J'héberge un ex en dépression... et ce n'est plus possible...

[kadan75]

Bonjour à toutes et à tous,

Je viens de m'inscrire ici car j'en arrive vraiment à chercher désespérément de l'aide pour mettre fin
à la situation dans laquelle je suis enfermé depuis trop longtemps... Je le poste ici même si en fait
il pourrait être posté à la fois un peu partout parce-que c'est autant une histoire d'ex-couple que de
problème psy d'adulte. Enfin bref, je vous souhaite une bonne lecture car ça va être long !

Comme l'indique le titre j'héberge quelqu'un depuis un an et demi. Et je n'en peux plus...
Je vais essayer d'en dire le maximum sans trop en dire sur les choses qui le
concernent lui mais c'est quelqu'un qui est au chômage, qui n'a aucun revenu et que j'ai voulu aider en
l'hébergeant. Donc déjà dès le début, je faisais pas mal d'efforts... j'ai mis de côté mon intimité et
je faisais déjà ce que je pouvais financièrement pour pas trop descendre dans le rouge. Mais au moins
à cette époque, il m'aidait un peu en cuisinant, en faisant certaines tâches ménagères et puis on
sortait, on avait des activités, etc. Et puis au bout d'un moment, tout a changé. Il ne sortait plus,
il n'avait plus envie de moi (de sexe tout court en fait, mais la façon de le dire n'était pas cool),
on ne faisait plus rien ensemble. Mais il avait l'air d'aller très bien donc je continuais bêtement
tous mes efforts voire plus, j'ai littéralement eu le sentiment de lui dévouer ma vie. A force, j'ai
même fini par ne plus voir mes amis, ne plus sortir. Je restais enfermé avec lui et je passais du temps
avec lui. A l'époque, ça ne me gênait pas plus que ça parce-qu'on s'entendait encore bien, etc. Et puis
je me disais que si je continuais à avoir autant d'activités extérieures qu'avant sachant que lui n'en
avait absolument plus aucune, on ne se verrait plus quoi... je pensais peut-être que c'était temporaire,
un petit coup de déprime passager, il continuait à chercher du boulot donc voilà... et plusieurs mois
après ça, ça a été la descente aux enfers. Il a commencé à aller vraiment mal, il ne sortait plus du lit,
il pleurait souvent... je continuais mes efforts quotidiens, du mieux que je pouvais, mais depuis le temps,
je commençais déjà à fatiguer... c'est là que c'est paru évident que ce n'était pas une petite déprime
mais probablement une dépression. Mais les mots étaient compliqués à dire et à admettre. Alors je me suis
renseigné comme j'ai pu sur ça et j'ai pris sur moi et j'ai essayé de l'aider, en le forçant à se lever
quand je rentrais du boulot, à lui faire à manger, etc. Mais la vérité, c'est que j'étais déjà tellement
fatigué de tous les efforts que j'avais fait, de tout ce que j'avais donné, de cette intimité et liberté
que j'avais sacrifié... rajouter ça en plus, je crois que je ne pouvais tout simplement pas le gérer. Et
avec le temps, au fond de moi, j'avais déjà commencé à faire le deuil de notre couple. Comme on ne faisait
plus rien ensemble, qu'on avait plus de complicité, plus grand-chose en fait depuis déjà un bon moment, je
suis passé par pas mal de questionnements, de doutes, etc.

Finalement au bout d'un moment, arriva ce qui devait arriver, j'ai mis fin à notre couple. De la pire façon
qui soit d'ailleurs. Moi qui justement voulait le faire correctement, je n'y arrivais pas. Et j'ai profité
d'une perche qu'il m'avait (volontairement ?) tendue pour lui annoncer. Evidemment, ça a été très difficile.
Je rajoutais une couche supplémentaire à son état et je m'en voulais mais je passais déjà tellement de temps
à y réfléchir, à y penser, limite je n'arrivais plus à me concentrer sur mon travail donc il était temps de
faire quelque chose. Bref, passer quelques jours où vous pouvez imaginer sa réaction, il a fini par accepter
la chose et à comprendre. Peut-être qu'il s'en doutait déjà et il a fini par me dire que c'était normal
parce-qu'au final, ça ne changeait rien à notre situation actuelle, à comment on se comportait l'un envers
l'autre, que c'était peut-être déjà terminé depuis plus longtemps.

