Dépendance à la psy

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Lenalou
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Dépendance à la psy

Message par Lenalou »

Bonjour toutes, tous,

Je viens écrire ici aujourd'hui parce que je me sens dans une impasse. Il y a cinq ans, j'ai rencontré une psychologue parce que je m'étais attachée à une enseignante de mon établissement où je faisais mes études. Ce n'était ni ma prof ni une amie pour autant, je la voyais souvent mais c'est quelqu'un qui change souvent d'humeur et c'était assez déroutant pour moi, j'essayais de comprendre pourquoi je m'étais attachée à elle alors qu'elle n'avait rien d'idéal et qu'on n'était pas si proches que ça. Ça a fini par me prendre littéralement la tête, je ne voyais ni une mère en elle ni une amie, c'était plutôt comme si elle avait quelque chose à m'apprendre, quelque chose que je ne saisissais pas. Alors j'ai commencé à ruminer de plus en plus et à faire des insomnies donc j'ai fini par rencontrer une psychologue pour m'aider à y voir plus clair.

Dès que j'ai entendu la voix de la psychologue au téléphone, après en avoir appelé plusieurs, j'ai su que c'était elle. Je l'ai vue quelques mois avant de partir faire mes études dans une autre ville, un peu moins d'un an. Là bas je déprimais et je dormais mal, alors je suis revenue faire mon stage de fin d'études et commencer à travailler dans la ville où j'avais rencontré la psy et je l'ai revue pendant un peu plus d'un an avant de déménager de nouveau pour habiter avec mon ex. Cette première thérapie s'est très bien passée de mon côté, j'étais prête à arrêter pour partie faire ma vie même si j'étais consciente que tout n'était pas réglé.

J'ai eu ensuite un accident de voiture, le troisième accident de ma vie dans lequel je me suis retrouvée face à la mort et là j'ai décompensé. Le cœur qui bat à mille à l'heure en permanence, des crises d'angoisse terribles, les cauchemars, les sursauts etc, "bref", le syndrome de stress post traumatique. Ça a duré quatre mois pendant lesquels je ne pouvais quasiment plus bouger de mon lit, épuisée. J'ai donc consulté au CMP de la ville où j'habitais et j'ai revu la psy, je faisais presque 3h de trajet en tout pour 30min de rdv mais j'avais besoin de voir quelqu'un en qui j'avais confiance. Un jour elle m'a donnée son adresse mail, peut-être parce que j'habitais loin. Je ne l'ai pas utilisée tout de suite, je savais que ce n'était pas une bonne idée me connaissant.

J'ai recommencé à travailler, à revivre, je pensais que tout cela était derrière moi mais ça n'a pas duré longtemps. J'ai tenu quatre mois au boulot avant que ma maladie auto immune fasse surface et que je ne puisse plus du tout travailler dans mon domaine. En plus je commençais à sérieusement m'ennuyer dans ce travail et les ruminations avaient refait surface aussi.
Comme j'avais commencé une licence de psychologie après mon bac et que je n'ai jamais cessé de m'y intéresser, j'ai replongé dans la théorie, dans les bouquins, dans la psychanalyse surtout. Et j'ai renforcé mes ruminations et mes pensées en boucle à essayer de comprendre.

À ce moment là j'ai commencé à envoyer des mails à la psy, entre les séances, puis juste après, de plus en plus. Des sms aussi... Au début elle y répondait à chaque fois, juste une phrase, parfois deux mots mais ça me rassurait de savoir qu'elle était là. Sauf que ce n'était jamais suffisant pour moi, j'en souffrais beaucoup, j'avais très peur de devenir dépendante d'elle, j'attendais de recevoir sa réponse avant de pouvoir m'endormir. Ensuite elle y répondait plus tard, le matin et là je ne pouvais plus dormir, comme si la nuit la faisait disparaître dans le silence et l'obscurité. J'ai essayé de voir quelqu'un d'autre parce que je sentais que j'allais déraper et m'enfoncer dans une dépression avec ça mais je n'ai pas tenu plus de quelques semaines, en plus l'autre psy que j'avais été voir n'étais pas fiable donc je suis retournée vers la psychologue.

