Prise de conscience

[Miris]

Bonjour,

Je suis inscrite sur ce forum depuis quelques jours maintenant, et j'ai passé beaucoup de temps à vous lire, ce qui m'aide déjà beaucoup.
J'ai commencé une thérapie il y a maintenant presque 18 mois pour enfin parler de ce qui c'était passé quand j'étais enfant. Dans l'ensemble j'ai une belle vie et je suis plutôt heureuse, j'ai un toit sur la tête, un mari aimant, un job très stimulant et intéressant, des amis... Je ne vois plus mes parents, mais c'est mieux comme ça.
J'ai eu pas mal de soucis il y a quelques années plusieurs TS, anorexie, sentiment d'être complètement vide et ''morte'' à l'intérieur, heureusement j'ai la chance d'avoir un bon pilote automatique qui m'a toujours protégé et m'a empêché de sombrer. Après plusieurs années de déménagements tous les 6 à 12 mois pour le boulot, je suis maintenant posée et je vie enfin avec mon mari. C'est pourquoi je me suis dit qu'il était temps de prendre le problème à bras le corps et de me lancer dans une thérapie avec un psychiatre qui ne prescrit pas de médicament (recommandé par mon médecin, je n'aurai pas eu le courage de faire les recherches par moi même), même si je suis bien incapable de dire qu'elle méthode il utilise, le principal c'est que ça marche.
La thérapie m'apporte beaucoup et en même temps me met mal, souvent plus mal qu'avant que je ne commence. Heureusement je demande régulièrement des pauses pour reprendre des forces et là ça va encore mieux qu'avant que je ne commence, donc j'en conclu que c'est positif, et je me rend compte tous les jours des avancées que je fait. Le souci c'est ces montagnes russes qui sont difficiles à supporter, j'avoue être parfois terrifiée par la remontée de ce côté sombre qui est si bien dissimulé en temps normal. La violence de mes cauchemars me fais peur, même si je suis souvent rassurée de trouver des réponses dans le ''dictionnaire'' qui se trouve sur le site. Rien que le fait de comprendre un peu mieux me rassure. J'ai parfois la nostalgie du temps où tout était encore bien enfoui, même si dans le même temps je me dit que si j'en suis là c'est que je l'ai décidé, que je pensais que c'était mieux pour moi, alors il n'est pas question de faire demi tour maintenant.
Bref, je ne suis pas vraiment perdue, je pense savoir où je vais, et je suis bien accompagnée dans la vie comme dans la thérapie, mais je suis aussi terrifiée par cette prise de conscience qui certain jours m'empêche de fonctionner ''normalement''.

J'aimerai donc savoir si certain(e-s) d'entre vous ont aussi vécu ça.

Merci à ceux qui auront pris le temps de lire jusqu'au bout.

[Miris]

La prise de conscience fait tellement mal, comment accepter que ce que j'ai vécu a des conséquences sur la vie que j'essaye de construire maintenant. Comment vivre avec cette douleur sourde au fond de moi, certains jours comme aujourd'hui elle est tellement présente qu'il est difficile de se concentrer sur autre chose. Je sais pertinement qu'il faut être patiente et que la solution se trouve dans la thérapie que je sui, mais en attendant il faut bien vivre...

[Azadeh]

Si tu trouves la réponse, je pense que beaucoup de personnes seraient preneuses.
Je n'ai pas de réponse. Hormis que je crois que la souffrance est nécessaire, qu'elle est justement ce que nous avions enfermé en nous toutes ces années et qu'il faut bien laisser sortir à un moment ou à un autre.

[Miris]

Je te remercie pour ta réponse, effectivement c'était une question stupide et je me doute bien qu'il n'y a pas de solution miracle. J'espère un jour trouver un truc qui me permettrait de ne plus avoir le moral en dent de scie. En attendant il faut bien vivre chaque jour et tenter d'apprivoiser cette douleur.
Merci encore

[Minijeune]

Bonjour Miris,

J'avais simplement envie de t'écrire que tu n'es pas seule.
Bien que parfois, on a l'impression qu'on est les seules dans notre situation, on ne l'est jamais... Et pour ma part, de voir que je ne suis pas seule, bien ça me donne espoir.
Ça brise l'isolement on dirait.

Pour ma part, lorsque je sens que la souffrance remonte avec les souvenirs, et que je deviens une montagne russe au niveau des émotions, des pensées... Tout ça mêlé à une agitation, une fébrilité... Donc, quand je sens monter les signes précurseurs à un moment difficile... J'essaie de faire des choses qui me font du bien.