On en arrive enfin au problème qui me concerne, je ne pensais pas décrire autant ce qui s'est passé avant
mais j'imagine que c'est important pour avoir une réponse juste (si je n'ai lâché personne avant la fin)

Normalement qui dit rupture dit séparation notamment physique. Le souci, c'est que vu sa situation, je me
refusais à le mettre dehors et il n'avait aucune autre solution de secours. Pas vraiment d'amis ici, pas
de famille vers laquelle se retourner, pas de travail / argent et une situation personnelle qui fait qu'il
ne pouvait de toute façon pas trouver un boulot pour le moment... Malgré tout, je lui avais dit que je
continuais à l'héberger le temps qu'il trouve un autre endroit où aller. Sauf que progressivement, ça s'est
transformé en "je l'héberge" tout court ou du moins pour lui ça s'est transformé en "il m'hébergera jusqu'à
ce que j'aille mieux > que je retrouve un boulot > que j'ai de l'argent > que je cherche un appart > que je
déménage" et comme d'habitude, je n'ai rien dit.

C'est un peu mon problème à moi, ça. De base, je suis quelqu'un de très (trop) gentil mais en plus, je ne sais
pas dire non, je n'arrive pas à m'imposer et je n'aime pas les conflits. Donc je préfère me taire et laisser
les choses se faire, quitte à accepter des choses que personne n'accepterait, plutôt que d'avoir les discussions
nécessaires.

Résultat des courses, aujourd'hui, on entame le sixième mois depuis la rupture soit un an et demi
presque depuis que je l'ai accueilli chez moi. Je suis au bord de la crise de nerfs, je ne peux plus continuer
à subir tout ça (d'autant plus qu'il est d'une humeur globalement massacrante, qu'il passe son temps à se
plaindre... et maintenant avec tout ce qui s'est passé, on se parle quasiment plus sauf pour s'engueuler),
à l'héberger, lui acheter à manger et j'en passe sans rien dire. Je ne rêve plus que d'une
chose : c'est qu'il s'en aille et que je puisse retrouver ma vie, mon intimité, que je puisse penser à mon
avenir. Moi qui voudrait lancer une activité et travailler de chez moi, impossible tant qu'il est là,
impossible tant que je ne peux plus remettre un minimum d'argent de côté. Je rêve de partir en vacances,
de tout oublier, de... je ne sais pas, j'en peux juste plus quoi ! J'ai posé mes congés au mois d'août et je
compte bien que ces vacances soient de vraies vacances, soit je partirai, soit je resterai chez moi mais si
je reste chez moi, impossible qu'il soit là, ce sera in-con-ce-vable.

Du coup, la situation est devenue telle que régulièrement des discussions (houleuses) s'engagent et ça empire.
On s'engueule, des vérités sortent et malgré ça, il reste. Et malgré ça, je ne le mets pas dehors et j'encaisse.
Sauf que je ne peux plus encaisser. Et si ça continue, à situations extrêmes, je prendrai des décisions extrêmes.
Mais là encore c'est compliqué car même quand pendant une discussion où le ton monte, je le préviens que je
vais le mettre à la porte, il s'imagine dehors et commence à faire une crise d'angoisse. Il me menace de se
suicider "pour avoir sa mort sur la conscience" ou de se venger pour tout le mal que je lui fais.

Tout le monde me conseille de me débarasser de lui (terme que je n'aime pas), même mes propres parents sont prêts
à venir m'aider à le sortir de chez moi. Je suis totalement dépassé par les évènements, je ne sais plus quoi faire.
C'est moi qui vais finir en dépression à force, si ce n'est pas déjà en cours car j'ai de plus en plus de mal à me
lever le matin, même un truc insignifiant finit par m'agacer...

Le pire dans tout ça, et c'est aussi pour ça que la situation empire, c'est qu'il dit que tout est de ma faute.
Que je l'ai laissé couler, que j'aurais du lui parler après son agression et que je n'ai rien fait. Comme si
c'était évident pour tout le monde ! Même au niveau de la nourriture que je lui achète, ça ne lui convient plus.
"ce n'est pas comme ça que je vais maigrir et aller mieux" ose t-il dire. Je crois qu'il est totalement
déconnecté de la réalité et de la vie. Il en oublie totalement que je l'héberge gracieusement et que je n'ai
aucune obligation à faire tout ce que je fais et je me suis bien rendu compte d'ailleurs que si ça n'est pas
déjà fini depuis le temps, c'est uniquement parce-que je n'ai pas osé le mettre dehors, parce-qu'il me fait
culpabiliser. Tout m'énerve de plus en plus car je ne peux plus l'aider, je ne VEUX plus l'aider suite à tout
ce qu'il m'a dit mais bien sûr je ne vais pas le laisser mourir de faim. Mais du coup, l'aider m'insupporte
car je prends ça comme une faiblesse de ma part. Je commence à me dire que je suis un pigeon voire même un
paillasson sur lequel il s'essuie quand il veut. D'autant plus que j'ai fini par me rendre compte qu'il pense
vraiment être chez lui alors qu'absolument pas. Je vais vraiment finir par penser que je me fais manipuler.
Il m'a même dit qu'il allait demander à quelqu'un de lui apporter un lit d'appoint pliable parce-qu'il n'arrive
plus à dormir sur le canapé ! Vous trouvez ça normal, vous ? Si les conditions d'hébergement ne lui
conviennent pas, il n'a qu'à changer d'hébergement plutôt que de chercher à le modifier selon ses besoins
et ses goûts ! La prochaine étape, c'est quoi ? Faire venir une table de nuit et repeinnre les murs du salon ??