Aujourd’hui j'en suis venue à avoir de grosses insomnies depuis un an, je suis épuisée et je ne peux plus travailler. Je n'ai plus de ressources non plus. J'ai vu une psychiatre qui m'a diagnostiqué de nouveau le stress post traumatique et elle m'a parlé d'"état limite", elle m'a dit de faire un dossier à la MDPH et elle m'a dit qu'il ne fallait pas que je compte sur le fait de travailler et d'avoir une vie "normale". Elle m'a aussi dit qu'il est important que j'aie un suivi psychologique, ce avec quoi je suis d'accord.

Le problème c'est que je suis devenue tellement dépendante de la psy que je me détruit avec cette dépendance, j'utilise la thérapie pour m'enfoncer de plus en plus dans mes ruminations et essayer de comprendre en vain. Je résiste complètement, certes, mais ça va au-delà de ça. J'en suis venue à avoir extrêmement envie de mourir il y a deux semaines tellement cette dépendance m'épuise et ne me laisse voir aucune solution. Ce n'est pas tant la psy qui me manque à chaque fois, même si la séparation est compliquée chez moi, c'est le fait d'attendre une solution à ce schmilblick, d'essayer de comprendre, d'attendre qu'elle me donne la clef (une belle illusion).

Alors voilà, c'est très long, je suis désolée d'avance, mais je ne vois pas comment me sortir de là, de ce transfert massif et de cette dépendance. J'irais bien au CMP voir quelqu'un d'autre parce que je n'ai plus d'argent pour voir quelqu'un en libéral malheureusement mais je n'ai plus confiance du tout, je n'ai plus confiance en moi. Ça me tuerait de reproduire ça encore une fois avec quelqu'un d'autre et rien que le fait de ne plus voir la psy actuelle, c'est comme l'idée d'arrêter le tabac, ça me rend dingue.

Bon, sans juger la psy parce qu'elle a certainement fait quelques erreurs mais c'est humain et on ne peut pas être objectifs surtout que je suis quand même visiblement compliquée et hyper ambivalente, il est clair que je ne peux pas continuer comme ça avec elle.

Je voulais savoir si c'est déjà arrivé à d'autres personnes et si vous avez réussi à vous sortir de cette dépendance avec le même thérapeute ou s'il a fallu changer et si ça vous a aidés ?

Bonne journée et merci d'avance de m'avoir lue.
L.
Dubreuil
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Re: Dépendance à la psy

Message par Dubreuil »

Il me semble que vous ne vous êtes pas dirigée vers la bonne technique thérapeutique.
Si vous êtes une personne consciencieuse qui avez besoin d'aller au bout des choses et des raisonnements, ce n'est pas une thérapie individuelle qui vous convienne, ********* car votre côté critique a tendance à tout " obsessionaliser " ( !
******** A part la thérapie EMDR qui est une technique de gestion des traumatismes psychiques, sans pour cela s'intéresser à l'inconscient.
De plus, vous lancer dans des études de psycho ne va pas arranger vos affaires quand vous apprendrez les pathologies psychiques. Soyez très vigilante !

Donc, vous devriez vous diriger vers 2 techniques très distinctes :
- Soit vous suivez une technique psycho-corporelle, EN GROUPE, basée sur l'art thérapie où vous pourrez choisir des techniques " émotionnelles " qui ne feront pas appel à votre intelligence intellectuelle, mais à la prise de conscience de votre corps et de ses émotions subjectives : danse expressive, musicothérapie, peinture, sculpture, etc... suivies toujours de débats entre les participants.
- Soit vous participez à UNE THERAPIE DE GROUPE, et d'évolution personnelle, basée sur le théâtre, les jeux de rôles, les débats sur thèmes, comme la PNL, le Psychodrame de Moréno ( regardez le détail de ces 2 thérapies sur internet.) De plus, ces techniques peuvent aussi devenir pour vous des stages qualifiants vous préparant à devenir thérapeute dans cette discipline.
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Lenalou
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Re: Dépendance à la psy

Message par Lenalou »

Bonjour,

Je vous remercie de votre réponse rapide. Effectivement, je suis plutôt axée sur l'art et j'aurais beaucoup aimé faire une thérapie de groupe ou artistique mais ici soit c'est très cher pour l'art thérapie soit il n'y a pas de thérapies de groupes... C'est très limité dans mon secteur.