J'ai compris avec le temps qu'on devait se donner des moments pour faire face à la souffrance, mais qu'on ne peut pas être dans notre mémoire traumatique tout le temps!!
C'est trop difficile, et notre bon cerveau n'est pas capable de le gérer...
Il faut donc se donner des moments de pause, et des moments où on se dit qu'on peut tolérer la souffrance, mais surtout l'accepter, et l'aimer... Dans le sens que c'est en aimant, à mon avis, et en prenant soin, comme un bon parent intérieur, qu'on va réussir à calmer notre petite fille blessée qui souffre en dedans.

Ceci dit, c'est bien beau... Même moi j'ai de la difficulté à appliquer tout ça...
C'est un long processus...
Mais à chaque fois que je me sens vraiment pas bien, et que j'arrive à faire quelque chose pour me sortir la tête de cette souffrance là, je me sens très fière de moi, et satisfaite.

J'espère que ça pourra t'aider un peu

[enora]

Bonjour Miris,
J'avais vu une vidéo de Thich Nhat Hanh , un moine bouddhiste vietnamien qui parlait très bien de quelle manière accepter la souffrance car elle est inhérente à la vie. Alors certes on peut s'anesthésier par de multiples moyens, mais si on apprend pas a concilier avec elle, plus violente elle sera le jour où la crise arrive. Alors lui disait qu'on pouvait la considérer comme un petit bébé, quand il pleure, il réclame de l'attention, l'éviter et le fuir ne le fera pas taire. Par contre on peut bercer sa souffrance comme on berce un bébé. Ce qui équivaut à se bercer soi même en acceptant ses pleurs.
Avec le temps les montagnes russes ne deviennent plus aussi abruptes, et bientôt le rythme de ta vie se transforme en paysage de collines, parce que tu aura appris à bercer ta souffrance quand elle survient.

[Miris]

Bonjour Minijeune et Enora,
Merci de vos réponses, effectivement savoir qu'on est pas seule et donc pas si folle que ça, m'aide. J'essaie de me dire que c'est un mauvais moment à passer, et que donc ça passera, comme tout le reste. J'ai passé tellement d'année a fuir cette douleur, que la prendre en compte est extrémement difficile. Même si quelque part je suis consciente que la ressentir est un chemin vers le mieux être. Pour le moment, chaque jour suffit sa peine. Je suis pourtant encore terrifiée de l'ampleur de ce que je découvre au fond de moi (violence, douleurs, noirceur...) qu'il est très dur de garder confiance dans la décision de faire cette thérapie et de de garder le cap. Une partie de moi est convaicu que c'est la bonne solution, l'autre a trop peur que le rpix a payer soit trop élevé et d'y laisser mon équilibre qui même s'il était bancal m'a permis d'avancer jusque là.
En tout cas, merci de vos réponses.

[Azadeh]

Le prix n'est jamais trop dur à payer tant la "récompense" est belle.

Comme je l'expliquais à une amie dernièrement, l'alpinisme est une bonne représentation de ce que tu vis actuellement.
Le chemin est dur à monter. Surtout avec le manque d'oxygène en altitude. On a la sensation de ne jamais en voir le bout. On se dit que jamais on ne réussira à marcher aussi longtemps. Parfois on trébuche, on glisse et on tombe sur le glacier. Mais on se relève et on continue. On voudrait s'arrêter et redescendre, ou trouver un ascenseur. Mais on regarde le sommet et on continue.
Et paradoxalement, les rares fois où le chemin descend pour suivre le relief sont reposants mais également désespérants car tout ce que l'on descend doit être remonté ensuite...
Et puis on arrive au sommet. Et plus rien n'existe. Que la beauté du point de vue. La joie de l'avoir fait. La rencontre d'un équilibre parfait, à mi chemin entre la Terre et le Ciel.

Ton inconscient te protège. Il est ton meilleur ami. Jamais il ne te laissera découvrir en toi une souffrance que tu ne serais pas capable de supporter. Fais-lui confiance. Et sois heureuse de te rapprocher du sommet.

[Miris]

Bonjour,
J'aime beaucoup ton image de l'alpinisme, je la garde dans un coin de ma tête! Et je continue d'avancer.
Merci.

[Miris]

Bonjour,
On est jeudi et comme tous les jeudi en sortant de chez le psy, la douleur réapparait, cependant j'ai fait une belle avancée alors pour reprendre l'image d'Azadeh, je commence a voir le sommet, il est très loin et j'espère ne pas être victime d'un mirage, mais bon je continue l'ascension.
Merci de vos messages de soutient, ça aide.