Bref, je m'emporte... je ne sais même pas pourquoi j'écris tout ça, je vais même peut-être l'effacer.
Ou peut-être que j'ai besoin d'avis extérieurs ou de propositions de solutions. Bref, je n'en sais rien mais
ça doit s'arrêter, d'une façon ou d'une autre. Même si ça doit mal se terminer, tant pis ça se terminera
mal mais je dois retrouver ma vie. Et quand ça sera fait, j'irai direct voire un psy pour apprendre à dire
non, pour ne plus m'enfermer dans des situations inextricables comme ça qui me vampirise et foute ma vie
en l'air. Comme on dit, le temps passe vite et je perds du temps... (ce qui fait que tout ça m'énerve encore
plus d'ailleurs !)

Merci de m'avoir lu si vous êtes arrivés jusqu'ici sans encombre...

[Jeannette]

Qu'est-ce que tu attends pour les prendre, ces décisions extrêmes ?
Mets-le dehors avant que ce ne soit lui qui ne te fasse partir...

[Jeannette]

D'autant que plus tu t'occupes de lui, moins il a de raisons de se prendre en main... Vois la situation de son côté : logé, nourri, blanchi, ... Le seul inconvénient, ce sont quelques engueulades. La belle vie, quoi !

[kadan75]

Bonjour Jeanette,

Qu'est-ce que j'attends ? Et bien... tu vois le problème, c'est que s'il avait d'autres solutions, je l'aurais déjà mis dehors illico-presto... mais là il n'a rien : si je le mets dehors, ça fera un SDF de plus et en dépression en plus. Rien que le fait d'avoir suggéré l'idée que je pouvais le mettre dehors si ça continuait, il m'a fait une crise d'angoisse, ça m'a fait peur. Je ne crois pas non plus que ce soit de la comédie ou alors il est très doué depuis longtemps... Après, tu me diras, ce n'est peut-être pas une raison pour m'empêcher de faire ce que je veux et me sortir de cette situation, il ne va pas rester enchaîné à ma vie jusqu'à ce qu'il décide de partir ou qu'il arrive à s'en sortir...

Et là c'est devenu très compliqué dans ma tête car évidemment, il est hors de question que je le laisse mourir de faim donc je vais continuer à lui acheter un peu de nourriture, etc. Mais du coup ça m'énerve tellement ! D'un côté, on s'est dit tellement de choses et on en est arrivé à un tel stade que j'ai juste plus envie de l'aider et qu'il se débrouille et d'un autre côté, si j'arrête tout mais que je n'arrive pas à le mettre dehors, je ne vais pas non plus le laisser mourir de faim, quoi.

(Merci de m'avoir répondu, au moins je me dis que je ne suis pas fou et que ce n'est pas moi qui fait pas les choses qu'il faut ou quoi)

[Raphaelle]

Bonjour Jeannette et bonjour Kadan

Vous devriez aller voir tout les deux une assistante social.
L'assistance social peut s'occuper de l’hébergement, mais Jeannette a raison, un type comme ça peut nuire a une personne, y a plein de chose, les resto du cœur, la croix rouge, le secours catholique, les aides, les assistances social, moi ce que je te conseillerais, c'est d'attendre les psychologues si elle passe par la parce que ton cas est bien lourd et je pense que ce garçon en profite bien un peu beaucoup même, pendant que toi tu souffre, tu devrais en parler a une psychologue, déjà ne serais-ce que pour ton moral et après voir, une fois que ton moral ira mieux, peut être que tu arrivera a faire le reste, je sais que de dire non c'est très dur, mais pourtant si tu dit non il va rien t'arriver, ça va te faire mal au début, tu vas regretter pleuré etc .. mais après tu te sentira délivré d'un poids lourd, que cette personne ne sera plus chez toi pour en profitais, il te manipule et il profite de la situation, si encore il est pas pervers, on ne peut pas s'occuper d'une personne toute seule sans qu'il est de travaille ni rien, on peut pas, essaye d'aller voir une personne, une psychologue ou une assistante social déjà pour parler de tout ça, elles aides beaucoup en cas de détresse, surtout pour les personnes qui ont pas de logement et j’espère que les psychologues du forum vont passé, en tout cas courage Kadan, courage a toi

Bonne journée
Raphaëlle

[kadan75]

Bonjour Raphaëlle,

Merci pour ton message, ça fait vraiment plaisir.

