistique... Ce n'était pas assez rationnel. Je n'avais pas le droit de danser... De faire des arts à l'école, parce que je devais faire les sciences pour m'ouvrir toutes les portes au niveau académique... Je suis devenue une éducatrice spécialisée... J'ai travaillé pendant 4 ans, sans me poser trop de question mais sans jamais me sentir vraiment à ma place... Sans encore une fois que je ressente une valorisation intérieure... J'étais bonne pour calmer les crises... Je l'avais tellement fait auprès de ma famille... Je voyais les crises arriver de loin...

C'est lorsque j'ai commencé à faire des crises puisque ce n'était plus ok... Parce que je n'étais plus bien... Quand j'ai compris que mon développement m'avait amené vers un trouble de la personnalité et que je n'étais pas capable de me projeter dans le futur, car toutes les choses les plus importantes dans ma vie n'étaient pas accessibles... Avoir un copain... Fonder une famille un jour. Avoir une vie sociale et extérieur qui a du bon sens. Avoir une vie professionnelle stimulante... J'ai comme tout perdu en même temps... Parce que la grandeur et le génie théorique cache de grandes souffrances... Il a sa raison d'être logique quand on pense à mes phases développementales... Mais il ne me représente pas... Qui je suis... J'ai besoin de créer pour me retrouver! Et donc aller à l'encontre de ce que ma famille pense... C'est un détachement qu'ils ne sont pas capable de vivre, car sans moi, comment se remplissent-ils au niveau de leur estime ou de leur narcissisme... Puis si j'ai le malheur de leur faire sentir ça, viennent les reproches et les rejets, que je n'ai jamais été capable de tolérer...

Quand est-ce que je pourrai faire le deuil des parents que je n'ai jamais eu....Je pense sincèrement que ce sera le point tournant de ma vie... Même s'ils ne comprennent pas tout, et qu'ils pensent qu'ils ont été les meilleurs parents du monde car superficiellement, c'est vrai que ma soeur et moi avons bien "évoluées" au niveau scolaire... Et dans notre société de performance, on dirait que c'est juste ça qui est important... Alors que pour moi, ça ne l'est pas du tout... Mes parents étaient trop centrés sur leurs propres besoins. Ils en étaient aveuglés et n'ont pas pu voir ma détresse... C'est simplement aujourd'hui, dans mes crises TPL, dans mes envies de mourir, qu'ils se demandent ce qu'ils auraient pu faire... Je suis encore le symptôme d'une famille dysfonctionnelle qui a semblé, au contraire, super fonctionnelle en apparence!!

Sur ces mots, je vais aller faire dodo
Minijeune
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Re: Mon baluchon

Message par Minijeune »

Je sens que je vais exploser.

Habituellement, c'est dans ma tête, ça va trop vite, mes idées vont trop loin, je sens que je perds le contrôle... Puis j'essaie de me retenir par tous les moyens imaginables de ne pas faire des crises... Des fois je réussis, et des fois non.

Là, c'est dans mon corps que ça se passe.
J'ai l'impression que mon corps sanglote. Je ne sais pas comment l'expliquer mais j'ai des spasmes dans mon corps à travers mes inspirations et mes expirations. Je me force pour être le plus calme possible. J'ai essayé la relaxation, les respirations abdominales... Ça ne part pas... Comme si mon cœur allait exploser et que j'allais pleurer ma vie. Mais il y a une grande retenue, à quelque part... Un grillage, un mur de brique plutôt, parce que rien ne passe... Je sens mes émotions s'y percuter. Je sens que le mur s'affaibli. Je ne sais pas si je suis assez forte pour juste laisser aller ce flot d'émotions. Ça va sortir en crise d'anxiété... Ça risque d'être laid... C'est intense dans mon corps, mais une intensité que je ne connais pas , pas comme ça.

Pourquoi est-ce que ça me fait si peur que ça...
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