Je me suis inscrite dans une association de psychanalyse, pour le moment le fait de travailler en groupe et d'avoir des cours théoriques me permet d'ouvrir ma pensée et de faire cesser les ruminations mais ce n'est évidemment pas suffisant, une fois par mois. C'est un domaine qui me passionne donc je ne voudrais pas lâcher ça, je pense m'orienter dans la recherche à la fin des études. La recherche me permet d'écrire, de créer quelque chose de concret à l'inverse de ma pensée qui ne mène à rien.

Mon problème maintenant c'est comment lâcher la psy qui elle reste "toujours disponible", je n'arrive pas à mettre fin à cette thérapie, je le fais puis je la relance tout le temps.
Dubreuil
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Re: Dépendance à la psy

Message par Dubreuil »

[quote="Dubreuil"]Mon problème maintenant c'est comment lâcher la psy qui elle reste "toujours disponible", je n'arrive pas à mettre fin à cette thérapie, je le fais puis je la relance tout le temps.

*** Tout d'abord, c'est à votre psy, d'être RIGOUREUSE dans son approche du transfert.
Selon VOS PROPOS ( cela n'engage que vous ) elle ne semble pas du tout maîtriser le processus thérapeutique du contre-transfert, et peut ainsi vous mettre ainsi en danger psychique. Vous devriez lui en parler en ces termes.
Et si vous êtes REELLEMENT en thérapie, et que vous souhaitez parler ici de votre problématique… le travail thérapeutique entrepris avec un psy demande que le patient s'attache à ce qui s'est dit et ce que le thérapeute lui a renvoyé.
Etre tenté d'aller exposer sa problématique sur un forum risque d'émousser la qualité de la thérapie, de noyer justement le processus de compréhension. La multiplicité des réponses éloigne la réponse de la personne elle-même.
L'éthique d'un thérapeute demande ainsi de respecter la qualité du travail effectué par son confrère et de respecter son patient, en ajoutant rien de plus de ce qu'il appréhende, afin de ne pas perturber le lien avec des réponses " arrivant trop vite ", parce que pas encore réfléchies.
Le risque des propositions d'interprétation psy sur le net, c'est de dépasser l'entendement du patient et nuire à son propre cheminement, qui lui est indispensable pour justement se dégager de sa souffrance et de ses problèmes.

D'autre part :
*** Que diriez-vous à une amie qui aurait ce problème d'attachement transferentiel ?
*** Et que feriez-vous si cette psy était votre mère ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Lenalou
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Re: Dépendance à la psy

Message par Lenalou »

Merci, ça mérite d'être clair et je crois que j'avais besoin de le ré-entendre. Je l'ai bousculée plusieurs fois en lui disant que ça dérapait et pour d'autres raisons j'ai évoqué le contre-transfert qui selon moi posait problème à un moment donné. Mais j'ai bien vu que j'avais poussé le bouchon trop loin et que ça ne changeait rien alors j'ai fini par avoir l'impression de faire son travail et le mien en même temps, de toujours rester vigilante sauf que ce n'est pas possible et que je voulais quand même garder confiance. Elle fait des erreurs, ce qui arrive mais mis bout à bout ça fait trop et je me disais aussi que j'interprète et je n'avais pas envie de donner l'impression de lui apprendre son travail, j'ai bien vu que c'était blessant de remettre son identité en question.

Je respecte le paragraphe sur le forum etc. Je ne peux plus vraiment dire que je suis encore en thérapie, je me sens plutôt dans une impasse de dépendance insoutenable. Je respecte aussi la psy, c'est juste qu'il y a une relation négative qui a pris la place de la relation thérapeutique.

Haha, merci pour ces dernières questions, je vais y réfléchir... Ça me permet de prendre le recul que je n'arrive plus à prendre moi-même. (je rigole parce que je le faisais avant mais je n'arrive plus toute seule)
Lenalou
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Re: Dépendance à la psy

Message par Lenalou »

Si c'était une amie, je lui dirais de fuir et je lui conseillerais un psychanalyste expérimenté avec un cadre plus rigide ou le CMP, comme ça y'a une équipe et plusieurs interlocuteurs. Ou l'art thérapie, d'accord, mais financièrement c'est compliqué.