Je me sens déjà "un peu" moins lourd depuis que certaines choses ont été dites la semaine dernière mais bon, ça ne résout en aucun le problème que ce soit pour lui ou pour moi. J'ai même - au contraire - l'impression que ça m'éloigne encore plus de la sortie... Je me suis senti soulagé sur le coup quand certains mots sont sortis mais au final, j'ai l'impression d'être tout autant voire encore plus prisonnier de sa situation. Il m'a donné le sentiment de ne pas vouloir partir (pouvoir ET vouloir en fait ce qui change la donne...) et même de croire qu'il était chez lui ("de toute façon tu ne peux pas me mettre dehors, je vis ici") et le fait de savoir que je m'étais renseigné sur ce point, sur mes droits (et les siens - enfin ceux qu'il n'a pas en fait), ça l'a bien énervé...

Je n'ai jamais voulu accepter l'éventualité qu'il me manipulait ou qu'il profitait de moi, même si on me l'a souvent répété... mais à force, je commence à me demander si ce n'est pas vrai. Je sais que de toute façon j'aurai forcément la solution extrême de le mettre dehors, même mes parents sont prêts à venir chez moi et m'aider à y arriver (même si je préférerais éviter cela pour avoir au moins la satisfaction d'avoir résolu le problème moi-même et de m'en être sorti tout seul) mais comme un con, je crois encore qu'il est possible que ça se termine bien pour tout le monde. (Quelle bonne poire je fais ?)

[Jeannette]

Et c'est peut être au contraire une fois confronté à la vie dans la rue qu'il recevra l'électro-choc nécessaire pour réagir enfin...
En t'occupant de lui, tu lui voles la responsabilité de sa propre vie. C'est "confortable" pour lui, mais c'est aussi très destructeur. Pour lui et pour toi.
Tu connais le principe des secouristes : ce n'est qu'en étant soi-même en bonne santé physique et mentale que l'on peut espérer aider les autres.
Alors prends soin de toi, laisse-le prendre soin de lui, et les choses s'arrangeront peut être. Alors que, apparemment, la solution actuelle ne fait que les aggraver.

[kadan75]

Il a déjà été confronté à la rue et il s'en était sorti. Mais le problème n'est pas tant la rue, parce-qu'il m'a avoué plusieurs fois qu'il préférerait encore y retourner plutôt que de rester enfermé chez moi plus longtemps. Non, le problème qu'il a, c'est que suite à son agression il y a un an, il a peur des gens et ne sort plus de l'appartement. Les rares fois où il est sorti, c'est de nuit pour faire une courte balade dans le quartier en espérant ne croiser personne sur le trottoir. Donc même s'il a envie d'aller n'importe où plutôt que chez moi, il ne peut pas le faire. D'où sa crise d'angoisse quand je lui ai suggéré de le mettre à la porte.

PS : du coup je me rends compte que j'ai juste mentionné son agression dans mon premier message parce-qu'à la base je voulais raconter les choses chronologiquement telle que je les avais vécues et j'ai oublié d'ajouter que ce n'est qu'après notre rupture qu'il m'a avoué que son enfermement et donc sa dépression venait (entre autres) de cette agression.

[Jeannette]

Il te donne la réponse lui-même : "il préférerait encore y retourner plutôt que de rester enfermé chez moi plus longtemps. "

Attention à ne pas tomber dans le piège de la dette :
il te doit reconnaissance parce que tu l'as hébergé, et il se sent "coincé" à devoir "accepter" ton assistance,
tu lui dois un hébergement parce que c'est un ex dont tu te sens responsable,

chacun en veut à l'autre, ça tourne à la bagarre, mais personne ne fait rien pour que cela bouge...

La seule solution est que l'un des deux, éventuellement moyennant "appel à un ami", casse ce cercle vicieux.

[kadan75]

Je me suis sans doute enfermé moi-même dans un cercle vicieux parallèle au sien et au final, les choses n'avancent pour personne. Et je suis le seul capable de sortir de sa boucle et de fait, de sortir l'autre de la sienne.

Mais du coup, je ne sais pas comment je vais faire car là on a atteint un stade où le dialogue (entre guillemets) est rompu et il a décidé de ne plus accepter mon aide (même s'il reste malgré tout chez moi et mange ce que je lui achète...)

En plus c'est énervant car une partie de moi a quand même envie de l'aider mais une autre partie de moi qui prend de plus en plus de place a juste envie de tout arrêter mais ce n'est pas en le laissant se démerder que je m'en sortirais... du coup ça va devenir quoi ? De l'aide hypocrite ? :/