Si c'était ma mère, c'est bien ça le problème. Je pensais avoir réglé cette question-là mais pas totalement en fait. Je lui dirais d'aller voir où je pense et quelques temps après je la rappellerai. Comme avec la psy. Satané clivage. J'ai besoin d'elle mais elle n'est pas "suffisamment bonne", pourtant je continue à espérer qu'elle le soit. Du coup je finirais par couper les ponts comme je l'ai fait avec ma mère pendant dix ans. Je répète, ça se répète...

Et puis si c'était vraiment ma mère, je la secouerais pour qu'elle travaille plus sérieusement avec son superviseur au lieu de répondre aux messages de ses patients à n'importe quelle heure et je lui ferais un câlin pour l'avoir un peu trop secouée...

D'accord, je m'en vais travailler mon transfert maternel (toute seule du coup) et essayer de faire le deuil de cette psy (que j'apprécie quand même, c'est difficile de lui en vouloir) en mangeant du chocolat...

En fait je le sais, je le sais je le sais que je dois mettre fin à cette relation/thérapie/dépendance toxique pour moi mais il ne suffit pas de savoir que le tabac est mauvais pour arrêter de fumer ou de prendre conscience pour stopper la jouissance.
Dubreuil
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Re: Dépendance à la psy

Message par Dubreuil »

En fait je le sais, je le sais je le sais que je dois mettre fin à cette relation/thérapie/dépendance toxique pour moi mais il ne suffit pas de savoir que le tabac est mauvais pour arrêter de fumer ou de prendre conscience pour stopper la jouissance.
*** Ben si, c'est comme quand on décide d'arrêter de fumer des joints… Quand on est en sevrage, au début c'est très dur, ou c'est de suite, net et tranché, ou on se donne le droit d'un substitut...

Bon, sans juger la psy parce qu'elle a certainement fait quelques erreurs mais c'est humain et on ne peut pas être objectifs surtout que je suis quand même visiblement compliquée et hyper ambivalente
*** Un psy est formé à la neutralité. Sinon, ce n'est pas un psy.
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Dubreuil
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Re: Dépendance à la psy

Message par Dubreuil »

Exemple :

Elle ( la psy ) explique lentement :
- Je prends en charge votre souffrance, je mets en réalité ce que vous ne pouvez nommer, et qui doit être formulé. Pour vous, je reconnais votre douleur et je la parle. Je la parle pour qu'elle sorte de vous, pour que vous l'entendiez hors de vous. Cette parole est trop lourde pour vous, il vous semble qu'elle est si violente dans sa souffrance et sa haine, qu'à travers vous elle détruit l'autre.
Il ( le patient ) rassemble son souffle, force sa voix :
- Oui.
Elle se met devant lui :
- Mais vous ne me faites aucun mal, je suis vivante et nous sommes unis, parce que séparés.
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Dubreuil
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Re: Dépendance à la psy

Message par Dubreuil »

( suite dans un autre chapitre )

Le patient :
- En séance, qu'est-ce qui se passe dans l’esprit du thérapeute quand il est agressé verbalement ?
La psy :
- Il continue à repérer ses propres réactions et sentiments pour éviter de perturber le travail de son patient. Il reste en disposition d’écoute et de neutralité pour être en mesure de ressentir des affects, visualiser des images, prononcer des paroles qui ne sont pas les siennes, mais en lien avec le ressenti, les fantasmes, ou les pensées irreprésentables du patient.
Le patient :
- Irreprésentables, parce que le patient ne peut pas se les représenter en mots ou en images, tellement ça été violent.
La psy
- Oui.
Le patient :
- C’est pour ça que vous m’avez dit que nous étions unis parce que séparés. Sans en être atteinte vous pouvez dire et traduire à ma place les images et les mots terribles que j’ai en moi.
La psy :
- Tenter de dire, ou de traduire. Et vous le proposer.
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Lenalou
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Re: Dépendance à la psy

Message par Lenalou »

Bon, le temps du sevrage. Je vais prendre mon mal en patience, manger du chocolat, lire, dessiner et j'ai décidé d'aller voir quelqu'un d'autre parce que toute seule ça va être compliqué. J'en dors déjà plus.

"Plus qu'à" trouver un psy plus solide...

Merci beaucoup.
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